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Re: Resistantialisme et collaborationnisme

Nouveau messagePosté: 01 Fév 2011, 11:36
de Daniel Laurent
Bonjour,
Interessant, Pascal, merci.
Anecdote revelatrice a mettre en face de celle du Parti des 15 000 fusilles... (Euh, c'est 15 000 ou plus, trou de memoire)
Conclusion, mais je me repete, nous n'aurons jamais des chiffres fiables a ce niveau.

Re: Resistantialisme et collaborationnisme

Nouveau messagePosté: 01 Fév 2011, 13:30
de Kristian Hamon
Il s'agit effectivement des effectifs moyens en Bretagne Jardin David. Je ne connais pas ceux des autres départements. Il faudrait en plus faire une distinction entre zone occupée et zone "libre". Mais cela donne un ordre de grandeur de ce que pouvait être la collaboration active. Je ne parle évidemment pas de la collaboration passive. On pourrait également développer sur les effectifs de la Résistance, pas si difficile que cela à établir. C'est surtout un gros travail d'archives et de recoupement, mais il n'y a plus grand monde à s'occuper de ça. C'est bien triste.
Autre sujet de tristesse : ce matin la presse locale annonce le dépôt de bilan des célèbres chantiers naval Sibiril à Carantec. Tous les amis de la Résistance doivent être bien tristes.

Re: Resistantialisme et collaborationnisme

Nouveau messagePosté: 01 Fév 2011, 14:06
de Pierre.S
Bonjour Kristian,

J'apprend la nouvelle de la fermeture des Chantiers SIBIRIL à Carantec. C'est surtout triste pour les hommes qui y travaillaient et les compétences qui vont se perdre. Le chantier actuel, hors le nom, n'avait plus grand chose à voir avec le hangar en tôle où oeuvraient Ernest et son père. Ce hangar existe toujours mais en très mauvais état.

La mémoire du Réseau n'est pas perdue pour autant, il y a actuellement un responsable du musée qui fait un travail de recherche très important et qui continue de collectionner des informations et des témoignages. Nous avons eu l'occasion, à travers ce forum, de croiser la fille d'un "évadé" pour lequel il n'y avait pas beaucoup d'information: un petite pièce est venu complèter le puzzle.

Kénavo,

Pierre

Re: Resistantialisme et collaborationnisme

Nouveau messagePosté: 01 Fév 2011, 14:39
de Cyril
vu a la bibliotheque ce matin
Image

y a les 10 tomes de l auteur

vais certainement les lires

des avis ?

Re: Resistantialisme et collaborationnisme

Nouveau messagePosté: 01 Fév 2011, 14:59
de Gretsch
Je suis moi aussi attristé par la fermeture des chantiers Sibiril... J'ai toujours aimé rôder de ce côté lors de mes visites à Carantec. Mais, comme le dit Pierre, cela ne touchera pas la mémoire du réseau.

Pascal

Re: Resistantialisme et collaborationnisme

Nouveau messagePosté: 01 Fév 2011, 18:34
de norodom
Kristian Hamon :
"Si l'on veut avoir un ordre d'idée du nombre d'adhérents inscrits aux différents mouvements collaborationnistes, ici en Bretagne, j'en ai relevé à peu près 1200 par département. Sachant que la double appartenance était monnaie courante. Il s'agit d'adhérents encartés avec noms et prénoms : RNP, PPF, MSR, etc., Les sympathisants (la masse inerte) étaient probablement plus nombreux."

Pendant mon séjour à Rennes (1966-1978) je m'étais fortement intéressé à l'histoire de la résistance et de la collaboration en Bretagne, au cours de la SGM.
Dans une période plus proche de nos jours, je me suis intéressé aux ouvrages de Christian Bougeard, professeur d'histoire à l'université de Brest...
J'ai fait un rapprochement entre la partie que j'ai soulignée dans la citation de Kristian et la multiappartenance des adhérents des quelques dizaines de partis collaborationnistes acquis à l'Ordre nouveau, cités par Christian Bougeard. L'auteur se livre à une étude des effectifs cumulés, à une analyse de la forte concurrence et les tentatives de noyautage....
Il me serait trop long de développer ici le mécanisme et les raisons de cette multiappartenance, mais je crois avoir retenu que le MSR a connu beaucoup de visiteurs...
Et c'est là que j'en viens à l'intervention de Pascal (Gretsch) dont j'ai souligné les passages et à la question qu'il se pose...


Gretsch :
"Cela me rappelle le début de ma carrière d'archiviste lorsque, travaillant dans une commune de la région parisienne, j'ai été amené à dépouiller un dossier d'épuration... Une grande partie de la population s'avérant appartenir au MSR, une enquête avait été diligentée pour expliquer cette disproportion manifeste. Il résulta de cette enquête que la plupart des membres locaux du MSR avaient en fait cru adhérer à une association municipale en faveur du retour des prisonniers de guerre. Il y avait également le cas d'un résistant infiltré, qui eut bien du mal à faire reconnaître le fait.

Durant l'occupation, le maire de cette ville était un collaborateur notoire, mais également un bon maire. Je suppose que la confiance dont il jouissait avait eu pour effet de convaincre la population du bien fondé de cette association, et donc de les leurrer sur ses objectifs réels. Quels étaient ces objectifs, je me le suis toujours demandé. Gonfler artificiellement les effectifs du MSR ? Dans quel but ? Peut-être quelqu'un ici aura la réponse..."

Ma première remarque a été de m'étonner qu'une population d'un village, dans son ensemble, ait avalé, apparemment de bon gré les couloeuvres que leur a présenté leur maire...
Et puis c'est le MSR qui m'a turlupiné... j'y viens...
Lisez ce qui suit, ce n'est pas de moi, tout est consultable sur internet.

