Delperrié, en 1969, reconstitue ainsi les choses, et aucun récit ultérieur n’est plus précis ni mieux documenté. Dès le mois d’avril entre en scène Jocelyn Maret, directeur-adjoint de l'administration pénitentiaire, un milicien nommé en janvier, dans le cadre de la prise en main du "maintien de l'ordre" par Darnand, pour surveiller le directeur de cette administration, André Baillet, qui avait été commissaire de police à Aubervilliers et était resté proche du maire de la localité, Pierre Laval. Maret avertit Carbonnier, directeur de l'administration pénitentiaire pour la région de Clermont-Ferrand, que Zay va lui être enlevé, sans donner de date.
Le 16 juin, Baillet reçoit, transmise par Maret, une note signée du directeur du cabinet de Darnand, Raymond Clémoz, ordonnant le "transfert d'urgence" de Jean Zay à la prison de Melun. Immédiatement, Baillet adresse une note à Carbonnier pour lui indiquer que le transfert sera effectué par des miliciens. C'est Jocelyn Maret qui convoque par téléphone Carbonnier. Il lui fixe la date du transfert, le 20 juin, en exigeant le secret le plus total.
Le processus a donc été lancé en avril : il prend place au milieu d’une série de dispositions prises en vue d’affermir le contrôle allemand sur la France lors d’un éventuel débarquement allié. On peut soupçonner que la tuerie d'Oradour est préméditée de la même façon (probablement sans précision de lieu, l’important étant le principe d’un massacre intégral, pour l’exemple, de la population d’un gros village jusque là paisible), lorsque Himmler vient en personne à Montauban, le 11 avril, donner des instructions générales à la division Das Reich, devant laquelle il prononce un discours, et sans doute d’autres, particulières et plus précises, à son chef, le général Lammerding.
Le symptôme le plus flagrant d'une machination tramée au plus haut niveau est le silence observé vis-à-vis de Laval, qui n’apprend la disparition de Zay que le lendemain. Ce vieux renard, qui se fait fort de manœuvrer les Allemands pour peu qu’il ait tous les leviers en main, est fort jaloux de son autorité : pour disposer de la personne et de la vie d'une figure de la Troisième République sans lui en référer d'aucune façon, il faut disposer d’une couverture germanique à toute épreuve.
C’est un Pétain mis en condition, et par la tuerie gratuite d’Oradour, et par cette mystérieuse disparition d’un prisonnier oublié qui ne gênait personne, qui va, à la fin de juin et au début de juillet, subir le double choc de l’assassinat d’Henriot et de celui de Mandel.
teddyboy a écrit:merci d'avoir répondu à ma question, donc Jean Zay n'a rien fait pour mériter d'etre au Panthéon
François Delpla a écrit:teddyboy a écrit:merci d'avoir répondu à ma question, donc Jean Zay n'a rien fait pour mériter d'etre au Panthéon
tu peux développer ?
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