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L'appel du 17 juin 1940 de Charles Tillon.

Répondant à l'appel du Général de Gaulle, des milliers de combattants français se lèvent en Europe et en Afrique. Retrouvez ici la 1ère DFL, la 2ème DB, les FAFL, FNFL... Mais aussi celles et ceux qui ont résisté à l'occupant en entrant dans la clandestinité pour rejoindre le maquis ou les groupes de résistants.
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L'appel du 17 juin 1940 de Charles Tillon.

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de tietie007  Nouveau message 07 Fév 2007, 23:36

Un jour avant De Gaulle, le 17 juin 1940, un communiste français, Charles Tillon, va refuser la défaite, et à l'encontre de sa direction, va distribuer des tracts dans la région de Bordeaux. Ce sera l'appel du 17 juin :

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Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de LENEVETTE Roger  Nouveau message 25 Fév 2007, 13:26

La grande guerre (1914-1918) et la démobilisation

Charles Tillon était Breton. Métallurgiste, comme Benoît Frachon, mais de quatre ans plus jeune, d'une famille sans doute un peu plus aisée que celles de ses futurs camarades, on ne lui connaît pas d'engagement politique précis dans sa prime jeunesse. Mobilisé en 1916, une stratégie pour échapper à l'enfer de Verdun le pousse à s'engager pour cinq ans dans la marine. C'est à bord du croiseur "Guichen", au sein d'un petit groupe d'une demi-douzaine de marins mécaniciens, que va s'éveiller la conscience politique de Charles. A défaut de baptême du feu, il y fera ses premières armes de syndicaliste en obtenant la participation de délégués de l'équipage à l'achat de vivres.
A bord du Guichen, en Méditerranée, la petite équipe de machinistes politisés avait souscrit un abonnement collectif à l'Humanité, le journal de la SFIO. Six mois après l'armistice, salué par des débordements de joie, le Guichen croisait toujours au large de la Grèce, et l'atmosphère était explosive à bord, où les marins supportaient de plus en plus mal l'éloignement de leurs foyers. Pour les mêmes raisons, des mutineries avaient éclaté en mer Noire où croisaient des bâtiments français, intervenant contre la jeune révolution russe. Les marins du Guichen crurent qu'ils allaient appareiller vers la mer Noire, et Charles, qui n'avait pas 22 ans, prit la tête d'une mutinerie, rapidement matée.

Le congrès de Tours et les débuts du PCF
A Rennes,Charles était en contact avec une militante du parti communiste, LouiseBodin, qui luiapprend que le Congrès de Tours a décidé d'inscrire d'office tous les anciens dela mer Noire. Auparavant, il avait dû endurer pendant un an les terriblesconditions du bagne militaire et failli laisser sa peau à Dar Bel Hamri au Maroc.
Il lui faudra près d'un an de convalescence avant de pouvoir travailler.C'est sans doute de ce séjour au bagne qu'il tirera toute la hargne de sa vie demilitant. Agitateur patenté dans toutes les usines où il peut se faire embaucheret d'où il se fait vite licencier, il est élu secrétaire de l'uniondépartementale CGTU et devient permanent syndical en 1924.
Par comparaison avec Duclos et Frachon, les responsabilités que Charles Tillon exerce au Parti sont plus modestes; en 1929, il accédera au rang de secrétaire régional. Mais l'essentiel de son activité reste sur le terrain syndical, avec des conflits sociaux souvent très durs, comme la grève des ouvriers des conserveries, les "Pen-sardines", à Douarnenez, en 1924. Il aura droit, lui aussi, à un certain nombre de condamnations qui frappaient immanquablement les meneurs de grèves. Jusqu'en 1930, Charles reste en Bretagne, toujours responsable syndicaliste dans les milieux de la pêche et de la marine marchande; on lui confiera ensuite le secrétariat de la Fédération CGTU de la céramique et de la chimie.

Les années 30 et le front populaire.
En 1931, Charles Tillon, membre du bureau confédéral de la CGTU, effectue son premier et d'ailleurs unique voyage à Moscou. Il y sera reçu par les dirigeants de l'Internationale, Manouïlsky et Piatnisky. Interrogé avec ses camarades sur la situation au sein du PCF, Tillon fut impressionné par la qualité d'écoute de ces vieux bolcheviques.

Le travail syndical quotidien de la Fédération de la Chimie et de la céramique conduisit Tillon à Limoges où il rencontra Colette, une ouvrière dont il eut un fils Claude. Colette suit Charles à Paris, mais le bébé reste en nourrice à Limoges, car les conditions de vie d'un militant ne laissent guère de temps pour l'éducation d'un enfant.
Les chassés croisés entre la direction du parti et la CGTU sont fréquents: Frachon, responsable des questions syndicales à la direction du Parti est reversé au secrétariat de la CGTU, et Tillon prend un peu de galon au Parti. Il est intégré au Bureau Politique comme suppléant.
Thorez lui fait comprendre qu'il aurait été préférable d'être passé par les écoles de cadres du parti, mais la ligne du moment consiste à faire grimper des militants considérés comme "proches de la base." Tillon reste en effet un militant toujours combatif, encore gratifié, en 1934, de 15 jours d'internement avec sursis pour "outrage et rébellion à agents de la force publique." On lui confie le secteur des chômeurs, de plus en plus nombreux en France, puis, la réorganisation du syndicat des dockers. Dans la Chambre du Front Populaire, Tillon est député d'Aubervilliers. Il est toujours membre du Comité Central, mais il n'est plus suppléant au Bureau Politique. C'est un tournant dans sa vie, car ses mandats politiques lui interdisent de garder des responsabilités à la CGT.

