Bonsoir,
Je n’ignore pas que ce sujet à déjà fait l’objet d’autres fils sur ce forum, seulement un petit rappel ne peut faire du mal et surtout votre avis est le bienvenu
L'action psychologique se manifesta spontanément, en Belgique comme dans les autres pays occupés, par la presse clandestine, merveilleuse éclosion qui reprit les traditions de ‘’La Libre Belgique’’ de la guerre de 1914-1918.
A l'origine, il s'agissait de feuilles dactylographiées et recopiées, glissées sous la porte des maisons à la faveur de l'obscurité ou abandonnées dans les lieux publics, sur les bancs d'un parc ou la table d'un café. La plume et la machine à écrire sont les premières armes qui contribueront à créer et à stimuler la Résistance. A titre d'exemple, lisons l'appel, reproduit en une cinquantaine d'exemplaires par Jean Dustin, ancien de la Première Guerre mondiale, homme vibrant de patriotisme.
Pour le 11 novembre 1940, Dustin demande aux Belges de montrer à l'oppresseur que la communauté nationale est dans l'âme de chacun et qu'ils fassent de cette journée, la fête de la Résistance. Dustin dactylographiera seul et distribuera sa feuille dans le quartier où il demeure.
Par centaines, dans le pays et dans les pays occupés, d'autres patriotes agiront comme lui.
Aux stencils du début succéderont bientôt de véritables journaux, remarquablement présentés. Au cours de l'occupation, paraîtront d’innombrables périodiques clandestins, français, flamands et même allemands, les uns indépendants, les autres constituant l'organe d'un parti, plusieurs composés par des mouvements de Résistance. Le but de cette presse n'était pas de renseigner sur les événements militaires comme en 1914-1918, puisque les patriotes écoutaient religieusement la BBC en dépit des brouillages, mais de contrecarrer la propagande ennemie et la presse à sa solde. « On aura dit les services essentiels rendus par la presse clandestine quand on aura rappelé qu'elle fut, durant toute l'occupation, la seule expression de l'opinion publique et le journal officiel du patriotisme. Elle a servi de test de valeur aux individus, quant à leur capacité d'action et à leur rôle civique. Elle a permis de recruter des membres aux mouvements de Résistance armée. Elle a procuré une possibilité immédiate aux membres de ces mêmes mouvements, impatients de nuire à l'ennemi. La presse clandestine ne se contente donc pas de commenter la situation militaire. Elle passe au crible les mesures prises par l'occupant ou par les autorités sous la pression allemande. Elle met en garde la population. Elle publie des communiqués demandant aux jeunes de se cacher, les prévenant des rafles ennemies. Elle recommande d'éviter les salles de spectacles, les lieux de rassemblement, les transports en commun. Elle dresse des listes de collaborateurs et des ''gestapistes'' avec leurs adresses et parfois le numéro d'immatriculation de leurs véhicules. Des tracts prônent le soulèvement national, l'adhésion aux mouvements de Résistance.
Un autre aspect de la guerre psychologique est la campagne de démoralisation de l'armée ennemie au moyen de journaux, tracts en langue allemande, chaulage sur les murs : V, RAF, Churchill, et d'autres encore.
Des vignettes sont collées dans les lieux publics, parfois sur les portes des casernes. Elles prédisent l'anéantissement de l'Allemagne. Sans doute les effets de cette propagande seront-ils minces, mais ils seront incontestables à partir des premiers grands revers de l'Axe. La propagande chuchotée, imprimée, inscrite sur les murs, avait pour effet de multiplier apparemment le nombre des Résistants et leurs actions, en faisant régner ainsi un état d'insécurité, dont les effets ont pu se manifester ultérieurement.
Source : ‘’Un maquis dans la ville’’, livre d’Henri Bernard, paru aux Editions ‘’La Renaissance du Livre’’ en 1970.