Fin 1940, Eugène Deloncle crée le Mouvement social révolutionnaire pour la Révolution nationale (MSR), soutenant le maréchal Pétain.
Auparavant, en janvier 1935, Eugène Deloncle fonde une organisation secrète, l’Organisation secrète d’action révolutionnaire nationale, surnommée La Cagoule

Si les accusations d'appartenance à La Cagoule concernant François Mitterrand n'ont jamais été prouvées et paraissent plutôt relever de la rumeur, ses liens personnels avec des cagoulards ne font aucun doute. On citera notamment Jean-Marie Bouvyer, le docteur Martin, Gabriel Jeantet ou encore Simon Arbellot.

Son frère Robert Mitterrand épousa en 1939 une nièce d'Eugène Deloncle alors que sa sœur, Marie-Josèphe, marquise de Corlieu, sera de 1942 à 1947, la maîtresse de Jean Bouvyer

Installé à Vichy en janvier 1942, bien que recherché par les Allemands comme prisonnier évadé, François Mitterrand occupe un emploi contractuel d'abord à la Légion française des combattants (LFC) puis en mai 1942, au Commissariat général aux prisonniers de guerres et rapatriés et aux familles de prisonniers de guerre (sous les ordres de Maurice Pinot) dont la compétence est principalement civique et sociale.

A ce stade... ou bien je débloque... ou bien un lien entre le MSR et le CGPG a existé.
Allez les gars, cogitez celà et surtout ne me ménagez pas!

Re: Resistantialisme et collaborationnisme

Nouveau messagePosté: 01 Fév 2011, 22:07
de JARDIN DAVID
Ce n'est pas un lien Norodom, c'est le chaînon manquant ?

Re: Resistantialisme et collaborationnisme

Nouveau messagePosté: 02 Fév 2011, 11:20
de Gretsch
Voilà qui pourrait effectivement expliquer les choses ! :bravo: Merci Norodom pour ce travail d'analyse que je ne pouvais faire à l'époque où j'avais classé ces documents...

Pascal

Re: Resistantialisme et collaborationnisme

Nouveau messagePosté: 02 Fév 2011, 13:10
de norodom
Bonjour Pascal,

"Voilà qui pourrait effectivement expliquer les choses !"
Peut-être... mais ce n'est que le fruit de réflexions personnelles basées sur le constat de situations de coïncidences...

Je suis convaincu que la consultation d'archives (si elles existent encore) portant sur la nature de l'adhésion au MSR, dans le cas que vous avez cité et il pourrait y en avoir d'autres, devrait faire la lumière sur la nature de la participation des adhérents.

Ceci m'amène à vous interroger sur quelques points:

En quelle année se sont situés les faits "collaborationnistes"...en 1942?
Avez-vous eu connaissance du contenu des témoignages des "adhérents"? Qu'elle participation leur était-il demandée?
S'il y a eu un jugement, quel chef d'accusation a été retenu à l'encontre du maire collabo et quels ont été ses arguments de défense?

Vous évoquez le témoignage d'un résistant infiltré, élément qui me conduit à la réflexion suivante:
La résistance connaissait donc cette "association municipale" et ne s'en est pas préoccupée...
Si le MSR était décelé, l'entreprise "municipale" devenait louche et l'on est en droit de se demander pourquoi la population n'a pas été mise en éveil.

Voilà, Pascal, vous m'avez mis "l'eau à la bouche", aussi ne soyez pas surpris de mon insatiable gourmandise... En tout cas, un grand merci pour votre collaboration.

Amicalement,
Roger

Re: Resistantialisme et collaborationnisme

Nouveau messagePosté: 02 Fév 2011, 16:48
de Gretsch
norodom a écrit:En tout cas, un grand merci pour votre collaboration.


C'est volontaire ? :grand-sourire:

Bonjour Roger,

Je pourrai difficilement à présent répondre à la plupart de vos questions, n'ayant plus la possibilité d'accéder à ce dossier (cela remonte à une vingtaine d'années, et j'ai depuis longtemps quitté la région). Et, je le rappelle, je ne l'étudiais pas, je l'inventoriais, ce qui n'est pas du tout la même chose...

Cependant, si je ne me souviens pas de la date exacte, je me rappelle que les gens qui s'étaient inscrits à l'association s'étaient contentés de signer une adhésion, vraisemblablement en 1942, et n'y avaient eu aucune activité. Le dossier n'est pas un dossier judiciaire, il s'agit d'un recensement demandé au comité local de libération. Mon travail de l'époque répondait à une enquête de la direction des archives de France, lancée dans les services d'archives publics au moment de l'affaire du "fichier juif". On n'y trouve donc aucun témoignage direct, juste quelques documents explicatifs, comme un mot du commandant du résistant infiltré confirmant l'adhésion volontaire de celui-ci au MSR (directement, en ce qui le concerne) mais sur ordre et pour la bonne cause. Cela m'avait assez frappé à l'époque pour que je m'en souvienne encore aujourd'hui.

Le maire de la ville a eu la chance (?) de mourir de maladie début 1944, ce qui lui a évité de répondre de ses choix.

Le lien MSR/association n'avait été découvert qu'au cours de l'établissement du dossier d'épuration, pas pendant l'occupation. Enfin, il me semble ; je répète que je n'avais pas étudié ces documents, juste lus pour les identifier.

Je ne citais mon expérience qu'en exemple de motif d'adhésion au MSR, je crains que l'on ne déborde ici du cadre du fil de discussion...

Pascal