Post Numéro: 25 de roty georges 25 Jan 2006, 22:15
Comme je vous l’ai déjà dit, je suis né le 7/04/1942. Mon père à fait la campagne des 18 jours avec son unité du 2ème chasseur à pied de Charleroi qui faisait partie, en mai 1940, de la 5e division d’infanterie. Comme beaucoup de ses compagnons, lors de la capitulation de la Belgique, il est devenu prisonnier de guerre et détenu au stalag IV A, ensuite au stalag IV B.
En Allemagne, il a eu un peu de chance. En effet, les autorités allemandes ont décidé de libérer les prisonniers de langue flamande, mais le convoi que les allemands avaient prévu à cet effet n’étant pas rempli, ils décidèrent donc d’organiser un examen de néerlandais pour les prisonniers francophones. Ayant réussi cet examen, mon père pu rentrer à la maison en mars 1941.
Nous demeurions à proximité de la gare de Fleurus, mais dès le début de la guerre, pour des raisons de sécurité, mes parents décidèrent de quitter la ville pour loger chez mon grand père maternel qui demeurait Heppignies, un petit village entre Fleurus et Ransart, beaucoup moins exposé aux bombardements.
Pour ma part, mes souvenirs sont toujours bien présents. Je me souviens que mon grand-père, qui faisait partie de la résistance, écoutait radio Londres dans une petite pièce de sa maison qui donnait sur une prairie, fin août 1944, une chenillette allemande vint stationner dans la prairie juste devant la fenêtre, cela n’empêcha pas mon grand-père d’écouter la radio, au grand dam de sa famille. Etant fossoyeur, il profitait aussi de son métier pour cacher dans des caveaux armes, explosifs, même un émetteur radio, que des membres de la résistance lui avaient confiés. Il était aussi en rapport avec un certain commandant, mais il n’a jamais dévoilé son identité.
Je me souviens également, que tout le village avait sorti des drapeaux alliés, et nous étions sortis pour voir passé les troupes américaines sur la route entre Ransart et Fleurus. Les Américains passaient aussi sur la route de Charleroi-Bruxelles. Quand nous sommes rentrés au village, à notre grande surprise, les Allemands y étaient encore. Ils essayaient de fuir mais ils étaient encerclés et donc très agressifs, soudain, une voiture transportant un groupe de résistants armés arrive dans le village, ils sont une dizaine, ils discutent entre eux pour attaquer les allemands qui, entre temps, se sont retranchés dans un petit bosquet situé sur la route entre Mellet et Fleurus. Ils ne sont pas tous d’accord, une partie d’entre eux voudrait attendre les blindés d’avant –garde des américains qui ne sauraient tarder. Enfin ils décident d’y aller, hélas, juste armés de leurs armes légères, ils se sont fait hacher sur place par les allemands qui leurs opposèrent une forte résistance. Lors de l’arrivée de nos libérateurs, on ne retrouva plus que les corps sans vies de nos malheureux résistants. On peut voir désormais un petit monument érigé par la commune à la mémoire de ces braves.
Après la libération, nous sommes rentrés à Fleurus, ce qui m’a marqué le plus, c’est les femmes qui avaient collaboré avec l’ennemi, et étaient tondues en pleine rue. Je me souviens également des vagues de bombardiers qui volait vers le front et vers l’Allemagne. Ensuite un GI venait à la maison, il courtisait la sœur de maman, c’était le sergent Hoecks Romain, puis il a été rappelé avec son unité pour le front, et depuis, personne dans ma famille n’a plus eu de nouvelles de lui. Ce qui me rappelle les privations de la guerre, c’est que j’ai vu ma première orange en 1947, et je n’ai pas voulu la manger car je ne savais pas ce que c’était.
Voilà en quelques lignes les faits qui m’ont le plus marqués, comme j’étais assez jeune, je ne me rappelle pas autre chose, c’est tout ce dont je me souviens de cette triste période.
Georges Roty.
PS merci a mon fils gerard pour son aide