La guerre d'Espagne
Charles Tillon sera également impliqué dans la guerre d'Espagne, non pas dans le cadre des brigades internationales, mais dans la phase finale de la guerre. En mars 39, il est désigné pour faire partie d'une délégation internationale chargée de récupérer des rescapés de l'armée républicaine.
Cette opération fut à vrai dire un fiasco. Acculé à Alicante avec des réfugiés, attendant en vain qu'un navire ami puisse forcer le blocus des phalangistes, finalement aux mains des franquistes, dans l'impossibilité de négocier quelque évacuation que ce soit, Tillon dut sa propre évacuation au nouvel ambassadeur de la France auprès de Franco, un maréchal de France, Philippe Pétain.

1939: Tillon envoyé à Bordeaux.
En raison de son age, Tillon n'est pas mobilisé en Septembre 1939. Après ladissolution du 26 Septembre,sauver le parti, voilà la tâche qui rassemble tous les dirigeants et tous les militants fidèles. "Personnellement, écrit Charles Tillon dans ses mémoires, aussi blessé que je fusse par la cuisine secrète de Staline et le sort qu'il nous infligeait, ignorant des marchandages du pacte, je jugeais que pour préserver l'avenir, il fallait sauver l'appareil clandestin afin que le PC survive...
Le devoir, c'était d'abord de sauver pour un autre avenir le legs de ces vingt dernières années de combats, faites de succès, de défaites, de folies parfois, mais de foi et d'esprit de sacrifice par en bas toujours." Fin septembre, Tillon a perdu le contact à la fois avec Duclos et Frachon. Il en profite pour régler ses histoires de famille. Avec une voiture et un chauffeur du parti, il descend à Limoges chercher Colette et son fils Claude. Il case le fils à Rennes, chez ses parents et remonte à Paris assumer comme il peut les responsabilités qui sont encore les siennes sur le Nord de l'agglomération parisienne.

Fin octobre, il retrouve le contact avec Frachon qui le fait passer en réserve, dans la clandestinité totale. Il se morfond de planque en planque, chambre de bonne dans le 8ème arrondissement, ou recoin dans l'appartement de la famille nombreuse d'un instituteur, fait semblant d'être utile en dépouillant la presse et rédigeant des notes économiques. Colette est restée à Aubervilliers, traînant dans ses déplacements des policiers attachés à ses basques.
Elle arrive à les décrocher pour apporter à son Charles sa boite de peinture. Et puis, un jour, vers le mois de décembre, Georgette Cadras vient le chercher pour l'emmener à Frachon.
Les deux hommes se connaissent bien, s'estiment, mais leur rencontre reste lugubre, nulle lueur ne vient éclairer le ciel de leurs espoirs "Pourvu, disait Benoît, que 'l'oncle Joseph' se renforce sur son sixième de globe."
Le sixième de globe était une périphrase très en vogue chez les communistes pour désigner l'URSS. A l'issue de cet entretien, Tillon partira à Bordeaux, responsable d'un secteur d'une douzaine de départements tombés encore plus bas que la région parisienne.

1940, Responsable de la région de Bordeaux :
Charles Tillon retrouve Colette à la gare de Bordeaux. En Gironde, il ne reste plus qu'un seul responsable en poste, tous les fils sont à renouer. Charles s'établit dans un pavillon à Arcachon, se faisant passer pour un peintre parisien qui a peur des alertes. Il se rend à Bordeaux deux fois par semaine. Germaine Beyer , sa belle soeur, le rejoint à Bordeaux et devient son agent de liaison.
Avec une demi-douzaine d'autres jeunes militantes, elle renoue le contact avec tous les départements du secteur. Une imprimerie est créée pour la diffusion de l'Humanité clandestine. C'est à cette époque que Charles s'attache le service des Covelet . Pas question pour Victor, 58 ans, 107 Kilos, ouvrier tourneur, communiste depuis le congrès de Tours, de révéler à ses camarades ses nouvelles fonctions. Il doit au contraire annoncer qu'il est trop vieux, qu'il raccroche, qu'il doit penser à sa famille.
Les Tillon et les Covelet louent une maison ensemble, près de Bordeaux, au Bouscat. Marguerite Covelet veille sur la sécurité. De dix-huit ans plus jeune que son mari, mais déjà grisonnante, vive et fine, raconte Tillon, femme de tête. On fabrique donc à Bordeaux une édition régionale de l'Humanité. Tillon raconte qu'il censure, les Bordelais ne sauront rien des textes de l'IC qui exaltent "l'amitié des peuples d'Allemagne et de l'URSS cimentée par le sang..."
Au moment de la débacle, Tillon, qui, comme tous les responsables régionaux, avait perdu le contact avec la direction de Paris (Frachon) reçoit la visite de Mounette Dutilleul qui avait fait la jonction à Bordeaux avec Danielle Casanova (vers le 18 Juin). Les deux femmes qui viennent de quitter Frachon remettent à Tillon la somme de 80000F et le testament de "l'oncle" Frachon: en cas de pépin, il devrait assumer la direction du Parti.

