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Il a 70 ans : la chute du groupe Gallais de Fougères

Répondant à l'appel du Général de Gaulle, des milliers de combattants français se lèvent en Europe et en Afrique. Retrouvez ici la 1ère DFL, la 2ème DB, les FAFL, FNFL... Mais aussi celles et ceux qui ont résisté à l'occupant en entrant dans la clandestinité pour rejoindre le maquis ou les groupes de résistants.
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Il a 70 ans : la chute du groupe Gallais de Fougères

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Kristian Hamon  Nouveau message 08 Oct 2011, 09:39

Le jeudi 9 octobre 1941, dès l’aube, les Allemands procèdent à un vaste coup de filet sur Fougères. Leur première destination est le château médiéval de la ville, dont René Gallais est le gardien. C’est là, en effet, que dès la débâcle de juin 1940, la famille avait récupéré et caché les armes abandonnées par les soldats et prisonniers français. Aidé de patriotes, des dépôts vont par la suite être constitués dans les fermes des environs. Le groupe organise également des passages en zone « libre » et recueille des renseignements sur les installations militaires allemandes. Cette démarche est remarquable par sa précocité et sa spontanéité. Isolé, le groupe Gallais ne fait partie d’aucun réseau de résistance. C’est seulement au mois d’août 1941 qu’il rejoint le mouvement CDLL.

Parmi la cinquantaine de personnes arrêtées ce jour-là, figure un jeune couple d’autonomistes bretons, originaires des Côtes-du-Nord, alors hébergé chez une tante, commerçante en ville. Se faisant passer pour d’authentiques résistants et agents de l’Intelligence Service, ils vont s’attirer la confiance de la famille Gallais puis infiltrer le groupe et participer à toutes les opérations.
Sitôt arrêtés, les patriotes sont emmenés à l’Hôtel des Voyageurs, réquisitionné par la Feldgendarmerie, pour y subir leurs premiers interrogatoires. L’émotion est grande parmi la population, c’est ainsi que les ouvriers des usines de chaussure de la ville, ayant appris l’arrestation des Fougerais en quittant leur travail, se regrouperont sur la place face à l’hôtel mais, ne pouvant s’interposer, ils ne pourront qu’entonner la Marseillaise. Le soir même, les patriotes sont transférés vers la prison d’Angers à bord de deux autocars
Dès leur arrivée à la maison d’Arrêt d’Angers, les prisonniers constatent avec stupeur que le jeune couple fait l’objet d’un traitement de faveur et est dirigé aussitôt vers le bureau du directeur, alors que la colonne est immédiatement conduite vers les cellules. La trahison ne fait plus aucun doute. Cet homme et sa femme n’ont pas été incarcérés et seront relâchés rapidement.
Des 55 personnes arrêtées à Fougères, 41 sont relâchées à partir du 26 octobre. Les 14 autres, considérées par les Allemands comme le noyau dirigeant du groupe, restent détenues à Angers jusqu’à la mi-novembre pour être ensuite transférées vers les prisons parisiennes. Le 18 décembre 1941, les 14 résistants sont déportés vers Augsburg, en Bavière, en attendant d’être jugés par le Tribunal du Peuple (Volksgerichtshof). Jugement qui n’interviendra que le 23 février 1943, soit après 14 mois de mise au secret.
Le jour du procès, ils ne sont plus que 12 à comparaître. En effet, Joseph Brindeau, tuberculeux, est décédé dans sa cellule le 30 mars 1942, par manque de soins. Quant au gendarme Théophile Jagu, faute de charges suffisantes, il échappe au tribunal et sera libéré le 5 avril 1943. Les 12 sont tous condamnés à mort. Parmi eux, 8 hommes sont transférés à la prison « Stadelheim » de Munich le 9 septembre 1943. Le 21 septembre, entre 17 h et 17 h 30, les résistants Jules Frémont, René Gallais, François Lebossé, Raymond Loysance, Antoine Perez, Marcel Pitois, Louis Richer et Jules Rochelle sont décapités à la hache.
Les trois femmes : Andrée Gallais, sa fille Huguette et Louise Pitois ont été graciées, ainsi que le jeune Marcel Lebastard. Cependant, tous restent condamnés. Commence alors un long périple dans l’enfer des camps de concentration jusqu’à la capitulation du Reich

