Bonsoir Kristian,
Merci pour les précisions concernant le chef de l'Abwehrstelle de Quimper et ses 4 compères, j'avais trouvé 2 jugements déclaratifs de décès à Plestan lors de mon relevé d'état-civil mentionnant des décès survenus le 18 juin 1944 (et non le 10) : Joseph BONIS (logiquement l'agent Bonis) et Robert QUIRIN (Inscrit Monument Aux Morts de Wasselonne (67) et domicilié à Urmatt (67) mais est-il l'un des agents ?). Rien pour les 3 autres. Je retournerai vérifier... Voilà mon doute en partie comblé. Mais ont-ils été les seules victimes de ce mitraillage ? Y-avait-il d'autres civils sur la route eux aussi touchés ? Quelles sont vos sources ? Idem pour l'agent SCHROTER.
Pour les 7 nord-africains, ils ont tous comme profession indiquée sur leurs actes de décès "marchand forain" (Kaci CHÉHAMI, Amar FERRANE, Hocine OUAREZKI, Amokrane LASSOUAOUÏ, Ali LAKROUT, Mohamed ZEGGANE de Fort-National en Algérie sans domiciles fixes, Mohamed KANEM de Tizzi-Ouzou en Algérie domicilié à Rennes). J'opterai donc pour des marchands-forains arrêtés dans le secteur de Duault lors des rafles menées contre la base Samwest. Cela resterait à confirmer par des témoins se rappelant les avoir croisés dans le secteur.
Je ne sais pas si les 3 non identifiés étaient également nord-africains. Cela reste à déterminer...
Le site du bois de Boudan se compose de 31 tombes (certains corps ont été exhumés), d'un monument commémoratif avec les noms des fusillés et de deux stèles rappelant l'emplacement des 2 fosses.
Pour la fiche individuelle de chaque fusillé, voir le relevé memorial genweb que j'ai complété à l'aide de l'état-civil de Plestan. Les 3 inconnus ne sont pas encore indiqués sur le relevé mais leurs tombes existent et on peut lire "INCONNU" écrit 3 fois sur une des plaques du monument.
(
http://www.memorial-genweb.org/~memoria ... table=bp07)
Voici un petit bilan que j'ai rédigé à l'aide du site du Comité pour l'Etude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord (
http://cerp22.free.fr/Lieuxdememoire22/ ... dan/2.html) et d'un texte de Roger TEXIER intitulé ''Le massacre du bois de Boudan le 13 juin 1944'' rédigé en 1994.
Fusillés du bois de Boudan à Plestan
Le 13 juin 1944, en fin d'après-midi, Madame HENRY rentre du travail et passe par le bois de Boudan pour rejoindre son domicile - Elle est dépassée par une voiture automobile militaire allemande suivie de deux camions - Le convoi va s'arrêter à la hauteur d'un petit layon qui s'enfonce dans le bois - L'officier allemand descend de la voiture - Madame HENRY est apparemment un témoin bien gênant - Elle est frappée, sommée de déguerpir, de ne pas parler sous menace de mort - Elle s'éloigne et entend bientôt les crépitements d'armes automatiques - Elle comprend alors que des otages sont en train d'être exécutés par les allemands, en fait la Gestapo et la Feldengendarmerie de Saint Brieuc (22) - Elle rentre chez elle, terrorisée mais décide d'aller avertir les gendarmes - Leur chef, le chef de brigade CORNOUX décide de prévenir la Résistance - Il se rend avec madame HENRY à l'école publique chez André CORENTIN, de retour d'une mission - Il est 5h30 -
André CORENTIN décide d'aller voir ce qu'il s'est passé au bois de Boudan - Il est accompagné par François LE GOFF dit Cho et Marc CARCAILLET - Ils partent à vélo - Il est 6h15 - Ils trouvent le lieu et avancent avec prudence - Ils découvrent alors une fosse fraîchement creusée de 4 mètres sur 3 - Elle est remplie de cadavres - On peut voir un genou, une main ou un dos vêtu de bleu foncé quidépassent - Les 3 résistants sont horrifiés - Marc CARCAILLET appelle alors ses camarades : "Venez voir !" - Ils découvrent une seconde fosse - Ils retournent à Plestan (22) et vont voir l'instituteur et résistant JOLY -
Il est décidé d'alerter mademoiselle DESCHAMPS de la Croix-Rouge de Plestan (22) - Elle réalise les démarches auprès des autorités allemandes pour obtenir l'autorisation d'exhumer les corps - 25 jours plus tard, la Kriegskommandatur donne son autorisation - Des volontaires se rendent sur place avec le médecin COUPU de Lamballe (22) - 16 corps sont sortie d'une fosse, 15 de l'autre - Certains corps ont les yeux crevés, d'autres sont mutilés - Les corps sont lavés, mesurés et décris minutieusement avant d'être réinhumés dans une nouvelle fosse - Certains sont transpercés par plus de 10 impacts de balles, d'autres ont été étranglés - L'identification s'annonce difficile - Les allemands ont forcé les condammnés à se vêtir de vareuses et pantalons de marins et à se chausser de sabots - Leurs poches sont vides et ils n'ont pas de papiers d'identité - L'un des condamnés a cependant soigneusement roulé un petit morceau de papier à en-tête dans sa poche sur lequel on peut lire : "Pinson fils, commerçant à Callac" -
On sait aujourd'hui que 19 des fusillés ont été raflés entre les 10 et 13 juin autour de Duault (22) où une importante base, la base Samwest, a été montée par les SAS parachutés dans la nuit du 6 juin 1944 et la Résistance - La base est attaquée le 11 juin 1944 et de nombreuses personnes sont arrêtées dans les alentours pour savoir ce qu'il se passe - Elles sont dirigées sur l'école religieuse de Callac (22) réquisitionnée et qui est le siège de la Gestapo - Il sont torturés par la Gestapo aidée de miliciens bretons - Pour les 13 autres fusillés de Plestan (22), 2 ont été arrêtés à une date inconnue (François LE QUERE et Louis LE BASQUE), 7 sont des nord-africains dont on ignore la cause de leur présence parmi les fusillés et 3 corps n'ont jamais pu être identifiés - Il est cependant probable qu'ils ont tous été également arrêtés dans les environs de Duault (22) et torturés dans l'école religieuse de Callac (22) -
Une cérémonie est organisée chaque année le 13 juin au bois de Boudan – Il existe une rue des 31 martyrs au bourg de Plestan (22) -
Un matin de janvier 1968, une ou plusieurs ont brisé 29 des 31 croix de fonte du icmetière des fusillés – La population se rend sur place pour se recueillir.
Concernant l'agent SCHROTER, cela pourrait peut-être expliquer le choix de ce lieu si éloigné pour exécuter ces 31 hommes, pour la plupart des civils, raflés dans le secteur de Duault.