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résistants de la première heure

Nouveau messagePosté: 24 Jan 2019, 17:31
de Shelburn
Bonjour à tous,
Je viens de me procurer copie des dossiers militaires de mon grand père et de ma grand mère. A la lecture de ceux-ci, me reviens en mémoire une émission sur RMC Découverte traitant de la Résistance où l'on faisait la part belle aux résistants de 1944.
Dans cette émission j'ai entendu dire qu'avant Jean Moulin, la résistance française n'était pas. Eh bien que faisaient les gens qui opéraient dans le réseau dans lequel mes grands parents oeuvraient ? Pourquoi avaient t'ils contact avec un capitaine Britannique à Douai ?
Je pense que l'on ne parle pas assez des résistants de la première heure. Mes grand parents sont entré en résistance dès 1940 et ont été arrêtés en début d'année 1942, tout comme ce capitaine Britannique. Il ne faut surtout pas dire que c'est grâce à Jean Moulin que la résistance s'est mise en place. Quand je vois ce que grand père et grand mère ont fait ou commis jusqu'en 42 à la lecture de ces dossiers, j'étais loin d'imaginer que c'était de vrai soldat de l'ombre

Re: résistants de la première heure

Nouveau messagePosté: 24 Jan 2019, 18:17
de Prosper Vandenbroucke
Bonjour Dominick
Que Jean Moulin fut chargé de l'unification des mouvements de résistance, Combat, Franc-Tireur, et Libération-Sud est tout à fait exact
Que ce fut lui qui dirigea pendant un moment le Conseil national de la Résistance n'est pas à nier non plus, mais de là à dire que la résistance avant lui n'était pas................C'est un peu aller vite en besogne.

Re: résistants de la première heure

Nouveau messagePosté: 24 Jan 2019, 19:24
de JARDIN DAVID
Attention tout de même avec les dossiers dits "officiels" ...
Mais la remarque est juste : les résistants de la première heure, souvent capturés avant 1944, n'ont pas toujours été honorés. Surtout s'ils n'étaient ni communistes (attendre juin 1941 ...) ni gaullistes. Et si de plus ils naviguaient dans des eaux proches d'une source thermale bien connue, comme OCM, Turma-Vengeance ou les GAD, il y a peu de chance pour qu'on les retrouve mis en valeur dans la littérature classique.
JD

Re: résistants de la première heure

Nouveau messagePosté: 24 Jan 2019, 19:30
de alfa1965
Certains mythes se sont forgés, avant l'entrée en guerre de l'URSS, pas ou peu de résistance , le reseau du musée de l'Homme en est la parfaite démonstration. Il n'est pas connu par le grand public, une fausse idée que la résistance ce ne sont que les maquis.

Re: résistants de la première heure

Nouveau messagePosté: 24 Jan 2019, 19:55
de Alfred
Et,il ne faut pas oublier les réseaux du SOE......Tous les Français qui ,sans vues politiques particulières ,y participèrent,sous commandement britannique furent,que cela plut ou non aux autres,d'authentiques résistants.........Ils n'avaient,pour certains,jamais cessé la guerre depuis juin 1940

Re: résistants de la première heure

Nouveau messagePosté: 25 Jan 2019, 09:04
de seaux
Bonjour
En Corrèze, le 17 juin 1940 Edmond Michelet fait circuler dans Brive la Gaillarde des tracts annonçant le refus de la défaite.
La Résistance est née au sein de la population, dès l'annonce de l'armistice.

Re: résistants de la première heure

Nouveau messagePosté: 25 Jan 2019, 09:55
de Shelburn
Pour le moins que je puisse dire, c'est que mon post provoque des réactions. J'affirme que l'on ne parle pas assez des Résistants de la toute première heure.
Comme l'écrit Alfred, les SEO, n'ont pas abandonné le combat. Je sais que mes grands parents n'ont pas baissé les bras devant l'adversaire au vue de leur dossier militaire, ces même dossiers qui m'ont appris que leur résistance a commencé en juin 1940. Mais il devait y avoir, en 40, une sorte de réseau organisé quand même. Que faisait le soldat britannique Richard Herring au domicile de mes grands parents et comment s'est constitué ce réseau que le Capitaine anglais David Hariston dirigeait depuis Douai ?
Je ne dénigre pas la résistance de 1944, mais quand je vois que le réseau où mes grands parents opéraient a été neutralisé par les allemands en mars 1942, il faut reconnaître que ceux ci avaient déjà deux années d'intervention divers et en 44, ils avaient aussi deux années de captivité en Allemagne à Diez Land pour mon Grand père et à Yauer en Silésie (Pologne) pour ma Grand Mère. Il est bon parfois de remettre les choses à leur place sans toutefois jeter la pierre à ce j'appelle les résistants de dernière minutes.

Re: résistants de la première heure

Nouveau messagePosté: 25 Jan 2019, 10:53
de Halhin Gol
Personne sur ce forum ne conteste qu'il y a eu, dès le début de l'étrange défaite, des personnes qui ont résisté.
Quant aux émissions de RMC et d'ailleurs d'autres chaines sur l'histoire, l'exactitude n'est pas a prioiri le sujet. Seule compte l'audience avec des raccourcis souvent étonnants.

