Post Numéro: 33 de Dan 93 20 Mar 2014, 16:13
Parler aujourd'hui des héros de résistants et des traîtres de collaborateurs est facile. Mais la vrai question est comme le dit si justement Sardou, "Qu'est-ce que j'aurais fait Moi ?"
Dès Septembre 1940, 200 000 volontaires, hommes et femmes partent travailler en Allemagne. Certains ne sont pas de vrais volontaires, ils ont fait partie de rafles organisées et ça il ne faut pas l'oublier non plus.
En Juin 1942 l'Allemagne exige 350 000 travailleurs supplémentaires. Le gouvernement de Pétain annonce le 22 juin la création de la "Relève" qui consiste à échanger un prisonnier libéré contre trois travailleurs volontaires qui accepteront de partir en Allemagne.
Cette proposition du gouvernement de Vichy n’est qu’un leurre pour de nombreux Français. Seul 17 000 volontaires fin août accepteront ce qui contraint le gouvernement à revoir sa copie.
Il promulgue alors la loi de réquisition du 4 septembre 1942 qui sera la première phase avant la mise en place du Service Obligatoire du Travail (SOT) qui, suite aux railleries deviendra le STO.
"Toute personne du sexe masculin de plus de 18 ans et de moins de 50 et toute personne du sexe féminin de plus de 21 ans et de moins de 35 peuvent être assujetties à effectuer tous travaux que le gouvernement jugera utile dans l'intérêt de la Nation."
Cette loi est complétée par un décret du 19 et une circulaire d'application du 22 septembre faisant obligation à ces mêmes personnes n'ayant pas une activité d'au moins trente heures hebdomadaires d'en faire la déclaration à la mairie. Les fichiers d'entreprise sont contrôlés. Des peines de prison et des amendes visent ceux qui enfreignent ces dispositions.
Les kommandanturs envoient les ordres nominatifs de réquisition. A la réquisition, on ajoute les rafles aveugles à la sortie des usines, des cinémas, dans la rue. Le gouvernement de Vichy fait rechercher les réfractaires. Là encore nous ne sommes pas en présence de Volontaires.
Secrétariat d’état au travail, Secrétariat d’état à la production industrielle, Etat français.
Monsieur XXXX
En vue de contribuer à la relève des prisonniers, vous êtes désigné pour travailler en Allemagne.
Le certificat d’embauche qui garantit vos conditions de travail et de rémunération en Allemagne et indique votre destination est à votre disposition, au bureau d’embauche de votre employeur.
Vous devrez vous présenter à la visite médicale qui aura lieu à …………………
le ……………….. à …………..hres
Rue ………………………………………..
Les ouvriers qui ne se présentent pas à la visite médicale sont considérés comme aptes.
Les ouvriers qui n’acceptent ni de signer, ni de déclarer que, tout en ne signant pas le contrat ils sont prêts à partir, sont considérés comme défaillants.
Le gouvernement français a le devoir de vous signaler que les autorités d’occupation lui ont signifié qu’au cas où le nombre des départs prescrits ne serait pas atteint, elles prendraient elles même des mesures énergiques pour imposer ces départs.
Pour le Secrétaire d’Etat au Travail
Et le Secrétaire d’Etat à la
Production industrielle
L’Inspecteur du travail,
XX
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Viendra ensuite la feuille de route :
Monsieur XXXX
Vous êtes tenu de vous présenter à la Caserne de la Pépinière 15, Rue Laborde Paris 8è le …/….1942 à 8 hres avant de prendre le train qui quittera la gare de l’EST à destination de l’Allemagne, le …/…1942 à 16 hres 10.
Vous devrez vous munir au préalable du certificat d’embauche de votre employeur.
Si vous ne vous présentez pas au départ du train, ou si vous abandonnez le train en cours de route, des sanctions seront prises contre vous par l’autorité Militaire Allemande.
Im Auftrage !
XX
Deutsche Vermittlungestelle
XXXXXXXX
XXXXXXXXX
Télép : XXXX
Que pouvaient-ils faire ? J'entends déjà : "prendre le maquis" Bien sûr, prendre le maquis, début 1943, il existait peu ou pas de réseaux organisés dans l'ensemble de la France. Prendre le maquis à Paris, Lyon, ou dans d'autres villes car tous n'habitaient pas le Vercors ou la Corse, n'est pas une chose simple. il faut se nourrir, s'habiller, trouver un toit, Trouver des faux papier, ... comment faire sans une organisation locale.
De plus les représailles envers la famille étaient également prévues.
Pour ceux qui ont eu la possibilité de rentrer dans un groupe de résistance, ont pu le faire par opportunité car, ils connaissaient quelqu'un qui connaissaient quelqu'un susceptible de les aider. Les dénonciation étaient si nombreuses que parler de résistance à un inconnu c'était s'exposer à des représailles.
Non ce n'était pas si simple et surtout : qu'est-ce que j'aurais fait Moi ?