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Les fusilles de La Maltiere

Répondant à l'appel du Général de Gaulle, des milliers de combattants français se lèvent en Europe et en Afrique. Retrouvez ici la 1ère DFL, la 2ème DB, les FAFL, FNFL... Mais aussi celles et ceux qui ont résisté à l'occupant en entrant dans la clandestinité pour rejoindre le maquis ou les groupes de résistants.
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Les fusilles de La Maltiere

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 29 Jan 2006, 07:20

Bonjour,

Avant la deuxième Guerre Mondiale, le lieu-dit «la Maltière » était un terrain militaire qui servait à entreposer des munitions. Dans ce terrain, un stand de tir (Le Polygone) avait été aménagé, où les recrues cantonnées à la Caserne Foch à Rennes allaient s’entraîner.
En 1940, après l’arrivée des Allemands, tous les bâtiments et casernes militaires furent occupés et utilisés. C’est ainsi que le stand de tir situé à la Maltière fut le lieu d’exécution de résistants.

Les premiers actes de Résistance :
1941 est une année décisive pour la Résistance en France. L'entrée en guerre de l'URSS, en juin, suivie de celle des USA, en décembre, favorisent le développement des Groupes et des Réseaux. Les actions de propagande, les sabotages et les attentats contre l'occupant se multiplient, provoquant une répression de plus en plus violente.
En Ille et Vilaine, à l'orée de l’été 1941, la Résistance commence à s'organiser par petits groupes et devient, au fil des mois, plus offensive en matière de propagande (réalisation et diffusion de tracts et de journaux clandestins), de renseignements et de sabotages.
De petits groupes armés, dont les membres sont présentés comme des "terroristes" par les Allemands, programment une série d'opérations sur l'ensemble du département, au cours de l'année 1942. Ces actions visent à obliger l'occupant maintenir des troupes sur l'ensemble du territoire en entretenant un fort climat d'insécurité ainsi qu'à développer la lutte armée.
En mars 1942, deux attentats à l'explosif sont perpétrés contre les bureaux du Rassemblement National Populaire et ceux du Parti Franciste à Rennes. Un mois plus tard, le 19 avril 1942, une grenade est lancée au théâtre municipal de Rennes lors d'une conférence du Leader du Parti Populaire Français, Jacques Doriot. Le bureau d'embauche pour l'Allemagne, le bureau de la Légion des Volontaires Français et différentes maisons occupées par des allemands sont, à leur tour, visés dans les mois qui suivent.
A ces attentats s'ajoutent plusieurs actions de sabotage : câbles téléphoniques et électriques sectionnés, pylônes et lignes à haute tension dynamités. La réaction de l'occupant est immédiate. Perquisitions et interrogatoires se multiplient. Plusieurs arrestations interviennent au cours du printemps et de l'été, jusqu'au vaste coup de filet du 22 septembre 42 qui permet l'arrestation d'une cinquantaine de suspects.

Un semblant de procès
30 d'entre eux, membres, pour la plupart, de mouvements de Résistance communistes, sont officiellement inculpés et comparaissent devant le tribunal militaire allemand en décembre 1942.
Le procès s’ouvre le 15 décembre au Palais de Justice de Rennes, devant le tribunal militaire allemand. Celui-ci, composé d'officiers allemands, est présidé par un magistrat ayant le titre de conseiller de guerre.
La défense des inculpés est assurée par trois avocats français assistés d’un professeur d’allemand faisant office de traducteur. Outre les attentats à l'explosif, notamment contre les locaux des principaux partis collaborationnistes (Parti Franciste, RNP, LVF) et la tentative d’assassinat contre le dirigeant du PPF Jacques Doriot, plusieurs actes de sabotage et vols d’explosifs leur sont reprochés. Ce sont au total 17 chefs d’accusation auxquels s’ajoute une liste d’attentats préparés, mais non exécutés en raison des arrestations.
Les avocats, durant leurs plaidoiries, tentent de contester certains des arguments juridiques de l’accusation. Ils refusent, concernant les accusés, la qualification de " groupe franc-tireur " et demandent, en conséquence, à ce que les peines infligées soient graduées selon le degré de responsabilité de chaque inculpé.
Ils rappellent que " les faits d’activité en faveur de l’ennemi " selon le code pénal allemand, ne sont passibles de la peine de mort que dans le cas entraînant des suites graves pour l’armée allemande. Or, les attentats et les sabotages n’ont causé aucune victime et les dégâts matériels sont légers, la peine ne se justifie donc pas.

Le verdict
L’OUEST-ECLAIR du 26/27 décembre 1942 titre :
" 25 terroristes condamnés à mort par le Tribunal militaire allemand de Rennes "
Le verdict, annoncé le 22 décembre 1942, ne tient aucun compte de ces arguments. La peine capitale est prononcée á l'encontre de 25 des inculpés.
Le président justifie ainsi un verdict si lourd : "Les peines qui sont prononcées serviront á la population française, puisqu'elles éviteront á l'avenir de nouveaux attentats... Le tribunal est certain qu'il trouvera la compréhension chez les Français raisonnables."
La condamnation á mort des inculpés, suivie quelques jours plus tard du rejet des demandes de recours en grâce, provoque, á l'inverse, une très vive émotion au sein de la population civile. L'Archevêque, Mgr Roques, et le Maire de Rennes, François Château, interviennent personnellement auprès de la Feldkommandantur de Rennes pour obtenir la grâce des condamnés. Sans succès. Le jugement devient exécutoire le 29 décembre.
Le matin du 30 décembre, deux camions cellulaires emmènent les 25 condamnés, détenus á la prison Jacques Cartier, au stand de tir de la Maltière, á Saint-Jacques de la Lande.
Ils y sont exécutés, par groupe de trois, entre 9H15 et 10H20.
Les Allemands enterrent sommairement les suppliciés, le jour même, au cimetière de Saint-Jacques-de-la-Lande.
Les jours suivants, malgré les interdictions, des fleurs sont déposées sur les tombes par la population rennaise et jacquolandine.
En janvier 1945, des obsèques solennelles sont organisées á Rennes. Une chapelle ardente, installée dans la salle des pas perdus du Palais de Justice, accueille les corps des suppliciés. La population assiste nombreuse á cet hommage.
Les corps de 14 des 25 Résistants, fusillés á la Maltière, sont transférés au "Carré des Fusillés" du cimetière de l'est. Les 11 autres sont inhumés dans leur ville natale.
Source : Service Départemental d’Ille et Vilaine de l’ONAC, 8 Contour St Aubin, BP 70337, 35103 RENNES Cedex, via Roger Lenevette.

Cordialement
Daniel


 

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