L'occupation :
Le 15 juin, le jour où les Allemands entraient dans Paris, Bordeaux avait été l'ultime refuge du gouvernement de Paul Reynaud . Le lendemain, Paul Reynaud cédait la place à Pétain. le 17 juin au matin, alors que les Allemands foncent sur la ville, De Gaulle, secrétaire d'état à la guerre dans le cabinet de Paul Reynaud, parvient à quitter Bordeaux et à s'envoler pour Londres .
Ce même 17 juin, à 12H30 Charles Tillon, dans un ancien moulin de Gradignan, une planque qu'il occupait depuis une dizaine de jours, écoute le message radio-diffusé du nouveau chef d'état "C'est le coeur serré que je vous dit aujourd'hui qu'il faut cesser le combat". Charles remonte à l'étage pour rédiger un tract intitulé "Peuple de France" et dont la diffusion, nous dit-il, commence le soir même.
Ils avaient livré à Hitler et à Mussolini l'Espagne, l'Autriche, l'Albanie et la Tchécoslovaquie. Et maintenant, ils livrent la France, ils ont tout trahi.
Après avoir livré les armées du Nord et de l'est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours de Hitler , livrer le pays tout entier au fascisme.
Mais le peuple Français ne veut pas de l'esclavage, de la misère et du fascisme, pas plus qu'il n'a voulu la guerre des capitalistes. Il est le nombre, uni, il sera la force.
- Pour l'arrestation immédiate des traîtres;
- Pour un gouvernement populaire, libérant les travailleurs, rétablissant la légalité du Parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles, s'entendant avec l'URSS pour une paix équitable, luttant pour l'indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes.
''Peuple des usines, des champs, des magasins et des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins et aviateurs encore sous les armes, unissez-vous dans l'action."
Le premier contact entre Tillon et un envoyé de Tréand eut lieu au début du mois de septembre dans les vignes de Saint-Emilion. Beyer , le beau-frère, est également présent à la rencontre. Roques, un ancien mineur, vint demander qu'on lui remette la liste des principaux dirigeants de la région et des planques utilisées pour le matériel.
L'irascible Charles se fâcha tout rouge et refusa de communiquer les informations demandées. Il avait déjà mis en œuvre dans sa région des mesures de cloisonnement dont la nécessité s'imposera ultérieurement au Parti clandestin.

Octobre 40: De retour à Paris :
L'incartade ne fit pas obstacle à l'avancement de Tillon. En octobre, convoqué à Paris par Frachon, il se vit proposer une entrée au secrétariat. Au même moment, la police de Vichy rentrait en guerre ouverte contre les communistes en arrêtant tous les militants qui s'étaient découverts en suivant les consignes de leur direction.
La politique de légalisation avait viré au fiasco le plus total. La promotion de Tillon résultait à la fois d'un parcours sans faute et de la confiance de "l'Oncle" Frachon qui l'ayant bien connu à la CGTU, voyait en lui l'homme des coups durs et des situations difficiles.
Dans un article que Frachon écrivit pour l'Humanité en 1970, il affirme qu'il avait fait remonter Tillon de Bordeaux pour s'occuper de la lutte armée "C'est vers octobre-novembre 1940 qu'en secrétariat de parti, nous décidâmes d'entreprendre l'organisation systématique de la lutte armée...
Notre choix se porta sur Charles Tillon qui, dès les premiers temps, avait été désigné pour diriger une région importante, celle de Bordeaux. Il venait d'ailleurs, dans cette même région, de créer des groupes d'action. Nous avions baptisé ces groupes "O.S.", ils devaient par la suite devenir les FTPF..."
A la fin de 1940 ou même au début de 1941, il n'est nullement question au sein de la direction de lutte armée contre l'occupant. Les groupes d'O.S. qui ont été créés dans la région de Bordeaux ou ailleurs sont essentiellement un service d'ordre adapté à la clandestinité, donc armé, quand il y avait des armes, destiné à protéger les militants et à châtier les traîtres.
Charles Tillon avait remis la responsabilité de la région de Bordeaux à son beau-frère Beyer et dès la fin décembre, il attendait à Paris qu'on voulut bien lui confier ses nouvelles fonctions. En fait, il ne sera vraiment intégré à la direction qu'au mois de mai suivant et restera même totalement inactif jusqu'à l'entretien qu'il parviendra enfin à avoir avec Duclos au mois de mars.


 

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Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de LENEVETTE Roger  Nouveau message 25 Fév 2007, 13:28

