Des femmes résistent dès 1933.
Toutes les Allemandes ne sont pas nazies. Nombreuses sont celles qui s'opposent au régime hitlérien et qui aident les exclus du régime et les persécutés. L'entraide, ce qu'on appelle la Résistance humanitaire, est un domaine où les femmes ont été particulièrement actives.
Les femmes de l'Association "Saint-Raphaël" de l'église catholique, autant que celles de la "Bekennende Kirche", l'église confessante fondée par des pasteurs pour s'opposer à la persécution des juifs et préserver leur indépendance spirituelle et intellectuelle, ont aidé les juifs chrétiens en les cachant.
Le fait le plus connu sans doute, est cette manifestation retentissante d'épouses aryennes de Juifs à Berlin fin février 1943, parfois accompagnées de leurs enfants, qui eut pour résultat la libération de leurs mari et père.
La résistance politique des femmes n'est pas forcément différente de celle des hommes si ce n'est qu'elles ont peut-être une capacité plus grande que les hommes à échapper aux poursuites de la Gestapo. La police, du moins au début, s'en méfie moins. Dans tous les domaines, l'action des femmes contre le nazisme a été réelle et précoce.
L'exemple de Liselotte Herrmann est significatif. Jeune étudiante communiste et jeune mère, elle proteste ouvertement contre la prise du pouvoir par Hitler, ce qui lui vaut son renvoi de l'université de Berlin. Elle s'installe alors dans le Wurtemberg et participe à différentes actions de résistance. Avec des amis, elle parvient à faire passer à l'étranger des informations sur le réarmement national-socialiste.
Elle est arrêtée en décembre 1935 et condamnée à mort avec deux de ses amis en été 1937. Elle est exécutée le 20 juin 1938 à la prison de Berlin-Plötzensee, malgré des protestations du monde extérieur. Elle est la première mère exécutée. Elle laisse derrière elle un petit garçon qui sera élevé par les parents de Liselotte.
Le régime ouvre alors des lieux spéciaux pour l'internement des femmes. Un premier camp de concentration est mis sur pied en 1933 à Moringen puis transféré à Lichtenburg en 1938. Le camp de Ravensbrück est ouvert en 1939, puis en 1941, d'autres camps se dotent de leur section de femmes: Auschwitz-Birkenau et Gross Rosen. Le célèbre "Chant des Marais" composé par des internés politiques du camp de concentration de Börgemoor, a été transmis en septembre 1939 grâce à vingt femmes de la ville de Düsseldorf, filles et épouses de déportés, qui avaient organisées un voyage au camp pour y voir leurs pères et maris.
Pendant la guerre, une résistance plus typiquement féminine se développe du fait de la mobilisation des hommes. Chaque groupe, cercle et mouvement a compté de nombreuses femmes qui y ont fait un travail identique aux hommes: information, propagande, renseignement, entraide.
Tel est le cas du "Cercle de Kreisau" avec Freya von Moltke, de l'"Orchestre Rouge" au sein duquel les femmes des deux initiateurs, Mildred Harnack-Fish et Libertas Schulze-Boysen, mères de familles, ont payé de leur vie leur engagement.
Maria Terwiel, dont la mère est d'origine juive, a dû abandonner ses études. Secrétaire dans une entreprise textile, elle entre en contact avec le groupe du capitaine Schulze-Boysen et fait connaître le sermon de l'évêque de Munster, Clemens von Galen, qui condamne l'extermination des malades mentaux. Elle aide aussi les juifs en danger par l'obtention de passeports. Arrêtée, elle est exécutée le 5 août 1943.
Au sein du mouvement de "La Rose Blanche" (Weisse Rose), Sophie Scholl, 20 ans, jeune étudiante en philosophie, est tout autant impliquée dans l'action que l'ensemble du groupe qui rassemble son frère Hans, Alexandre Schorell, Christopher Probst et leur professeur Kurt Hüber. Elle sera exécutée en compagnie de son frère, le 22 février 1943.
Il ne faut pas oublier non plus, le rôle des épouses des conjurés de l'attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler, et qui ont payé un lourd tribu à la répression. Environ 600 personnes, auteurs de la conjuration, familles, amis, ont été arrêtées et dont les enfants ont été soustraits de force à leurs parents.
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