Il est un sujet qui pourrait être considéré comme un "marronnier", c'est le rôle des communistes dans la Résistance. Pour autant, c'est un sujet profond qui mérite d'être étudié.
Il est un fait que les communistes (encartés ou sympathisants) ont été nombreux dans la résistance.
Leur organisation politique en "comités régionaux" a grandement facilité la création de "groupes" de résistants. Leurs convictions humanistes et "révolutionnaires" ont naturellement fait qu'ils se sont engagés, presque immédiatement dans une forme de résistance à l'occupant nazi.
Au début de l'été 1939, le PC dispose de 700.000 militants, dont 220.000 sont encadrés.
Le Parti aurait pu disparaître dans le tourbillon de Septembre 39, au lendemain de la signature du pacte Germano-soviétique qui a semé le trouble chez nombre de militants, au point que 23 parlementaires sur 72 feront défection. Mais avec la dissolution du Parti par Daladier le 26 Septembre, c'est le sentiment de forteresse assiégée qui prend le dessus chez les militants les plus déterminés qui plongent dans la clandestinité, finalement, dans l'ordre, malgré la formidable désorganisation causée par la mobilisation qui prive l'appareil clandestin de tous les hommes jeunes, c'est-à-dire de la majorité de ses membres.
En Juin 1940, lorsque les Allemands arrivent à Paris, le Parti n'est plus grand-chose, mais il est sans doute moins anéanti que l'ensemble du pays. On assiste à la tentation d'occuper le terrain laissé vacant par les autres forces politiques. D'abord, en Juin et Juillet, les émissaires du Parti négocient avec les autorités d'occupation une sortie officielle de la clandestinité. Ensuite, en Septembre et Octobre, il s'agit d'une sortie de fait de la clandestinité qui se traduit par un désastre complet, c'est-à-dire par une hécatombe de militants que la police du nouveau régime de Vichy aura tôt fait d'interner dans cette nébuleuse de camps où l'on comencer à regrouper tous les éléments indésirables. C'est que les hommes du régime de Vichy sont encore plus anti-communistes que Daladier; et les nazis, malgré leur alliance passagère avec Staline n'ont aucun intérêt à protéger les communistes des offensives de la police française.
Dès le 17 juin 1940 ("officiellement" un jour avant De Gaulle), les communistes, déjà organisés, en appellent à la résistance, voici leur appel :
« Les gouvernements bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini : l’Espagne, l’Autriche, l’Albanie et la Tchécoslovaquie… Et maintenant, ils livrent la France. Ils ont tout trahi. Après avoir livré les armées du Nord et de l’Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours de Hitler, livrer le pays entier au fascisme. Mais le peuple français ne veut pas de la misère de l’esclavage du fascisme. Pas plus qu’il n’a voulu de la guerre des capitalistes. Il est le nombre : uni, il sera la force.
Pour l’arrestation immédiate des traîtres
Pour un gouvernement populaire s’appuyant sur les masses, libérant les travailleurs, établissant la légalité du parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles, s’entendant avec l’URSS pour une paix équitable, luttant pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes.
Peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, UNISSEZ VOUS DANS L’ACTION ! »
Tout au long de la période d'occupation, de Juin 40 à l'été 44, de plus en plus de Français se détacheront du Maréchal Pétain et s'engageront où sympathiseront avec la Résistance intérieure et ce que représente De Gaulle, à Londres ou à Alger. On peut discuter des diverses motivations: patriotisme, évitement du STO, opportunisme, peu importe, le PCF va profiter plus que tous les autres mouvements de résistance de ce vent de l'Histoire et au sortir de la guerre, sa force politique en sera considérablement accrue.
Des secrétariats régionaux sont formés ; l'organisation du parti communiste profite et permet d'organiser rapidement des "réseaux " de résistance et déjà de juin à décembre 1941 sont menés 107 sabotages, 41 attaques à l'explosif, 8 déraillements. Une action très connue est celle de Pierre Georges, dit le Colonel Fabien : le 22 août 1941 il abat un jeune aspirant de marine. C'est le premier attentat individuel d'une longue série, entraînant à chaque fois des rafles.
Pour autant, leur proximité presque génétique avec les soviétiques, "l'extrémisme" dans les actions anti-nazi de certains, et leur "allergie" à De Gaulle n'ont pas facilité les choses.
Au sortir de la Guerre, les communistes ont largement revendiqué la "paternité" de la Résistance. Étaient-ils pour autant "majoritaires" dans les effectifs, et en étaient-ils pour autant les réels créateurs sur le terrain ?
Enfin une question se pose aujourd'hui : à certains moments et sur certaines "opérations", n'ont-ils pas eu une position ou une attitude néfaste par leur politisation extrême du mouvement de résistance ?
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