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Re: Les Communistes dans la résistance : Force ou Faiblesse ?

Nouveau messagePosté: 29 Nov 2012, 15:46
de fbonnus
Cher Murphy, ce que vous citez n'est pas une affirmation de ma part, c'est tiré de la présentation d'un livre, proposé juste au dessus par notre modérateur alfa1965.
Ce livre et cette présentation, vous pouvez la retrouver ici => http://archives-lepost.huffingtonpost.f ... tance.html

Re: Les Communistes dans la résistance : Force ou Faiblesse ?

Nouveau messagePosté: 29 Nov 2012, 18:53
de norodom
Bonsoir,

Il m'apparaît que la question dominante qui se dégage de ces premiers échanges tend à savoir quels furent les objectifs des communistes après le 22 juin 1941, date à laquelle Staline subit l'invasion des nazis.
Il convient de signaler que c'est après cette date que bon nombre de communistes sont rentrés dans la Résistance.
Pour la période qui a précédé, pratiquement depuis l'Armistice, c'est une tout autre Histoire !...

Donc, depuis leur changement de cap, dès lors que la lutte contre les Allemands devenait leur raison d'être primordiale, les communistes se sont structurés en application des instructions portant sur la formations technique et politique.

Le 1er juillet 1941, Georges Dimitrov, désigné par Staline au poste de secrétaire général de l'Internationale Communiste, adresse un télégramme à son camarade Fried Evgen, demandant aux communistes français d'intensifier le sabotage tous azimuts, de la machine de guerre hitlérienne.
Quelques jours plus tard arrive un nouveau télégramme de Dimitrov....
Chacun de ces appels au branle-bas de combat était relayé par "l'Humanité"
Voilà pour le côté Résistance à l'occupant...

S'exprimer avec précision sur les objectifs politiques... là c'est une autre affaire...

Certains chercheurs ont fondé leurs réflexions sur la certitude que les communistes, dissuadés certainement par la présence, post-débarquement, des Américains sur notre sol, n'ont ni préparé ni tenté de prendre le pouvoir à la faveur de la Libération,

Maurice Thorez, au cours d'un entretien à Moscou le 20 janvier 1944, avec le représentant du général de Gaulle, s'exprimait en ces termes:
"Mon parti ne songe pas à prendre le pouvoir, ni maintenant, ni lors de la Libération, ni pendant la période de convalescence et la restauration du Pays"

Quelle sincérité peut apparaître de ces révélations lorsque, à la lumière des sources provenant des archives de l'ex URSS, le parti communiste français apparaît bien, selon les chercheurs, comme un parti qui a tenté de conquérir le pouvoir à la Libération ?

De Gaulle lui-même, informé sur l'état révolutionnaire instauré par les Maquis FTP dans les régions du Limousin et de Toulouse, ainsi que sur la situation dans d'autres régions au sud de la Loire et à l'ouest du Rhône, qui échappaient au contrôle de l'Etat renaissant, craignait que les communistes parviennent à créer un mouvement insurrectionnel qui serait devenu un gouvernement populaire indépendant de l'autorité nationale que lui-même incarnait.

On verra par la suite comment l'habileté politique de de Gaulle s'est exprimée face à ce qui lui apparaissait comme un péril.
En un premier temps, il amnistia Thorez, déserteur de l"armée française réfugié à Moscou (décret du 7 novembre 1944), puis sous diverses formes il fit des concessions aux communistes, en contre partie desquelles il obtint la dissolution des "Milices patriotiques"

Bon... on en garde un peu pour la suite...

Cordialement,
Roger

Re: Les Communistes dans la résistance : Force ou Faiblesse ?

Nouveau messagePosté: 01 Déc 2012, 00:56
de dynamo
Le PCF remporte une bataille importante après juin 41, c'est la bataille de l'opinion.
Son engagement prend l'image de l'URSS qui lutte avec vaillance et courage contre les Allemands, son engagement dans la clandestinité et dans la Résistance lui vaut d'énormes sympathies au-delà de ses propres militants.
La répression qui le frappe par l'occupant et par Vichy lui donne également un grand crédit parmi le monde ouvrier et les classes populaires.

Re: Les Communistes dans la résistance : Force ou Faiblesse ?

Nouveau messagePosté: 01 Déc 2012, 01:06
de alfa1965
J'aimerais que l'on m'éclaircisse le séjour moscovite de Thorez. Après Yalta, avec le partage des zones d'influence, Staline aurait été contre la prise du pouvoir en France par les communistes car ils auraient brouillé les cartes. Exporter la révolution en Europe occidentale présentait un risque pour l'URSS à la fin de la guerre.

Re: Les Communistes dans la résistance : Force ou Faiblesse ?