De retour à Fougères, le jeune couple en question n’en restera pas là et va continuer sa sinistre besogne pour le compte du SD ou de l’Abwehr. L’un et l’autre avaient déjà fait parler d’eux avant leur arrivée à Fougères. Elle, en étant à l’origine de l’arrestation de Lady Mond dans son château de Coat-an-Noz à Belle-Isle-en-Terre, qu’elle avait dénoncée aux Allemands en mai 1941. Lui, en tendant un piège au mois de janvier de la même année à Pierre Le Manac’h, jeune neveu de la châtelaine, qui voulait rejoindre les FFL. Il sera arrêté par la Gestapo puis déporté.
Et cela va continuer tout au long de l’Occupation. Début 1944, le couple est installé à Quimperlé, où lui est soi-disant interprète au NSKK. Sa femme ne reste pas inactive puisque elle est formellement reconnue le 28 février 1944 place de la Gare à Saint-Brieuc alors qu’elle attire dans les griffes de la Gestapo Yves Hamon, un débitant de Belle-Isle-en-Terre, et son fils, qui sera déporté en Allemagne.
Passé le Débarquement, le couple revient s’installer sur Rennes. La jeune femme vient d’avoir enfant. Conscient des menaces qui pèsent sur eux en cas de victoire des Alliés, le père s’enrôle dans la Formation Perrot pour pouvoir se replier en Allemagne et participe activement à l’opération menée contre le maquis de Broualan.
Le 2 août, alors que les Américains sont aux portes de Rennes, la femme et son bébé grimpent dans un convoi stationné devant le siège du SD de Rennes. Il y a là de nombreux civils, sympathisants ou membres du Parti National Breton et un peu trop compromis avec l’Occupant. Les véhicules prennent aussitôt la direction de l’Allemagne, suivis d’un autre convoi comportant les membres du Bezen Perrot, certains sous l’uniforme Waffen SS. Le 18 août 1944, le convoi des civils atteint Strasbourg. Le Bezen n’y arrivera qu’un mois plus tard puis passera définitivement en Allemagne. La jeune femme aussi est passée outre-Rhin, exclue du groupe par Lainé car ne parlant pas le breton à son fils ! Commence alors une incroyable fuite en Allemagne où elle retrouvera son mari blessé lors d’un bombardement. Fin mars 1945, fuyant l’avance des troupes américaines, le couple échoue en Bavière. Lassée de cette vie d’errance et de misère, la jeune femme veut se livrer aux Américains. Lui refuse, sachant ce qui l’attend en cas de retour en France, et prend la fuite à travers bois avec l’enfant. Elle réussira à le retrouver après trois jours de marche et récupèrera son enfant. Parti chercher du ravitaillement, il ne reviendra pas. Persuadée qu’il s’est suicidé, elle se livre aux Alliés fin juin 1945 avec son enfant. Il apparaitra plus tard que son mari n’a pas mis fin à ses jours. Caché dans un monastère jusqu’à la capitulation, il va refaire sa vie en Allemagne sous une fausse identité
La jeune femme sera jugée et condamnée en novembre 1945 au terme d’un procès houleux où elle niera tout en bloc, malgré les charges accablantes et les confrontations avec Andrée Gallais et sa fille. N’ayant jamais été séparées, les deux femmes ont en effet survécu à l’horreur des camps nazis et ont été libérées le 22 avril 1945 au camp de Mauthausen par la Croix-Rouge. Elles sont alors rapatriées en France, Andrée Gallais sur une civière, trop affaiblie. La mère et la fille ne pèsent pas plus de 30 kg chacune. Louise Pitois, 41 ans, trop épuisée, est décédée le 10 mai 1945 au camp de Bergen-Belsen, juste avant son rapatriement prévu par les Américains.
C’était il y a soixante-dix ans. Huguette Gallais, Commandeur de la Légion d’Honneur, fait partie de ces rares résistants de la première heure encore présents à Fougères.


 

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Re: Il a 70 ans : la chute du groupe Gallais de Fougères

Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de alberto  Nouveau message 08 Oct 2011, 17:02

Il y a des gens chez qui la défense d'une cause, le désir d'indépendance de la Bretagne en l’occurrence, sert de paravent à leur misanthropie...

Sale histoire que tu nous rappelles là !

Bien à toi.
"Mépriser l'art de la guerre c'est faire le premier pas vers la ruine." (Machiavel)

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