Re: résistants de la première heure

Nouveau messagePosté: 25 Jan 2019, 19:14
de pierma
Il y a eu des dizaines, et même plutôt des centaines, de Français (et de Françaises, d'ailleurs) qui ont décidé de résister dès le discours de Pétain du 17 juin 40.

(Déjà le fait de demander aux soldats de cesser le combat sans connaître les conditions allemandes était de nature à révulser bien des patriotes, pas disposés à se livrer pieds et poings liés. Même si une majorité de Français, dont plusieurs millions erraient sur les routes, l'ont accueilli avec soulagement.)

Bien souvent leur première action a consisté à imprimer des tracts contre l'armistice. Difficile de faire plus à ce stade.

Edgar Thomé (Un des quatre derniers Compagnons de la Libération à l'heure où j'écris ces lignes, ancien para SAS français) raconte que l'idée d'une résistance intérieure possible lui est venue en observant un vieux paysan ramasser un fusil qui traînait au bord d'une route. (il fera aussi des missions de liaison depuis Londres.)

Lui-même, alors qu'il ignorait l'appel de De Gaulle, traversait le nord de la France en marchant de nuit, après je crois avoir faussé compagnie, si j'ose dire, à son unité encerclée ou sur le point de se rendre. Il visait l'Angleterre pour reprendre le combat, sans trop savoir comment la rejoindre. Il avait suivi la consigne que son grand-père lui avait donné de longue date : "On ne se rend pas. On peut reculer, mais on continue toujours le combat !" "Et si l'on est blessé et fait prisonnier ?" "On se soigne et on s'évade, ce qui te ramène au point précédent."

Denys de la Patelière (qui lui-même combattra plus tard dans l'armée de Lattre) a raconté à Gilles Perrault que son frère ainé, le 18 juin vers midi, est appelé par un capitaine et quelques sous-officiers de son unité, attablés à une terrasse :"La Patelière, venez boire une coupe. Nous fêtons la fin de la guerre !" Le garçon s'approche, met son poing dans la figure du triste sire, et s'éloigne à grandes enjambées. (Il mourra sous l'uniforme FFL. Mais c'est déjà un acte de résistance spontanée !)

Re: résistants de la première heure

Nouveau messagePosté: 18 Fév 2020, 08:42
de vauban_13300
Bonjour à tous

Je suis ravi de voir ce fil car il évoque de nombreuses discutions avec mon Père.

Pour beaucoup la résistance c’est la lutte armée, mais la « Resistance » à été avant bien autre chose. Les Maquis ne sont que la fleur et le fruit d’une plante qui c’est avant tout enracinée et développée.

Très tôt des gens ont réagis et ont choisis la voie du refus. Certes entre la prise de consciente et l’action il y a souvent bien du chemin, mais le feu couvait….

Contrairement à ce qui est généralement publié, tous les communistes n’ont pas tous été attentistes. Ceux qui avaient vécu la guerre d’Espagne ou qui échangeaient régulièrement avec des contacts en Allemagne n’ignoraient rien « l’ogre nazi ». Ils n’ont donc pas acceptés le pacte germano-soviétique.
Leur force résidait sans doute dans leur l’expérience des structures clandestines et leur organisation. Le passage du « simple refus » à l’action via les sabotages dans les industries (ou les militants étaient bien implantés) à été facilité par cette structuration.

Mais bien au-delà du cas particulier des communistes, nombre de citoyen ont compris qu’il était indispensable de regrouper les énergies. Personnellement je les appelle « les petites flamme de 41». Elles ont jouées ce rôle primordial d’attirer à eux les « rebelles».qui plus tard ils constitueront souvent l’ossature des maquis armés. Ils sont en quelque sorte les premières flammes du brasier que voulait allumer Monsieur Churchill sur le continent.

Le tribut payé par ces primo résistant est terrible. Loin de la lumière de «l’épopée des maquis » qui caractérise la phase armée, cette première période n’est souvent faites que de sang et de larmes, mais ils avaient un tel espoir chevillé au corps qu’ils ont poursuivi leur lutte sans faillir.

Cette phrase du chant des partisans dans ce cadre prend une signification particulière « si tu tombes, un ami sort de l'ombre à ta place ». Combien sont tombés, et souvent le réseau renait de ses cendres.

Pour les avoir souvent rencontrés à la maison je confirme que même 70 ans après, la lumière était toujours aussi vive dans leurs yeux.

Des grands résistants n’en doutons pas. Malheureusement tous ne se verrons pas reconnus comme tel. Ils étaient discrets dans l’action, ils restent discrets dans l’histoire. Ils ont été les fondations des grands mouvements de résistances.

Evoquer leur histoire, leur vie, leurs convictions c’est les faire vivre à nouveaux. Pour nous héritiers de leurs combats c’est une charge de « passeur de mémoire » a laquelle on ne peut ni ne doit se soustraire.