1941 L'épisode de Palaiseau :
A Palaiseau, la communauté Tillon-Covelet s'établit en Février 41 dans un quartier de grande banlieue où se juxtaposent à l'époque des quartiers populaires et des zones de pavillons plus huppés, souvent résidences secondaires de bourgeois parisiens. La maison que Marguerite Covelet avait dénichée répondait aux normes de sécurité qui incluaient une sortie de secours au fond du jardin.
L'agglomération de Palaiseau était tout en longueur, et la maison du 257 rue de Paris en était située à l'extrémité, entre les stations de métro Palaiseau et Palaiseau-Villebon, mais plus près de Palaiseau-Villebon. Laissons Charles Tillon raconter son installation. On est en janvier 41, Charles vit enfermé dans une planque, à Paray-Vieille-Poste, et, en accord avec Arthur , décide de faire monter les Covelet de Bordeaux:
"Quinze jours plus tard, Dallidet m'amenait Victor (Covelet ) dans un petit restaurant de la porte d'Italie... Transis de froid dans Paris, mes amis Covelet m'apportaient des nouvelles reçues de Rennes. Les gendarmes, périodiquement, questionnaient mes parents et repartaient en haussant les épaules: "C'est pour notre rapport, on le recherche plus que jamais, votre fils." J'expliquai à mes Bordelais que je leur demandais de louer un pavillon avec un jardin aussi enclos que possible dans une localité située sur la ligne Palaiseau-Orsay. Ils y vivraient en rentiers craintifs, avec "leur nièce" Colette... La fine Marguerite chercherait dans les agences. Dallidet leur procurerait des meubles d'une ancienne planque de Frachon.
Un mois plus tard, Dallidet, qui serait le seul à connaître la nouvelle adresse du ménage Covelet, m'amenait au 257, rue de Paris à Palaiseau. Une neige récente patinait le sol. On avait quitté la gare précédente les derniers et rôdé avant de venir sonner devant un vieux portail bleu charron délavé. Victor nous attendait. Une cour étroite, deux marches, les amis habiteraient au rez-de-chaussée. Ils jubilaient d'avoir trouvé une bonne planque en passant par une agence et signé un bail avec le propriétaire qui exigeait des locataires "aimant l'ordre et la tranquillité". Justement, les Covelet aimaient ça.
Marguerite se mit à porter un chapeau sur ses cheveux blancs et fréquenta la messe. Enfin, ils avaient tous deux de si bonnes bouilles ! Victor rayonnait: "Regarde cet alignement de poiriers les bras en croix le long de la palissade qui enclôt le jardin, et ces pommiers tout au fond, et ce petit chemin d'amoureux qui permet de rejoindre la route de Villebon et les champs... On pourrait éviter la grand-rue" Il allait soigner le jardin, élever les lapins... Les rongeurs, c'était la nourriture nationale. Je n'avais plus qu'à attendre l'arrivée de Colette. Dallidet avait inspecté les lieux. Le petit portail au fond des quarante mètres de jardin et qui donnait une double issue par un petit sentier entre les haies, ça peut servir...
...(Après une entrevue avec Duclos), je rentrai à Palaiseau, étonné de devoir continuer à vivre comme une endive et me demandant pour quelle raison le secrétariat à trois annoncé par Frachon comme si nécessaire en octobre 40, ne se réunissait pas. J'occupais mon temps à relire ma maigre provision de bouquins et me repaître des "Châtiments" et de "L'année terrible" du Père Hugo, d'où je tirais les vers les plus adaptés aux crimes de 1940 et aux châtiments nécessaires.
Palaiseau, patrie du petit Bara, s'étirait le long de la rue de Paris où les commerçants, comme ailleurs, affichaient le portrait de Pétain dans leurs vitrines vides. Colette était arrivée de Bordeaux. Victor Covelet , maigrissant à vue d'oeil, prenait le métro pour aller à Paris acheter quelques petits pains durs au marché noir. Sous chaque toit, la vie animale dépendait de chaque bouchée comptée en famille. L'antifascisme retrouvait un timide chemin par les ventres affamés..."
Le 257, rue de Paris, qui fut habité au lendemain de la guerre par l'écrivain Jean-Pierre Chabrol, alors jeune journaliste à l'Humanité, a été rasé quelques années plus tard, quand fut percée l'avenue du 8 Mai 1945.
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Portrait :
Quand il s'installe à Limours, Charles Tillon a 41 ans, un an de moins que Duclos et quatre de moins que Frachon. Qu'importe, si fin 41, l'organisation militaire des FTPF n'est à peine plus qu'une idée, tout juste une esquisse, c'est bien la figure du militaire qui se dégage de Charles Tillon. Le menton volontaire, les yeux clairs, Charles pourrait être un colonel de GI's préparant méticuleusement le débarquement. Il ne s'agit pas de passer à la trappe son passé, antimilitariste jusqu'à la mutinerie, ni de réduire abusivement la palette de ses talents à la dominante.
Le récit de la carrière de Charles, déjà riche, résonne comme une suite de campagnes: Il a fait la mer Noire (1919), il a fait la grève de la sardine de Douarnenez (1924), la marche des chômeurs du Nord (1933), la campagne électorale contre Laval à Aubervilliers (1936) et, dernière de ses aventures, la plus amère aussi, Alicante et l'agonie de l'Espagne Républicaine.
C'est en service commandé que Charles est dans son élément. A Thorez , qui lui propose une entrée au bureau politique, en 1932, il répond "Tu sais, moi, je ne suis pas un politique, je suis surtout un organisateur, pourquoi ne demandes-tu pas à Gabriel Péri ?" C'est vrai qu'il n'a pas fait la carrière d'un politique. Au comité central, il est bien l'un des rares à ne pouvoir coucher sur son CV le moindre stage à l'école Lénine . Comme syndicaliste, il n'exerça jamais pour le compte du Profintern, l'internationale des syndicats, une de ces responsabilités, qui valent à l'intéressé, à l'issue de son année passée à Moscou, la confiance des responsables de l'IC ou le contact avec certains services de renseignements soviétiques.
