En décembre 1943, à la satisfaction non dissimulée de certains, Ferdinand Porsche avait cédé son fauteuil de président de la Panzerkommission, à Stiele von Heydekampf, lui-même, dirigeant de Henschel ! Néanmoins, il n’hésitera pas, le 20 avril 1944, à faire bloquer sur son wagon, le prototype du Jagdtiger à train de roulement Henschel, pour favoriser la présentation de son propre exemplaire au Führer!
Sur le papier, les avantages du train de roulement Porsche étaient incontestables. Alors que le train de roulement « Henschel » était à barres de torsion transversales et roues de route à chevauchement, le modèle Porsche était constitué de barres de torsion longitudinales intégrées dans des boggies à deux roues de routes décalées. La configuration à barres de torsion transversales prévoyait 9 trains de double roues de 800mm de diamètre de chaque côté, tandis que le train Porsche ne nécessitait que quatre boggies à deux roues de 700mm, de part et d’autre. Cette disposition améliorait la garde au sol de 10cm, augmentait le volume disponible dans l’habitacle, réduisait le poids de 2680kg, le temps de montage de 450h et le montant de la facture, de la bagatelle de 404 000 Reichsmark, nonobstant un entretien simplifié! Les avantages de la solution étaient tellement évidents qu’il avait été décidé d’équiper les véhicules de série du train de roulement à boggies Porsche. Le premier prototype – châssis N° 305 001 – était, donc, sorti avec un train de roulement Porsche.
Dans sa grande sagesse et, probablement, à la lumière d’expériences passées
, le département Wa Prüf 6 (In 6 - Panzer) avait maintenu l'assemblage d'un prototype Ja-Ti à trains de roulement Henschel (châssis N° 305 002). Bien lui en avait pris, car, aux essais, la suspension Porsche s'avérera une source d'emmerdement maximum et la production de Ja-Ti "Porsche" se limitera à dix châssis (N° 305003 à 305012).
Pour être tout à fait honnête, une fois, les barbotins "retravaillés " au chalumeau, le train de roulement "bricolé" à Kummersdorf - toutes ces modifs avaient été reprises sur la chaine d'assemblage de Nibelungen Werke -, et moyennant une vigilance particulière et un doigté plus pointu de leurs conducteurs, les Ja-Ti à suspension Porsche s'étaient avérés aussi "fiables" que les modèles Henschel, le train de roulement du véhicule restant, de toute manière, quelque soit son type, un point sensible, en raison du poids du véhicule (72 tonnes), de la puissance relativement limité de son moteur, etc.