J'interviens à la suite de cette discussion parce qu'il y est question des Glières, qu'on vient de célébrer le 66e anniversaire des combats, et que depuis toujours je me pose une question - iconoclaste - à propos du maquis de Tom Morel.
Je connais bien le plateau. J'y suis monté souvent, en toutes saisons, par tous les côtés. C'est très différent du Vercors, les Glières. Je ne parle pas seulement des dimensions. Aujourd'hui, il y a bien quelques restaurants, mais pas plus de fermes qu'en 1944. A l'époque, en hiver, le plateau était un désert, avec quelques « chalets » d'alpages (de simples granges), peu accessible (les hauteurs de neige peuvent y être considérables), mais un désert, totalement dépourvu de possibilités de ravitaillement. D'ailleurs, j'ai lu que celui-ci nécessitait presque quotidiennement des corvées de plusieurs dizaines d'hommes et un temps considérable dans des conditions difficiles, auprès de quelques pauvres fermes du côté d'Entremont où les paysans n'avaient déjà pas grand chose pour eux.
Aussi, mon iconoclaste question est : était-ce bien raisonnable, du point de vue militaire, d'entasser là-haut, dans l'attente d'un hypothétique parachutage, plus de cinq-cents hommes pour lesquels le plateau n'offrait en plein hiver aucune possibilité de subsistance ?
Accessoirement, était-ce bien raisonnable de s'installer dans les granges, certes un peu plus confortables que les bois, mais indiquées sur les cartes et par conséquent toutes désignées pour faire de faciles objectifs d'artillerie ?