Grosso merdo, sur le Front Ouest & en Italie, le Panzer IV satisfera pleinement à sa tache, jusqu'à la fin du conflit. C'est sur le Front Est, à partir de l'automne 1943, avec la mise en service des premiers T-34/85, et l'apparition des JS, à la fin de l'hiver 43/44, qu'il va révéler ses faiblesses. Il avait, également, des qualités intrinsèques non négligeables, car il était plus fiable et exigeait des entretiens périodiques plus simples et moins fréquents que le Panther - on pouvait, selon les nécessités, "sauter", avec un Panzer IV, un entretien programmé, avec un Panther, on flirtait, tout de suite, avec le risque. En 1945, le Panzer IV affichait, certes, ses dix ans d'âge, n'empêche que 20 ans plus tard, on le retrouvera engagé par l'armée syrienne face à Tsahal.
L'une des faiblesses du Panzer IV était la largeur de son train de chenilles, 40 cm hors tout, mais 38 cm de surface d'appui, dans la gadoue de la Raspoutitsa et les nombreux terrains meubles du territoire russe. Les premiers lots de Ostketten (largeur de l'ordre de 55 cm), réservées au seul front Est, ne seront distribués qu'en mai 1944, mais, l'air de rien, elles représentaient 650 kg de plus à entrainer par le barbotin!
L'industrie militaire allemande, malgré tous ses efforts, ne parviendra pas à remplacer totalement le Panzer IV par le Panther - c'était, pourtant, à l'origine, l'intention des militaires -, mais ce n'est pas l'unique résultat de son incapacité "industrielle" - même si elle a existé -; l'Allemagne a combattu, dès 1941, sur deux fronts et, en 1944, trois, voire quatre si on inclut les Balkans - je vous l'accorde, elle l'avait bien cherché! -; en plus, ses usines seront bombardées de manière intensive, dès fin 1943 et, même, si les ratio de pertes de blindés sont, encore, largement en sa faveur, jusqu'à la fin 1943, les pertes sont lourdes et le seul remplacement des véhicule détruits bouffe une grande partie des fournitures de nouveaux matériels, d'autant que leurs capacités de production ne peuvent pas rivaliser avec celles des américains & russes, au passage, à l'abri des raids de bombardiers.
On passe, bien souvent, un peu vite sur l'importance des Pz. IV L/70, mais l'appoint des 1250 "Panther du Pôvre", armés du 7,5 cm de 70 calibres, mis en service à partir de l'été 1944 avait été loin d'être négligeable. Oui, je sais...Beurk, ils n'avaient pas de tourelle! Sauf que çà, c'est une analyse faussée par les "habitudes" actuelles, qui n'ont plus vu le moindre blindés de combat sans tourelle mis en service depuis la fin des années 60 - époque où les suédois avaient conçu, pour leur propres besoins, un véhicule bien foutu, le Stridsvagn (S) 103 - . Quand on voit les cartons qu'avaient réalisés les StuGe, on constate que l'absence de tourelle n'est pas, nécessairement, un handicap, quand la tactique d'emploi - celle établie par la Sturmartillerie - est bien adaptée.
... Une nouvelle génération arrive, plus lourde, plus compacte, avec les M-26, Centurion et T-54.
Il s'agit, là, de productions de "temps de paix" ou, à la rigueur, de "Guerre Froide" ; les quantités mensuelles produites & les effectifs mis en service n'avaient plus rien à voir avec des conditions de guerre totale, telles qu'elles existaient durant la Seconde Guerre Mondiale. De nos jours, en l'absence de conflit majeur, on calcule la durée de vie d'un blindé en dizaines d'années; en 1940-1945, un char qui fêtait son premier anniversaire, sans avoir fait un tour par l'atelier pour réparer des dégâts subis au combat, était l'exception. Bon nombre étaient rayés du service actif, dès leur premier jour d'engagement.