norodom a écrit:La raison d'être des forums, en l'occurence celui-ci c'est de vous amener à réfléchir, eu égard aux arguments qui y sont exposés. Celà chacun le sait...
(...)
Il est un point que je tiens à préciser...
Il ne faut pas définir une date du début de l'action des communistes dans la résistance, la majorité y entra dès la première heure. C'est la forme de cette résitance qui varia en fonction du changement de cap germano-soviétiques. Ceci ne devrait faire l'objet d'aucune polémique.
(...)
Bonsoir Norodom,
Je vous remercie de le préciser ! A mon tour de préciser que mon intervention ne concernait
que la datation du tract "Appel du 17 juin" régulièrement balancé sur la Toile et non la date d'entrée en Résistance de nombreux communistes n'adhérant pas à la ligne fixée par la direction du PC.
L'exposé de A.Cornu me conforte indirectement.
Après la Libération, l'acte fondateur - pourrait-on dire - de l'entrée résistance fut le "L'appel du 10 juillet" signé par Maurice Thorez et Jacques Duclos. Chacun connaît ce texte qui porte le titre "
PEUPLE DE FRANCE".
- Premier problème : ce texte n'était pas daté. Qu'à cela ne tienne ! Un numéro de "
l'Humanité" clandestine, daté du 10 juillet, y fait mention en grand titre de la première page :"
Maurice Thorez et Jacques Duclos s'adressent au peuple de France".
Mais voilà, il s'agit d'un faux numéro de "
l'Humanité" clandestine, réalisé dans les années 50, pour forcer l'identification et la datation de l'Appel du 10 juillet. [*]
- Second problème que A. Cornu décrit fort bien : ....
conforme à la ligne de la IIIe Internationale. Celle-ci réduisait la guerre en cours à un affrontement anti-impérialiste. Cela ne permettait pas de cerner la spécificité du phénomène fasciste.... en clair, le texte ne fait pas mention de l'agression et de l'occupation nazie.
Il fallait donc trouver autre chose et ce fut "l'Appel du 17 juin" ! ....
Après avoir livré les armées du Nord et de l'Est... est-il écrit (au participe passé). Le 17 juin ??? Rappelons que l'armistice franco-allemand fut signé le 22 juin (le 24 avec l'Italie) et que le cessez-le feu n'intervient que le 25. Entre le 17 juin et le 25 juin, les armées, celle de l'Est en particulier, livraient encore de furieux combats contre l'envahisseur et n'étaient pas disposées à se livrer.
Un dernier mot sur Charles Tillon, authentique figure de la Résistance ! Charles Tillon se démarqua de la direction du PC dès le pacte germano-soviétique et s'opposa à la ligne "collaborationniste" de l'I.C. dès 1939.
Ainsi -
aie ! nouvelle controverse ! - dans l'entretien accordé en 1981 à la revue "
Histoire magazine" Charles Tillon confie à propos des sabotages :
(...) Il faut vous dire que je recevais un numéro de L'Humanité clandestine avec pour consigne de reproduire le plus grand nombre d'exemplaires possible. Je m'exécutais en omettant d'y faire figurer les consignes de sabotage. Mais je sais que Frachon, qui rapidement en est venu à ne plus me faire de confidences, en faisait parvenir directement de Paris par un service de cheminots. Ceux qui venaient de Paris contenaient bien, eux, les ordres de sabotage
Enfin, sur la Résistance, je laisserai le dernier mot à Laurent Douzou : La Résistance française : une histoire périlleuse. C'est le titre de l'ouvrage paru aux Editions du Seuil, 2005, excellente synthèse de l'historiographie consacrée à la Résistance et les enjeux mémoriels et politiques sous-jacents. Sur "
Livres de guerre", une brève recension de l'ouvrage :
http://www.livresdeguerre.net/forum/sujet.php?sujet=679Bien cordialement,
Francis.
[*] Claude Pennetier et Jean-Pierre Besse, tous deux historiens communistes, collaborant au monumental Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier dit communément Le Maitron (Claude Pennetier en est le directeur) indiquent que "L'appel du 10 juillet" daterait plutôt de fin juillet ou début août (in
Juin 40 : La négociation secrète, Les Editions de l'Atelier/Editions ouvrières, Paris, 2006.)