Selon l’historien universitaire Jean-Luc Leleu, dans son étude très sérieuse et solidement documentée
La Waffen-SS (Perrin, 2007, 1237 pages), les massacres perpétrés par la Waffen-SS, et notamment celui d’Oradour, constituent (cf. pages 785 et 790)
« une transposition circonstancielle [mais non fortuite] de méthodes préalablement appliquées à l’est par la division Das Reich ». Pour lui, ils sont le résultat de (cf. page 790) « la concomitance de quatre éléments » :
1) Une mission explicite de répression ;
2) Des consignes du haut commandement appelant au bain de sang (face à la crainte « de voir apparaître un nouvel Etat communiste » sur les arrières de l'armée allemande combattant un débarquement allié à l'ouest et peut-être ensuite un autre au sud de la France !) ;
3) Une grande initiative laissée à la troupe au niveau divisionnaire ;
4) Des cadres et exécutants prêts à appliquer strictement les consignes.
Au fond, (cf. page 794) celles-ci proviennent de l’OKW qui, dans l’urgence - entre le départ programmé pour le front de Normandie des éléments chenillés de la
Das Reich le 9 juin et celui de ses éléments motorisés engagés dans le Massif central le 11 juin - décide, le 10 juin (à Oradour), « une action en guise d’avertissement pour l’ensemble de la population […] [afin de] donner un coup d’arrêt à l’extension de l’insurrection […]. »
Toujours d’après J.-L. Leleu, cette façon de procéder n’est en rien propre aux Waffen-SS, puisqu’elle sera reprise (certes à une moindre échelle), par exemple, par le détachement de la 11e division blindée de la Wehrmacht qui relève la
Das Reich dans la région de Tulle : en effet, « [il s’agit] davantage d’une culture propre aux formations allemandes engagées sur le front de l’Est. »
P.-S. J'espère avoir avoir répondu (merci J.-L. Leleu !
) à la question d'Airborne qui écrivait :
le 10 juin 1944, la 3ème companie du 1er bataillon de panzergrenadier ss de la 2ème Panzer-division ont massacrés toute la population du petit village d'oradour sur glane, cette companie devait faire route en normandie, mais harcelée par les FFI, elle riposta par de sanglantes représailles. Déja le 9 juin à Tulle, 99 personnes avaient été pendues. Au total, 644 personnes ont été massacrées lors de cette journée du 10 juin.
Pourquoi les allemands sont-ils aller jusque là ?
A ce propos (
bis repetita placent), non, le SS-Panzergrenadier-Regiment 4
Der Führer (dont une compagnie du 1er bataillon perpétra le massacre d'Oradour) n'a pas commis ce massacre en représailles à un harcèlement des F.F.I. sur sa route vers la Normandie, mais avait reçu l'ordre exprès du haut commandement du front Ouest de faire un détour par le Massif central pour y accomplir une mission explicite de répression des maquis. Aussi, comme l'écrit l'historien Eberhard Jäckel in
La France dans l'Europe de Hitler (Fayard, 1968, page 460, document à l'appui),
[la division Das Reich] n’a pas été retardée ni harcelée au cours d’une marche forcée vers le front et poussée de ce fait aux représailles. Au contraire, elle avait pour mission expresse la lutte contre les "bandes", ce pourquoi elle avait fait un détour.