En 1925, Joseph Joanovici, dit "Monsieur Joseph", un jeune orphelin juif qui a fui les pogroms des Balkans débarque à Paris sans un sou en poche. Quinze ans plus tard, il est devenu multimilliardaire ... et il s'est juré de ne plus jamais souffrir, de ne plus jamais avoir peur. Il tiendra son serment à tout prix !
A coups de poings et de surin, le petit nouveau se fait vite respecter des autres chiftirs (chiffoniers en argot) qui écument Clichy et Saint-Ouen. Persuasif et âpre à la tâche, "Jo" se fait embaucher au tri des métaux par le plus prospère des "récupérateurs", un dénommé "Krug". En moins de deux ans, il s'arrange pour traiter en sous-marin et doubler son patron. Jo se fait son pécule, causant la ruine de Krug. Au passage, il récupère sa "clientèle", son entreprise ... et son appartement ! Le 14 Janvier 1930 sont votés les crédits pour bâtir la Ligne Maginot (l'équivalent de 10 milliards d'Eurtos actuels). Le nouveau chef d'Entreprise décroche le gros lot en vendant du fer à béton à l'armée. En 1933 il fonde avec son frère Mordechaï les établissements Joanovici frères. "Monsieur Joseph" est alors un des 5 plus riches ferrailleurs de France. Inquiet des remous politiques provoqués par la montée des extrémismes et de l'antisémitisme, Joanovici décide d'assurer ses arrières en proposant au sous-directeur de la police parisienne de lui servir d'indicateur. Entre 1934 et 1939, de mystérieux visiteurs sont reçus dans les entrepôts de Monsieur Joseph. C'est que le ferrailleur ravitaille désormais l'Allemagne nazie en laiton, plomb et cuivre destinés à l'armement. Lorsque la guerre éclate il devient plus discret sur ses affaires outre-rhin, clamant toujours plus fort son patriotisme, et il envoie même un chèque de 3000 dollars au président du Conseil Daladier, signé d'une croix, pour contribuer à l'effort de guerre. mais jusqu'en Avril 1943, il continuera de vendre aux Allemands, plus de 60 000 tonnes de vieux métaux : un juteux marché qui fait de lui un milliardaire !
Si dès 1941, Monsieur Joseph a ouvertement pactisé avec le diable, peut-être sent-il tourner le vent de l'histoire ??? Selon certains, dès Juillet 1941, il aurait participé au réseau de résistance Turma-Vengeance, qui deviendra l'un des plus important de France. Pourtant les agissements patriotiques de Joanovici suscitent déjà des doutes et des controverses au sein de la résistance. Le 28 décembre 1943, Edmon Dubent et quatre autres résistants fondateurs du groupe Honneur de la Police sont arrêtés à la Brasserie Zimmer, place du châtelet, juste au moment où ils préparaient un attentat contre la Gestapo de la rue Lauriston ... On soupçonna Monsieur Joseph d'être impliqué dans l'affaire ...
La Question reste encore posée aujourd'hui : Collabo cynique ou héros de la Résistance Monsieur Joseph ?
A vous lire.
Amicalement