Assurément, Charles n'est pas l'homme des textes de congrès, des revirements à 180 degrés, des fumeuses magouilles pour écarter un supposé trotskiste du comité fédéral de la Meurthe-et-Moselle. Il aime à se sentir en service commandé. Un objectif, des moyens, et il met son bulldozer en marche. Charles est un infatigable travailleur qui met au service de sa mission en plus d'une capacité de travail hors du commun, une hargne et une volonté d'en découdre qui ne s'éteignit jamais à dater du jour où les coups de nerfs de boeuf marquèrent son dos au bagne de Dar Bel Hamri.
Chez les militaires, Charles n'était pas militaire, il était syndicaliste. Sur le Guichen, qui croisait en Méditerranée en 1918, il avait réussi à faire admettre des délégués des matelots pour assister le cuistot lorsqu'il descendait à terre faire les courses. Quelques mois plus tard, pionnier de la culture pour le peuple, il obtiendra l'extension à tout l'équipage du droit de visiter Delphes. Avant d'être syndicaliste chez les militaires, Charles avait voulu faire les Beaux-Arts. Plus tard, il écrivit, d'ailleurs fort bien, un certain nombre d'ouvrages; notre militaire avait bien des cordes à son arc. Son érudition lui valut l'estime de Thorez.
Les témoins qui l'ont connu évoquent le caractère très entier de Charles, euphémisme pour éviter de parler d'un sale caractère. Charles essayait de faire les choses au mieux et supportait mal le laxisme, les démarches tortueuses et les faux-semblants. La colère chez lui montait très vite. Mais Frachon ne l'avait pas choisi pour être diplomate. Voici ce qu'il en témoignera vingt cinq ans plus tard, alors que Tillon est en état de guerre ouverte contre le Parti:
"...C'est vers octobre-novembre 1940 qu'au secrétariat du Parti nous décidâmes d'entreprendre l'organisation systématique de la lutte armée... Notre choix se porte sur Charles Tillon qui, les premiers temps, avait été désigné pour diriger une région importante, celle de Bordeaux. Il venait d'ailleurs, dans cette même région de créer des groupes d'action, nous avions baptisé ces groupes "OS", ils devaient par la suite devenir les FTPF.
Je reçus moi-même Tillon, nous examinâmes ensemble tous les aspects du problème posé, la façon dont il faudrait commencer le travail et le poursuivre. Je lui demandais si cela lui conviendrait d'en prendre la responsabilité, ce qu'il accepta.
Personnellement, je connaissais Tillon de longue date, non seulement comme communiste, mais aussi comme un militant syndicaliste, pas toujours commode, mais expérimenté, combatif et ayant dirigé des grèves pas toujours faciles, elles non plus. Il était, de plus, député et membre du comité central. Etant donnée l'importance prévisible qu'allait prendre la lutte armée et la nécessité que ce soit le Parti, dans son ensemble qui en prenne la responsabilité et agisse en conséquence pour lui donner toute la vigueur nécessaire, il fut convenu que Tillon participerait à toutes les réunions du secrétariat du Parti.
Les discussions avec Tillon n'étaient pas toujours faciles, mais nous savions cela. En définitive, il fut un bon dirigeant des FTP..."
Raph, le frère d'Arthur , rangera plus tard Tillon et Frachon dans la même catégorie des "anars", ce qui même dans la bouche d'un fidèle d'entre les fidèles, n'est pas forcément péjoratif, mais caractérise la trace de réflexes individualistes qui sont normalement sacrifiés aussi bien dans nombre de pratiques religieuses que dans la pratique communiste orthodoxe. Malheur en tous cas à celui sur qui s'abattaient les foudres de Charles le magnifique comme c'est arrivé à un certain Roques, envoyé de Tréand en Septembre 40.
Tillon:
" J'aperçus sur la route un homme qui attendait. C'était Roques, l'ancien mineur, le secrétaire régional du Parti à Nantes, en 1929-30. Un tas de souvenirs, Roques... Il venait de la part de Duclos et de Tréand . Sa mission n'était que de m'informer de la réorganisation de la propagande du Parti... Pour cette "réorganisation", Tréand me faisait demander de lui remettre la liste des principaux militants de la région et des planques utilisées pour la confection de notre matériel... Je l'arrêtai.
-Tu me demandes là, pour Paris, des renseignements dont j'interdis la centralisation, que j'entends laisser partager entre plusieurs équipes. Quoi, vous voulez tout diriger, à Paris ? Vous êtes fous, ou c'est pour me dessaisir de la région qu'on t'envoie ? Vous avez fait quelle révolution là-haut ?
Je voyais le pauvre Roques secouer la tête et ses joues s'empourprer sous les tâches de son visage de jovial rouquin. Il tentait de protester, mais j'étais furieux:
- Ici, on a vu les hitlériens s'installer ici mieux que chez eux et vu aussi ceux qui se jettent à leurs bottes... Nous nous refusons à découvrir nos militants. Pour nous ici, les flics ont peut-être changé leurs menottes de poches en changeant de patrons, rien pour le reste...
... Si tu n'as rien d'autre à me dire, moi, je n'ai rien à te donner. Inutile de continuer la promenade. Au retour, tu diras aux camarades que s'ils désapprouvent ma position comme membre du comité central, je suis prêt à remettre la région à qui ils désigneront et à rentrer dans le rang des antifascistes.
- Tu ne vas pas faire de blagues, Charles me dit Roques en secouant sa tignasse sur son front de mineur, où le charbon avait laissé des zébrures indélébiles.
- On verra bien s'il s'agit de blagues ! au plaisir de te revoir. Tu vas retrouver ton chemin pour la gare, ici, on ne peut pas trinquer au Muscadet comme à Nantes..."
Plus tard, à Paris, Tréand reçut également sa part, mais c'était d'abord Roques qui avait écopé. C'est ça, un caractère entier.
Au cours de sa carrière, Charles a gagné l'estime et le respect de beaucoup de ses compagnons. Il lui manquait cependant un certain sens du contact, et certains de ses proches regrettaient son manque de chaleur. Etait-ce l'effet d'un strabisme divergent qui induisait chez ses interlocuteurs une certaine distance ? Charles est pourtant un sentimental,. il a besoin d'une carapace pour protéger une nature émotive.


