J. F. Sweets n’est peut-être pas un spécialiste militaire, cependant, par exemple au sujet des pertes allemandes au mont Mouchet, il n’impose pas sa propre approximation, mais écrit pages 222 et 223 de son ouvrage susmentionné :
Les meilleurs travaux historiques sur les affaires du mont Mouchet et de la Truyère confirment les observations de l’officier américain [major Alfred T. Cox in « OSS Aid to the French Resistance in World War II »]. Contrairement aux versions mythiques selon lesquelles « ce fut la plus grande victoire remportée par le maquis français sur l’armée allemande » et qui exagéraient fortement le nombre de pertes des troupes allemandes, Eugène Martres a démontré de manière convaincante que le rassemblement des maquis au mont Mouchet fut une erreur et qu’elle eut des conséquences tragiques (in Le Cantal de 1939 à 1945
, de loin le récit le plus satisfaisant sur le mont Mouchet). Bien qu’ils aient aligné à peu près le même nombre d’hommes que les Allemands (2 à 3000 environ) pour les affrontements proprement dits, et qu’ils aient occupé la partie dominante du terrain, les maquisards n’avaient ni une formation ni un matériel suffisants, même en face de soldats qui n’étaient pas les meilleures troupes de combat allemandes [unités de sécurité : compagnies de légion de l'Est entre autres]. […]
Conclusion de Martres :
« […] Faut-il parler d’une succession de ‘désastres’ ? Ce fut pour le moins de graves échecs. Plus de 350 morts français du 10 juin au 10 juillet dans le Cantal et sur les bordures pour 40 à 50 Allemands, soit une proportion sensiblement égale à celle du Vercors (un à huit). »
En tout cas, l’historien français Pierre Montagnon, qui est, lui, un spécialiste militaire (Saint-Cyrien, officier de parachutistes à la Légion étrangère de 1954 à 1961, entre autres, officier de la Légion d’honneur à titre militaire, lauréat de l’Académie française pour ses travaux d’histoire militaire…) , écrit à ce sujet dans
Les maquis de la Libération :
Pour les Allemands, bien des chiffres ont été avancés : 1400 morts, 1700 blessés ! Un tel bilan, avancé sur la foi d’analyses orientées, ne tient pas compte du rapport des forces, du poids de l’armement et de l’expérience. Le premier compte rendu provisoire de Jesser fait état de 20 tués et 60 blessés. Une estimation finale à 200 morts et 100 blessés s’annonce raisonnable.
Je pense que Montagnon a voulu dire : 100 morts et 200 blessés (et cette estimation me paraît même généreuse ; je pencherai plutôt pour celle de Martres : 40 à 50 morts). Bref, si l’action des maquis a fait souffrir les Allemands, physiquement et moralement, on l’oublie trop souvent (par la terreur panique du terroriste !), la Résistance (et c’est de bonne guerre psychologique pendant la guerre, plus idéologique après !) a toujours largement exagéré les pertes causées à l’ennemi. Voir ma page sur les Glières (mars 1944) :
http://alain.cerri.free.fr/index4.html, où l’on est passé de 400 morts allemands le 7 avril 1944 selon Maurice Schumann à la BBC dans le cadre de la guerre psychologique à… un tué accidentellement selon le rapport n° 369 du 4 mai 1944 du préfet de la Haute-Savoie, qui concorde avec les conclusions de Henri Amouroux, fruit d'une scrupuleuse enquête (
La grande histoire des Français sous l'Occupation, t. VII).