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Du mythe à la vérité historique : un exemple.

Répondant à l'appel du Général de Gaulle, des milliers de combattants français se lèvent en Europe et en Afrique. Retrouvez ici la 1ère DFL, la 2ème DB, les FAFL, FNFL... Mais aussi celles et ceux qui ont résisté à l'occupant en entrant dans la clandestinité pour rejoindre le maquis ou les groupes de résistants.
MODÉRATEUR : gherla

Re: Du mythe à la vérité historique : un exemple.

Nouveau message Post Numéro: 21  Nouveau message de Stauffenberg  Nouveau message 07 Avr 2010, 11:18

J'interviens à la suite de cette discussion parce qu'il y est question des Glières, qu'on vient de célébrer le 66e anniversaire des combats, et que depuis toujours je me pose une question - iconoclaste - à propos du maquis de Tom Morel.
Je connais bien le plateau. J'y suis monté souvent, en toutes saisons, par tous les côtés. C'est très différent du Vercors, les Glières. Je ne parle pas seulement des dimensions. Aujourd'hui, il y a bien quelques restaurants, mais pas plus de fermes qu'en 1944. A l'époque, en hiver, le plateau était un désert, avec quelques « chalets » d'alpages (de simples granges), peu accessible (les hauteurs de neige peuvent y être considérables), mais un désert, totalement dépourvu de possibilités de ravitaillement. D'ailleurs, j'ai lu que celui-ci nécessitait presque quotidiennement des corvées de plusieurs dizaines d'hommes et un temps considérable dans des conditions difficiles, auprès de quelques pauvres fermes du côté d'Entremont où les paysans n'avaient déjà pas grand chose pour eux.
Aussi, mon iconoclaste question est : était-ce bien raisonnable, du point de vue militaire, d'entasser là-haut, dans l'attente d'un hypothétique parachutage, plus de cinq-cents hommes pour lesquels le plateau n'offrait en plein hiver aucune possibilité de subsistance ?
Accessoirement, était-ce bien raisonnable de s'installer dans les granges, certes un peu plus confortables que les bois, mais indiquées sur les cartes et par conséquent toutes désignées pour faire de faciles objectifs d'artillerie ?


 

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Re: Du mythe à la vérité historique : un exemple.

Nouveau message Post Numéro: 22  Nouveau message de Tom  Nouveau message 07 Avr 2010, 18:11

Stauffenberg écrit :

Aussi, mon iconoclaste question est : était-ce bien raisonnable, du point de vue militaire, d'entasser là-haut, dans l'attente d'un hypothétique parachutage, plus de cinq-cents hommes pour lesquels le plateau n'offrait en plein hiver aucune possibilité de subsistance ?
Accessoirement, était-ce bien raisonnable de s'installer dans les granges, certes un peu plus confortables que les bois, mais indiquées sur les cartes et par conséquent toutes désignées pour faire de faciles objectifs d'artillerie ?


Certes, mais, dans un premier temps, il ne s’agit pas de soutenir un siège, en tout cas des forces allemandes (les seules à disposer d'artillerie et d'aviation), mais de recevoir les armes promises par les Anglais. La mission que le capitaine Romans-Petit, chef départemental, confie, fin janvier 1944, à Tom Morel, chef des maquis, ne consiste pas du tout à créer un camp retranché sur le plateau des Glières, mais à réceptionner les parachutages anglais avec deux cent cinquante hommes au maximum (dixit Romans-Petit en 1945 dans son livre Les obstinés, p. 77).

Seulement, début février 1944, l’envoyé de la France libre, le capitaine Cantinier, persuade les autres responsables de rassembler le plus grand nombre des maquisards sur le plateau afin d'établir une base d'attaque contre les Allemands, qui montrera aux Alliés que la Résistance, sous la direction du général de Gaulle, est capable d'actions de grande envergure. En effet, le 20 janvier 1944, le Bureau de renseignement et d'action de Londres prévoit, entre autres, de former des réduits dans les montagnes françaises…

Cela dit, l’objectif de Tom Morel est toujours, une fois reçu suffisamment d’armes pour équiper tous les maquis du secteur, de descendre du plateau et, au moment du Débarquement qu'il croit proche, de contrôler l’ensemble du massif des Bornes…