 

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Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de LENEVETTE Roger  Nouveau message 25 Fév 2007, 13:34

Le couple Frachon-Duclos :
Sur ce thème de la direction du Parti dans la clandestinité, j'ai mis en ligne de nombreuses pages contenant des extraits de mon bouquin La Direction du PCF dans la Clandestinité (1941-44). De nombreuses pages consacrées aux dirigeants du Parti dans la clandestinité sont accessible à partir de cette page .
Il faut insister sur le fait que le Parti fut dirigé pendant la guerre par deux hommes: Jacques Duclos et Benoit Frachon. Charles Tillon à partir de Mai 41 et Auguste Lecoeur à partir de Mai 42, participèrent également aux réunions à peu près mensuelles du secrétariat, mais ils ne sont présents que le jour même de la Réunion, alors que Frachon est aux côtés de Duclos depuis au moins la veille au soir.
En Août 40, Duclos a été désigné par Moscou comme le numéro un. Il s'agisssait alors de départager entre Duclos et Tréand, mais l'autorité naturelle de Frachon est telle qu'on peut se demander s'il n'a pas été l'authentique inspirateur de toutes les orientations de l'équipe dirigeante. Ceci n'exclut pas la discipline vis-à-vis de l'Internationale Communiste ou de l'URSS.
On a parfois voulu opposer la ligne de Duclos, fidèle à l'URSS, et la ligne de Frachon, plus proche des réalités Françaises. Il est vrai que c'était davantage le rôle de Duclos de communiquer avec Moscou, alors que les responsabilités syndicales de Frachon le poussent à se mettre davantage à l'écoute des "masses laborieuses".
Il est vrai également que Frachon n'avait jamais exercé de responsabilité au sein de l'Internationale et qu'il n'est pas coutumier des séjours à Moscou. Cela n'empêche que l'on ne voit aucun élément qui incite à penser que Frachon ait un jour émis des réserves sur la nature des relations qui unissaient le PCF à Moscou.
En Juin et Juillet 40, les pourparlers avec les autorités d'occupation en vue de la reparution légale de l'Humanité ont été pilotées par Duclos et Tréand, à Paris, alors que Frachon et une autre équipe de dirigeants étaient dans la région de Limoges. D'après le témoignage de Mounette Dutilleul, la majorité de l'équipe Frachon, et Frachon lui-même ont réprouvé la démarche quand ils en ont eu connaissance. Après que le groupe de Moscou ait donné les instructions pour rompre les contacts qu'il avait d'abord encouragé, Frachon revint à Paris et fut pleinement associé à la politique de semi-légalisation qui se conclut par l'arrestation en octobre 40 de milliers de militants et de cadres qui remplirent les différents camps d'internement de Chateaubriand, Compiègne, Eysses...
Pour résumer, de Juin 40 à Août 44, le Parti fut dirigé par un couple pratiquement indissociable, Jacques Duclos et Benoit Frachon, qui faisaient déjà partie, avec Maurice Thorez et Eugen Fried du noyau dirigeant depuis le début des années 30. Duclos est le chef, nommément désigné par le secrétariat de l'Internationale Communiste le 5 Août 1940.
Benoit Frachon a probablement dominé intellectuellement le couple tout au long des années d'occupation. Quant à Fried et Thorez, ils seront, de fait, mis sur la touche: Fried, muté à Bruxelles au début des hostilités pour jouer un rôle de coordinateur sur toute l'Europe de l'Ouest, ne servira, en fait que de boite aux lettres entre Moscou et Paris. Il fut tué le 17 Août 1943 au cours d'une perquisition de la Gestapo.
Thorez, sans doute influent auprès de Dimitrov pour envoyer des directives au Parti Français verra son rôle pratiquement anéanti lorsque devant l'avance de la Wehrmacht sur Moscou, en automne 41, il dut se réfugier au fin fond du Caucase.

Tillon, Lecoeur et les autres :
Il n'est pas possible ici de citer tous les hommes qui gravitèrent autour de la direction. Il en est cependant qu'on ne peut pas ignorer: Charles Tillon, coopté dés fin 40 pour étoffer le secrétatriat, et qui, après quelques mois d'attente sera chargé de mettre sur pied la lutte armée.
Il sera le dirigeant des FTPF. Auguste Lecoeur qui deviendra à partir du printemps 42 le quatrième mousquetaire de la direction, assistera aux réunions mensuelles du secrétariat, et s'imposa comme le grand chef d'orchestre de tout l'appareil du Parti.
Arthur Dallidet, "responsable des cadres" jusqu'à son arrestation, en Février 42, qui construisit sur le terrain le Parti clandestin. Pierre Villon, d'abord chargé de superviser le Front National, puis de représenter celui-ci au sein du CNR et qui s'imposa, après la disparition de Jean Moulin, comme l'homme fort du bureau permanent du CNR et de son émanation militaire, le COMAC.
Jean Jérome, enfin, toujours proche de Duclos jusqu'à son arrestation en Avril 43, qui fut non seulement le grand argentier du Parti, mais qui s'impliqua aussi bien dans la création du Front National que dans les premiers contacts avec la France Libre. En zone Sud, Georges Marrane et Raymond Guyot à partir de Janvier 42 ont joué un rôle de première importance.
Cinq ans de fonctionnement dans la clandestinité, sans aucune perte en ce qui concerne le premier cercle du secrétariat, en maintenant du début à la fin une communication à la fois avec Moscou et avec les différentes instances régionales et catégorielles du Parti, voilà qui représente un cas unique dans l'histoire de la Résistance.

