Tom a écrit:Tout d'abord, les véritables régimes totalitaires (par ordre d'apparition : l'URSS communiste, l'Italie fasciste, l'Allemagne nazie) ne se sont pas fondés ni appuyés sur les religions traditionnelles ; bien au contraire, ils ont cherché à remplacer ces dernières par des "religions immanentes" (dont le principe supérieur n'est pas transcendant comme Dieu par rapport au monde). L'Italie fasciste n'a signé qu'un concordat (accord à caractère de compromis) avec le pape ; l'Allemagne nazie a combattu les Eglises ; l'URSS communiste les a supprimées. L'Espagne de Franco était un Etat autoritaire, mais pas totalitaire, au sens de régime à parti unique qui confisque toutes les activités d'une société.
Ensuite, le fait d'être "croyant" (en Dieu) n'implique bien sûr pas que l'on résiste forcément au Mal, mais suppose nécessairement que l'on ne se prenne pas pour Dieu et que l'on ne divinise pas un dirigeant ou un système...
En effet, Dieu est l'élément de la vie en vertu duquel le jugement se hausse au-delà des faits d'existence jusqu'aux valeurs d'existence.
A. N. Whitehead
P.-S. J'ai choisi une citation de Whitehead parce qu'il est pour moi un cas limite qui formule un monisme panthéiste faisant de Dieu une réalité immanente de l'existence et de la connaissance, mais agissant aussi dans le monde de manière transcendante par la voie de la finalité.
Désolé, mais je ne partage pas du tout ce point de vue. Pour la simple et bonne raison que le bien et le mal sont des valeurs relatives et que le fidèle, s'il ne se prend pas pour un dieu, suit quand même les préceptes des autorités qui représentent un aspect du divin.
Ainsi, quand Hirohito prônait le
hakkō ichiu, la réunification des 8 coins du monde sous un seul toit, par la
guerre sainte contre la Chine, il le faisait à titre de descendant et de grand-prêtre de la religion d'état (kokka shintō) vouée à la déesse Amaterasu. Les soldats nippons qui égorgeaient les civils et violaient les femmes le faisaient donc au nom du représentant divin et de son autorité sacré puisqu'il était juste que certains périssent afin que s'accomplisse le destin du peuple Yamato.
Quant à l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne, on joue ici sur les mots, puisque si ces régimes autoritaires ne parlaient pas au nom des chefs religieux, ils prenaient tous assise dans leur mystique sur les valeurs traditionnelles de la patrie comme la famille et la religion et incorporaient la religion chrétienne à leur rhétorique en pigeant ça et là les éléments qui faisaient leur affaire. Donc, en suivant le chef et sa doctrine, le citoyen accomplissait indirectement son devoir de bon chrétien. D'ailleurs, les autorités chrétiennes de ces pays ont-elles dénoncé publiquement le régime ?
"Comme chrétien, je n'ai pas à me laisser berner mais j'ai plutôt le devoir d'être un combattant pour la vérité et la justice." Adolf Hitler (The speeches of Adolf Hitler, April 1922-August 1939, Oxford University press)