thucydide a écrit:Ce qui représente un gros effort de production, il faut non seulement produire plus de pak, pour protéger au mieux les divisions d'infanterie, objectif qui ne sera jamais atteint, mais il faut aussi produire pour remplacer les pertes au combat et tout autant pour remplacer les pièces usagées.
Même si ici une question se pose sur la survie des pièces sur chars ou sur canons d'assaut et les pièces tractées de pak.
Ces dernières dés qu'un engagement tourne mal elles sont perdues, il est difficile de les atteler pour fuir le champs de bataille.
Dans la Heer, toutes les pièces antichars avaient été conçues pour être remorquées par un tracteur; c'était la spécificité des unités de Panzerjäger, qui, appartenant, toutes, aux Schnelle Truppen, étaient sensées être motorisées.
Le 3,7 cm Pak , avec ses 450 kg, avait , également, été prévu pour le halage à la bricole; quand le tracteur brillait par son absence et que trajet à parcourir était trop long pour le tracter à la bricole, on pouvait , toujours, l'atteler derrière un bourrin, comme ci-dessous.
Le 5 cm Pak 38 pesait une tonne, mais il avait, quand même, été prévu de le déplacer, sur de petites distances, à la bricole, ne serait-ce que pour sa mise en batterie... d'où la présence de la roue, qui venait s'installer à la jonction des deux flèches repliées. Avec des bricoles, la pièce était sensée être "tractée" le canon sur l'arrière, la roue du "tricycle" sur l'avant, avec deux servants (ou plus), qui poussaient, en s'appuyant sur le bouclier.
Mise en batterie d'un 5 cm Pak 38, "à la main", çà commence à devenir compliqué...mais, bon!
Désensablage, en AFN, d'un Pak 38
Avec le 7,5 cm Pak 40, de 1500 kg, on oublie tout déplacement conséquent "à la mimine". Sur le cliché, ci-après, il s'agit d'un exercice, effectué par des Panzerjäger de la HJ, au cours duquel le tracteur (italien) a été, volontairement, "embourbé", pour leur faire découvrir le plaisir de manœuvrer la pièce à la bricole (on identifie la sangle en cuir (de la bricole) dans le dos du pinpin de droite)
Au passage, manoeuvre à la bricole d'un Pak 97/38 (installation du canon (français) de 75 mm Modèle 1897 modifié, sur l'affût du Pak 38 - 2 lots de 1000 pièces de 75 mm seront modifiés en Pak 97/38)
Cà deviendra, totalement, impossible, avec les 4500 kg du 8,8 cm Pak 43, que ce soit dans sa version à deux essieux... (allégée ou non!)
ou dans sa version sur simple essieu avec flèches, Pak 43/41, aimablement surnommé "porte de grange", par ses servants, tellement il était "chiant" à bouger à la main!
C'est ce genre de problème qui disqualifiera, d'emblée, le 12,8 cm Pak 44, avec ses 10 tonnes (!) et les 20 minutes nécessaires pour sa mise en batterie et, bien évidemment, autant pour l'en dégager!
Ci-dessous, le prototype Krupp...
Après ce petit tour des Pak, il faut, aussi, s'intéresser à leurs conditions de mise en œuvre.
Cà, par exemple, c'est très sympa pour le photographe ou le maquettiste, mais, dans les faits, çà mériterait des coups de pied au cul aux servants de ce 3,7 cm Pak , parce que, juste en-dessous, il doit y avoir une cuve à essence vide mais remplie de vapeurs (de même que le corps de la pompe à main!). Mais il est vraisemblable qu'il n'y avait plus, alors, un seul blindé français à moins de 200 bornes!
Cà, c'est, déjà, beaucoup mieux, compte-tenu des performances du 7,5 Pak 40... angle de rue, filet de camouflage pour casser la silhouette, visibilité importante (à vue de nez, vu la platitude du paysage, on doit pouvoir tabler, largement, sur 1000 m). On devrait pouvoir dézinguer plusieurs "ennemis", avant de devoir dégager, d'autant que, en général, le premier blindé qui se faisait allumer, calmait sérieusement les ardeurs de ses petits camarades - chez les américains, on ne discutait pas, on téléphonait, tout de suite, à l'artillerie, pour qu'elle arrose le terrain, quand ce n'était pas à l'aviation! -
Là, on est, quasiment, dans les conditions d'emploi idéales...
Avec le 3,7 cm Pak, on opérait à 500 m, au grand maximum, bien souvent moins (dur-dur pour les nerfs!). Avec le 5 cm Pak 38, on était passé à la distance supérieure, 500-800 m, voire 1000 m, car il n'y avait pas que des T-34, chez Ivan.
Le Pak 40, lui, était, largement, efficace entre 1000 et 1500 m, voire plus selon le copain d'en face.
Le Pak 43 pouvait allumer, sans problème, un blindé, à 2000 m et plus.
Contrairement à un canon de char, la pièce antichar tractée ou automotrice travaille à poste fixe, donc, une disposition beaucoup mieux adaptée pour régler la visée.
Si on plaçait, suivant le cas, une ou deux pièces dans l'axe probable de progression adverse, elles étaient, généralement, déployées pour prendre l'adversaire en enfilade ou défilade - les flancs et le cul des blindés étant plus vulnérables que le blindage frontal -. La discrétion de la position était, également, essentielle; il est difficile de localiser une pièce bien planquée, qui n'ouvre le feu que lorsqu'il est trop tard pour "l'audacieux" qui se hasarde dans son champ de tir. Les servants de pièces antichars tractées effectuaient un boulot à "très hauts risques" mais, quand il sentaient qu'il était grand temps de se casser, ils n'hésitaient pas à abandonner leur pièce, car former une bonne équipe expérimentée de "tueurs de chars" coûtait beaucoup plus cher que leur pièce.
Ci-dessous, une position de tir "idéale", en rase-campagne, pour un Pak, selon le "Manuel"! La pièce est semi-enterrée, dans une fosse, et les servants doivent creuser deux tranchées, pour s'abriter, de part et de d'autre du pas de tir, tandis que le rab de munitions est enterré, à bonne distance, sur leurs arrières.
D'où la mise en service, dès le printemps 1940, par la plupart des belligérants, de solutions antichars mobiles, canons portés, automoteurs, qui permettaient aux servants de dégager rapidement avant d'en prendre plein la tronche.