Un appareil clandestin centralisé et morcelé :
Il convient cependant de se poser le question sur le pouvoir effectif exercé par cette direction. La réponse est nuancée: D'un coté, le Parti reste centralisé, les militants acceptent la discipline encore plus facilement dans la tempête. D'un autre côté, la clandestinité pousse vers un cloisonnement qui induit naturellement des tendances locales autonomistes.
Par exemple, Duclos ne connait pas grand-chose de la vie des FTP, mais Tillon ne connait pas grand-chose de la vie des FTP en zone Sud qui sont rattachés directement à Duclos.
Mais la direction des FTP en zone Sud ne sait pratiquement rien de ce qui passe dans le plus grand maquis sous contrôle communiste, celui du Limousin dirigé par Guingouin. Les FTP étrangers, de la MOI (Main-d'oeuvre internationale) dépendent également directement de Duclos.
La diffusion de la Presse reste très centralisée, malgré la multiplication de bulletins spécialisés. Une fois par trimestre, les cadres du Parti reçoivent "La vie du Parti", une trentaine de pages dans lesquelles il est très facile pour les cadres locaux de puiser de la matière pour en faire plusieurs tracts locaux.
L'Humanité Clandestine est tirée, dans l'imprimerie de Gometz-la-ville à un nombre restreint d'exemplaires pour y être diffusée sur les régions, où ils seront reproduits en grand nombre avec les moyens spécifiques des régions. La plupart des groupes FTP ne reçoivent du Centre guère plus que leur organe de presse, France D'abord, et des fascicules techniques, portant par exemple sur les différents types d'armes utilisées par les armées allemande et française. Il est hors de question qu'un maquis installé dans le Jura ou le Massif Central puisse être piloté directement par la Commission Militaire Nationale (CMN) qui se réunit régulièrement près de Palaiseau.

A partir de Juin 41 où il ne fut plus possibles de communiquer à travers les ambassades soviétiques de l'Europe allemande, Duclos fut en contact radio à peu près permanent avec les soviétiques. Dans un premier temps (mais jusqu'à quand Juin 41? Mai 43?), toutes les messages transitaient par Bruxelles, c'est-à-dire par Fried, c'étaient des camarades cheminots qui assuraient le transport.
Par la suite, les liaisons radios ne furent jamais directes avec Moscou, mais transitaient pas l'ambassade soviétique de Londres. Les opérateurs radio étaient souvent des anciens de France Navigation, cette flotte créée par l'IC et le PCF au moment de la guerre d'Espagne.
Il arriva qu'ils communiquèrent entre eux, mais d'une façon générale, les radios étaient strictement réservées aux liaisons avec les Soviétiques ou les Anglais. les liaisons intérieures se faisaient d'homme à homme par le train, ce qui implique des délais d'au moins une semaine entre une quetion et une réponse, avec de très fréquentes pertes de contacts avec tel ou tel, qui pouvait durer plusieurs semaines. A partir de la chute de Trepper, début 43, le même réseau de radios, celui du PCF, fut partagé par le Parti et par les services soviétiques.
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Et Thorez ?
Pas possible de ne pas parler de la dissolution de l'Internationale Communiste (IC et Kommintern, c'est la même chose), en Mai 43, décidée par Staline pour rassurer ses alliés anglais et américain. Les répercussions pratiques furent insignifiantes, mais la nouvelle provoqua un certain choc sur tous les militants et dirigeants: Le PCF s'appelait officiellement la SFIC, Section Française de l'Internationale Communiste, et c'était une source de fierté, pour les communistes d'être affiliés à une internationale.
Lorsque le Parti se construisit une histoire de cette période, l'occasion fut saisie d'utiliser cette dissolution pour refaire la biographie de Maurice Thorez qui était à Moscou depuis la fin 39: Selon la version officielle, Thorez aurait quitté le territoire national à ce moment là pour aller à la réunion de dissolution de l'Internationale.


 

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Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de LENEVETTE Roger  Nouveau message 25 Fév 2007, 13:36