Nouveau messagePosté: 01 Déc 2012, 19:21
de norodom
dynamo a écrit:Le PCF remporte une bataille importante après juin 41, c'est la bataille de l'opinion.
Son engagement prend l'image de l'URSS qui lutte avec vaillance et courage contre les Allemands, son engagement dans la clandestinité et dans la Résistance lui vaut d'énormes sympathies au-delà de ses propres militants.
La répression qui le frappe par l'occupant et par Vichy lui donne également un grand crédit parmi le monde ouvrier et les classes populaires.

Bonsoir,

Ok Patrick... là c'est la première pierre en réponse à la première partie de la question:
Force ou Faiblesse ?

Car si l'on prend en compte l'activité menée contre l'occupant, certes on est bien dans cette ligne.
Quoique dans ce domaine il y eut aussi des faiblesses...
Faiblesses dans le sens de l'évaluation des risques par l'action armée, plus que faiblesse politique.

Cependant, sur le chapitre du succès auprès de l'opinion, des énormes sympaties et du grand crédit dont tu as raison de te référer au monde ouvrier et aux classes populaires, je pense que tu ne m'en voudras pas si je ne partage pas ton lyrisme.
Surtout parce qu' avant le 21 juin 1941 les Communistes eurent des attitudes d'ailleurs répercutées par leur propre presse, qui sont restées en travers des gorges pendant un bon bout de temps !

Sur la question de "alfa1965", à savoir si Staline était hostile ou pas à la prise de pouvoir par les Communistes français ?... personnellement je n'ai pas eu le privilège de percer le secret des archives de l'ex-URSS... c'est aux Historiens qu'il appartient de nous l'apprendre
Le peu que j'en sais, irait plutot dans le sens d'un consentement.

Au sujet de Maurice Thorez, je me limite à une histoire particulière qui concerne un déserteur de l'armée française, réfugié à Moscou et qui par la suite, comme je l'ai écrit précédemment, servit de monnaie d'échange à de Gaulle après la Libération.

Cordialement,
Roger

Re: Les Communistes dans la résistance : Force ou Faiblesse ?

Nouveau messagePosté: 01 Déc 2012, 19:43
de dynamo
Bonsoir Roger,
tu as raison de souligner qu'avant le 21 juin 41, le PCF a quelques ennuis avec l'opinion française.
Dès septembre 39, à la suite du pacte Germano-soviètique, les dirigeants du parti se diluent dans des explications scabreuses pour affirmer quelques semaines plus tard que la guerre est interimpérialiste et qu'elle ne doit pas concerner la classe ouvrière...
Lors des premiers jours de l'occupation allemande, Jacques Duclos obtient d'Otto Abetz la reparution de l'"Humanité" et la libération des militants emprisonnés par les autorités françaises.
Au sein du parti, des voix dissonantes se font entendre comme Charles Tillon.
Il n'est pas surprenant que des Français ayant de la mémoire aient gardé un certain recul face aux organisations communistes pendant toute la durée de la guerre.

Re: Les Communistes dans la résistance : Force ou Faiblesse ?

Nouveau messagePosté: 01 Déc 2012, 19:50
de JARDIN DAVID
Finalement, le PCF est sorti très divisé de l'armistice de 1940.
Comme l'Action Française.
Des clivages inédits avant 1939.
JD

Re: Les Communistes dans la résistance : Force ou Faiblesse ?

Nouveau messagePosté: 01 Déc 2012, 20:01
de dynamo
JARDIN DAVID a écrit:Finalement, le PCF est sorti très divisé de l'armistice de 1940.
Comme l'Action Française.
Des clivages inédits avant 1939.
JD


Oui, complètement.
Thorez, déserteur est à Moscou avec Marty.
Duclos s'est réfugié à Bruxelles.
Frachon est resté à Paris.
Là-dessus viennent les positions de Moscou, de L'internationale communiste, de la CGT, et des militants qui, eux, sont pour la lutte contre l'occupant.
Difficile de prendre une position commune et de faire un choix entre la dénonciation de la guerre impérialiste et la guerre patriotique.

Re: Les Communistes dans la résistance : Force ou Faiblesse ?

Nouveau messagePosté: 01 Déc 2012, 20:45
de JARDIN DAVID
C'est pour cette raison que je trouve toujours délicat de généraliser !
JD

Re: Les Communistes dans la résistance : Force ou Faiblesse ?

Nouveau messagePosté: 01 Déc 2012, 20:59
de fbonnus
Je vais me replonger dans mes archives, je sais que j'ai quelques documents que mon grand oncle m'avait confiés, il faisait parti, contraint et forcé du PCF (l'adhésion au Parti lui a été imposée pour qu'il puisse avoir accès au maquis afin de se soustraire au STO ...). Va falloir que je les retrouve dans mon amoncellement d'archives, mais je manque actuellement de temps, mais promis dès que j'ai un moment (probablement fin d'année ou début 2013), je ressors tout ça. Si je me rappelle bien, il y a des "échanges" entres sections du parti qui n'étaient pas d'accord sur la façon de "lutter et résister" ...

Amicalement