Après sa mort, le grand parachutage et le premier bombardement aérien le 10 mars 1944, la raison commanderait aux maquisards des Glières de quitter le plateau avant l’arrivée prévue des troupes de montagne allemandes. Cependant, l’envoyé de la France libre, le capitaine Cantinier, veut à tout prix un combat exemplaire sur le plateau et annonce même, de sa propre initiative, le largage d’un bataillon de paras canadiens ! En outre, depuis des semaines, un duel sur les ondes oppose, sur le sujet des Glières, Maurice Schumann pour Londres à Philippe Henriot pour Vichy. En France, en Grande-Bretagne et en Amérique, on apprend qu'une glorieuse rébellion a éclaté dans le Sud-Est. Manifestement, Glières devient un élément important de la guerre psychologique et comme le symbole de la Résistance intérieure. Le successeur de Tom Morel, le capitaine Anjot, décide alors de se battre bien que sachant ce combat désespéré pour sauver l'honneur en épargnant le plus possible la vie des hommes. L'intention du chef n'est donc toujours pas de soutenir un siège en règle, mais de se replier après un baroud d'honneur...

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Re: Du mythe à la vérité historique : un exemple.

Nouveau message Post Numéro: 23  Nouveau message de Tom  Nouveau message 08 Avr 2010, 13:44

Waiting for the sun... ; j'attendais une réponse...

Bref, voici un petit complément à mon précédent message :

Le plateau des Glières n'était sans doute pas le lieu idéal pour soutenir un siège en règle, mais il constituait un excellent terrain de parachutage (dropping zone) et c'est à ce titre qu'il avait été homologué par une mission envoyée de Londres (composée du lieutenant-colonel anglais Heslop, dit Xavier, du SOE, et du capitaine français Rosenthal, dit Cantinier, des FFL). En effet, ce vaste alpage, sis à 1400 mètres d'altitude au coeur du massif des Bornes, ni trop proche ni trop éloigné des agglomérations, était relativement isolé et présentait de grands pâturages assez plats éloignés des hauts sommets ; de plus, il était facilement repérable d'avion en raison de son alignement sur le lac d'Annecy et de la proximité de la ville de Genève éclairée la nuit...

Le plateau des Glières était alors d'accès difficile (la route actuelle n'existait pas), notamment pendant l'hiver 1943 - 1944 où la neige était tombée en abondance. On pouvait y monter par un certain nombre de sentiers escarpés, mais il y avait tout de même le chemin de l'Essert (chemin vicinal n° 9 achevé en 1931 sur 1290 mètres) qui permettait le passage d'une charrette à cheval et se poursuivait par un sentier muletier... Les sentiers montant à la Rosière et à Monthiévret étaient également muletiers, et les maquisards disposaient de quelques mulets (le corps franc de Thônes, dont mon père faisait partie, était chargé, entre autres, d'une partie du ravitaillement du plateau ; d'abord établi à Entremont, il s'était replié à Monthiévret après l'arrivée des G.M.R. en première ligne le 7 mars)...

Cela dit, dans la mesure où les Allemands surestimaient les forces des Glières (ils pensaient que les maquisards étaient plus de mille, retranchés dans des abris bétonnés avec des armes lourdes !), ils ne jugeaient pas l'attaque du plateau aussi facile que toi ! Un télégramme allemand (traduit en français par l'abbé Truffy) en témoigne :

Objet : OPÉRATION HAUTE-SAVOIE.

Aujourd'hui, le général PFLAUM [le commandant de la 157e division] a effectué une reconnaissance détaillée autour du plateau des Glières. A cette reconnaissance ont pris part le colonel SCHWEHR [le commandant du régiment de montagne], les chefs de bataillon et quelques commandants de compagnie des bataillons de chasseurs de montagne. Le lieutenant Bock a conduit le général PFLAUM et l'adjoint de DE VAUGELAS [le chef des forces de la Milice française], RAYBAUD, dans le dispositif du barrage de la Milice. [...]

Le général PFLAUM, ainsi que tous les officiers présents, se sont rendu compte des grosses difficultés de terrain qui attendent les troupes. Sans le soutien d'armes lourdes [artillerie et aviation], l'entreprise n'est pas possible, car l'ennemi contrôle les hauteurs dominantes et se trouve, en tout temps, dans la situation de déceler tous les mouvements des forces assaillantes et de les troubler à distance par le tir de ses armes automatiques, voire de les repousser. [...]

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