Post Numéro: 23 de Kristian Hamon 23 Avr 2010, 23:05
Bonsoir David,
Vous le savez comme moi, les Allemands n'avaient pas pour habitude de publier dans la presse locale le nombre de leurs victimes à la suite d'une opération contre les maquis. Pas plus qu'aux archives, où je n'ai rien trouvé de tel au sujet de Saint-Marcel. J'en reste donc aux estimations recueillies dans les différents ouvrages et articles parus sur le sujet. Vous imaginez 300 à 600 morts, sans parler des blessés ? En général ceux-ci étaient dirigés vers les "Lazaret" les plus proches. Quant aux morts, c'était le carré allemand du cimetière de l'Est à Rennes pour les garnisons de cette ville. Ils seront transférés dans un cimetière allemand de la Manche après la Libération. Quoi qu'il en soit, 600 cercueils cela ne passe pas inaperçu. Il y aurait eu des rapports de police, des RG, ou des autorités locales sur des réquisitions... Vous ne croyez pas ?
"Il me semblait que ni la Milice ni le Bezen n'étaient intervenu dans le secteur mais plutôt les éléments du SD avec le soutien des hommes du FAT(groupe Zelle)"
J'ai du mal à vous suivre là. De quel secteur parlez-vous ? Le 9 juin 44, le SD de Rennes, la SSP et le Bezen investissent le château de Boro en Saint-Vincent-sur-Oust pour enquêter et arrêter les membres dur réseau Var de Redon. Après l'attaque du camp de Saint-Marcel, l'objectif est d'effectuer des rafles dans toute la région pour retrouver les maquisards dispersés. Et ça ne va pas trainer. Le 19 juin à Malestroit, lors d'une rafle, le FFI Julien Lelièvre, trahi par ses chaussures de para anglais est arrêté et affreusement torturé. Il avait combattu la veillle à Saint-Marcel. Le 20 juin, le jeune Albert Trégaro est ramassé par les Allemands à Saint-Marcel puis confié au Bezen au Boro où il sera fusillé deux jours plus tard. Le 22 juin, six résistants sont fusillés à la carrière du Houssac non loin du château de Boro. J'arrête là car il y en aura bien d'autres dans cette région ouest du Morbihan, aux confins de l'Ille-et-Vilaine.
En ce qui concerne Zeller, vous savez ceratinement que depuis que "Henry Armand", chef de l'Abwehr de Quimper, est mort carbonisé dans sa voiture, mitraillée par un avion allié, à Plestan le 10 juin 44 avec quatre de ses hommes et une femme. Son meilleur agent, Zeller a ensuite été nommé pour le remplacer. Début juillet, tout son groupe de l'Abwehr de Quimper est transféré à Pontivy et intégré à la FAT. Leur objectif est de capturer par tous les moyens Bourgoin "Le Manchot", et Marienne. Vous connaissez tout cela. Il y a quand même un rapport avec le Bezen, puisque l'origine de la localisation de Marienne remonte à la rafle effectuée par le SD et le Bezen perrot à Saint-Jean-Brévelay le 9 juillet à la sortie de la messe et où l'on retouve quantité d'ancien FFI de Saint-Marcel. Bref, je n'en dirais pas plus pour l'instant, je viens de finir dans la "douleur" un chapitre de 60 pages sur le seul Zeller !!
Pour le reste, je partage votre avis : les FFI de Saint-Marcel sont une chose, les SAS en sont une autre. Rien à voir entre les deux. Mais vous ne m'enlèverez pas de l'idée que Saint-Marcel a été une erreur. De même que je reste convaincu que les Alliés, et surtout les Américains, qui n'en faisaient qu'à leur tête, ont totalement sous-estimé, et même volontairement ignoré, le nombre et la capacité de combat des FTP.
Tenez, juste un petit extrait de mon travail à ce sujet :
"En ce début du mois de juillet 44, la situation de la Résistance dans le Morbihan est dramatique. Les Allemands, aidés de la Milice et du Bezen Perrot, se livrent à une chasse sans merci contre les « terroristes ».
R. Leroux, tirant les leçons de Saint-Marcel, écrit justement : "Pour les Alliés, la lutte armée clandestine ne peut être organisée à partir d’une base permanente. La notion même de maquis mobilisateur procédait d’une méconnaissance grave des conditions dans lesquelles se trouvait la Résistance. La plus sûre méthode pour gêner l’ennemi sur ses arrières, c’est de couper les voies ferrées, les routes, les lignes téléphoniques, c’est l’action de guérilla menée par des partisans bien armés et connaissant parfaitement le pays. C’est aussi la méthode la moins coûteuse en hommes. La nécessité d’éviter à tout prix les rassemblements et les actions de masse. Pratiquer la guérilla et le sabotage avec l’effectif d’une section maximum.
L’emploi de parachutistes soit par grandes unités soit en mission de combat était une erreur. Les SAS ne ressemblaient pas aux unités parachutées en Normandie qui disposaient d’armement lourd, amené par des planeurs.
Les SAS largués sur la Bretagne pensaient d’ailleurs que leur mission serait de courte durée. Ils pensaient qu’après le regroupement des missions de sabotage, ils mèneraient, conjointement avec les patriotes de l’intérieur, une action de guérilla pendant une quinzaine de jours puis seraient rejoints par l’avance des armées alliées. Or les forces américaines ne pénétrèrent en Bretagne que début août."
Bien sûr, certaines unités d'élites de Bretagne ont déjà ou sont en train de rejoindre le front normand début juin. Mais quand même, il en reste encore suffisamment pour gêner la progression des Américains vers ce qui est leur objectif principal : les ports de Brest, Lorient, Saint-Nazaire.
Bien à vous,
Et merci pour vos critiques, au moins c'est du solide.