Il y a 70 ans...des maquisards défilaient fièrement en rendant hommage aux combattants de la Première Guerre Mondiale .
Texte de Wikipedia
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9fil ... A0_Oyonnax , photos iconographiques de Reconstitution
Le défilé du 11 novembre 1943 à Oyonnax représente une des actions les plus emblématiques de l'histoire du maquis de l'Ain et du Haut-Jura.
Durant la Seconde Guerre mondiale, alors que le gouvernement du maréchal Philippe Pétain interdit toutes cérémonies commémoratives de l'Armistice de 1918, les chefs du maquis décident de passer outre l'interdiction et organisent audacieusement un défilé dans les rues d'Oyonnax, en zone occupée.
Préparation :
Le 11 novembre 1943 représente le vingt-cinquième anniversaire de l'Armistice de 1918. La France, sous le gouvernement du maréchal Philippe Pétain, interdit toutes cérémonies commémoratives de la victoire des Alliés sur l'Empire allemand .
Malgré l'interdiction, les chefs de la résistance intérieure décident le dépôt de gerbes au pieds des monuments aux morts .
Le chef des maquis de l'Ain, le capitaine Henri Romans-Petit, organise un défilé pour contrer l'image de terroristes que le maréchal Pétain voulait donner aux maquisards .
Tactiques pour tromper l'occupant :
De crainte d'être repéré par l'ennemi et pour tromper d'éventuels collaborateurs, plusieurs villes du département de l'Ain, comme Bourg-en-Bresse, Ambérieu-en-Bugey ou Belley sont citées pour être le lieu du défilé .
Oyonnax ayant été choisie, les états-majors organiseront la dépose de gerbes portant la même inscription — « Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18 » — sur les monuments aux morts de ces communes.
Le lieu du défilé est annoncé dans plusieurs villes pour tromper d'éventuelles dénonciations. La ville d'Oyonnax est choisie pour l'activité intense de l'armée secrète locale . La manifestation est préparée par Noël Perrotot, Élie Deschamps et Gabriel Jeanjacquot tous trois Oyonnaxiens connaissant la ville .
Deux hommes sont chargés de sécuriser et neutraliser la ville, il s'agit d'Henri Girousse et d'Édouard Bourret qui obtiennent le concours du commissaire de police et du capitaine de gendarmerie ainsi que la neutralisation du central téléphonique.
Uniformes et armement :
Les maquisards étaient équipés uniformément de blouson de cuir, d'une culotte verte, de ceinturons et de bérets. Ces uniformes provenaient de la première action d'envergure réalisée par le maquis sous la direction d'Henri Romans-Petit : la prise du dépôt d'intendance des Chantiers de la jeunesse à Artemare dans la nuit du 10 septembre 1943 .
Afin de présenter l'image d'une troupe organisée militairement et donc d'assurer l’uniformité de leur armement, certains maquisards défilèrent avec de fausses mitraillettes « Sten » en bois qu'ils avaient eux-mêmes fabriquées .
Le défilé du 11 novembre 1943 :
Vers midi ce 11 novembre environ deux cents maquis de l'Ain et du Haut-Jura, aux ordres du colonel Henri Romans-Petit, prennent possession de la ville d'Oyonnax. Ils défilent jusqu'au monument aux morts, marchant au pas au son du clairon avec le drapeau français en tête .
Ils y déposent une gerbe en forme de croix de Lorraine portant l'inscription :
« Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18 » .
Actions simultanées :
Le même jour, une gerbe portant la même inscription — « Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18 » — est également déposée aux monuments aux morts des communes de Nantua, Belley, Hauteville, Meximieux, Seyssel et Saint-Rambert-en-Bugey .
À Bourg-en-Bresse, avant la levée du matin, le chef maquisard du secteur, André Levrier, et ses compagnons se rendent à proximité du socle où était posé un buste d'Edgar Quinet avant son enlèvement par les Allemands, et mettent en place un buste de Marianne frappé des lettres « RF », pour République française, et un drapeau de la France à croix de Lorraine. Dans le même temps, un groupe se rend au monument aux morts pour y déposer la gerbe .
Lorsque cela est découvert, les Allemands font tout retirer.
Conséquences du défilé :
Événement éminemment symbolique et médiatique, le défilé du 11 novembre 1943 à Oyonnax a un retentissement important en France et à l'étranger.
La manifestation est couverte par André Jacquelin (texte et photographies), le seul journaliste des maquis de l’Ain. Un film est également tourné par le maquisard Raymond Jaboulay, fils d'Henry Jaboulay.
Le reportage d'André Jacquelin est publié par Bir Hakeim, « Journal républicain mensuel paraissant malgré la Gestapo, malgré le négrier Laval et son gouvernement de Vichy » dans son numéro de décembre 1943 .
L'événement est également rapporté le 31 décembre 1943 dans un faux numéro du Nouvelliste, un journal collaborationniste (interdit de publication pour cause de collaboration après guerre). Réalisé par les Mouvements unis de la Résistance et tiré à 30 000 exemplaires, ce journal sera distribué entre 5 et 7 heures du matin dans les kiosques et chez les marchands de journaux de Lyon par des Groupes Francs de la Résistance lyonnaise, les vrais exemplaires étant confisqués au motif de censure .
Représailles :
Le gouvernement de Vichy reçoit un rapport des RG le 13 novembre 1943 qui mentionne :
« […] cette journée du 11 novembre 1943 détermine assez exactement le peu de cas qu'il est fait du gouvernement actuel […] Il apparait utile de noter, à propos des incidents d'Oyonnax, la forte impression qu'à produit sur la population de cette ville, le défilé des « Jeunes du maquis ». […] Face aux évènements politiques qui bouleversent notre territoire et notre empire, certains n'écartent pas l'hypothèse, dans un temps prochain, d'un prompt rétablissement de l'ordre, grâce à ces cohortes encadrées par des officiers spécifiquement français. »
— Rapport de la Direction centrale des Renseignements généraux le 13 novembre 1943 -
Quelques semaines plus tard, la presse anglo-saxonne diffuse l'information concernant le défilé. À Londres, Emmanuel d'Astier de la Vigerie en informe lui-même Winston Churchill .
C'est le défilé du 11 novembre 1943 à Oyonnax qui a, dit-on, achevé de convaincre Winston Churchill de la nécessité d'armer la Résistance française .
D'autres conséquences du défilé auront lieu au cours des mois suivants avec notamment la fusillade du maire d'Oyonnax Paul Maréchal et son adjoint Auguste Sonthonnax en décembre 1943 .
Oyonnax a été récompensée de son attitude et de son enthousiasme par la Médaille de la Résistance qui figure sous son blason.