L'installation de Tillon, alias William Rocheteau à Limours

En quittant Palaiseau, Charles Tillon était résolu à ne pas réitérer certaines erreurs qui avaient présidé aux conditions de son séjour au 257, rue de Paris. La proximité avec une station de la ligne de Sceaux résultait d'un mauvais compromis. La tentation était grande de mettre à profit la relative commodité des transports pour multiplier les réunions, alors qu'on pouvait bien se douter que la ligne de Sceaux était aussi surveillée par la police que le métro. Il ne fallait donc pas hésiter à s'enfoncer résolument dans la campagne, quitte à restreindre les contacts du centre avec la périphérie, donc prendre le risque d'en amoindrir la vigueur opérationnelle. Il y eut effectivement un choix délibéré de privilégier la sécurité de la direction. Sa chute aurait été une catastrophe majeure pour le Parti.
A Limours, Charles et Colette sont mariés, comme ils le sont dans la vie. La présence du bébé les dispense de s'abriter derrière la couverture d'un couple âgé, plus rassurant, comme ils l'avaient fait à Palaiseau. Il suffit d'un simple changement d'identité, et de l'invention d'une activité professionnelle: Charles devient William Rocheteau, artiste-peintre, mettant à profit son goût pour la peinture qui l'avait poussé alors qu'il était adolescent, à chercher sa voie dans les Beaux-Arts. Il n'avait, c'est vrai, guère eu le temps de pratiquer, depuis son retour du bagne de Dar bel Hamri, mais, joignant l'utile à l'agréable, il pouvait maintenant s'offrir le petit plaisir d'installer une toile sur un chevalet et d'y étaler des couleurs.
Le déménagement avait provoqué la séparation du ménage Covelet . Victor Covelet restait seul à Palaiseau pour tenir la maison qui allait être utilisée comme lieu de réunion d'abord, puis semble-t-il, comme planque de réserve. Marguerite suivait la famille Rocheteau. Les voisins se souviennent d'elle comme de la bonne de la maison. On faisait en sorte que les dirigeants soient, au moins partiellement, déchargés des soucis domestiques. La présence de Marguerite permit à Colette de collaborer au travail de son mari.
Arthur avait procuré aux Tillon le mobilier nécessaire pour leur nouvelle vie à Limours, signe qu'en cette fin 41, la branche armée du Parti disposait encore de peu d'autonomie, mais par la suite, Charles et sa famille ne furent plus intégrés dans le dispositif clandestin de la direction géré par Raph, après la chute de son frère. Leurs salaires étaient versés par le canal des FTP et non pas par Raph, comme c'était le cas pour le personnel des planques de Forges, Villebon, Longjumeau.
Les enfants: Babie Jacques et son grand-frère
La naissance du petit Jacques fut, en gros, contemporaine de l'installation à Limours. On l'appellera très vite Babie. Le fils aîné des Tillon, Claude, avait été confié aux parents de Charles, à Rennes où il suivait des études normales au Lycée. La situation des membres de la familles de clandestins, enfants, épouses ou parents restés légaux devenait de plus en plus difficile. Les parents, ascendants, descendants, cousins des "terroristes" étaient promis au peloton d'excécution, alors que les enfants de moins de dix-sept ans devaient être déportés. L'urgence de rejoindre la clandestinité se précisait donc pour le jeune Claude. Colette a probablement insisté personnellement pour que Claude fasse le détour par Limours. Elle venait de mettre au monde son deuxième fils, et après les journées d'angoisse consécutives à l'arrestation des frères Dallidet, comment n'aurait-elle pas ressenti le désir impérieux de revoir son fils aîné et de le mettre à l'abri ?
Les circonstances du rapatriement de Claude vers la région parisienne ne sont pas tout à fait claires. D'un coté, Charles Tillon écrit que "ce fut la bonne Marguerite Covelet qui arriva à temps pour l'enlever de Rennes." D'un autre coté, Claude Tillon se souvient que ce fut son oncle, Georges Beyer qui vint le chercher. L'intéressé a sans doute raison.
C'est en mai 42 que Claude bénéficia de ce droit de visite à Limours. Des retrouvailles qui devaient demeurer très discrètes, car, comme rien n'est jamais simple en milieu clandestin, Claude, dont le vrai prénom est Jean André, dit Dédé, n'est pas officiellement le fils de ses vrais parents, mais le filleul de sa mère. Il vient de se fabriquer une nouvelle identité en empruntant le prénom à un copain qu'il aimait bien, et le nom, Loirie, à l'auteur d'un livre qui lui avait bien plu. Claude ignorait à peu près tout des activités de son père, sinon qu'elles étaient clandestines. On lui avait appris à ne pas poser de questions. Charles et Colette ne pouvaient d'ailleurs accorder qu'une confiance limitée à cet adolescent qu'ils n'avaient guère suivi depuis quelques années, alors, ils multipliaient les consignes: ne pas sortir, ne parler à personne, décliner son identité en cas de contrôle. A cela s'ajoutaient, dans le cadre domestique, les consignes pour l'observation de règles d'hygiène à la mode, qui feront fureur à la fin des années quarante, mais qui commençaient déjà à s'enraciner dans la société dés les années 30. On croyait bien faire en préservant un environnement quasi-stérile autour du nouveau-né. On interdisait donc au grand-frère d'embrasser le bébé. Claude ne resta que deux semaines à Limours. Il fut ensuite dirigé dans le département de l'Oise, vers une de ces fermes qu'Arthur et Raph avaient pris soin d'établir au début de la guerre. Claude resta un an dans cette campagne du Nord, partageant ainsi le sort de tant d'autres enfants mis en nourrice par des parents préférant les savoir bien nourris et en sécurité à la campagne plutôt qu'à leurs cotés, en ville. Et puis, il fut rappelé à Limours et passa la dernière année de la guerre dans sa famille. Pour le voisinage, il était Claude Loirie, fils d'un prisonnier de guerre et d'une mère qui travaillait à Paris. Sa marraine, Madame Rocheteau l'hébergeait à la campagne.
Du point de vue de la sécurité, la présence d'un garçon de quinze ans aux cotés d'un dirigeant du niveau de Tillon n'était pas vraiment recommandée. Le regroupement familial des Tillon n'allait pas dans le sens de la sécurité maximum. En 1943, Tillon était assez puissant pour n'avoir à référer à personne de ses initiatives. Il semble bien que Claude n'ait pas été présenté à Raph qui ne se souvient pas, 50 ans plus tard, avoir rencontré un adolescent de 15 ans à Limours.
Pour l'heure, le problème qui se pose est d'occuper un adolescent sans doute pas plus paresseux qu'un autre, mais qui a dû quitter l'école depuis déjà un an sans pour autant retrouver une autre activité régulière. Colette s'efforce de récupérer des manuels scolaires, des cahiers, mais toutes les mères qui se sont essayées à faire travailler leurs fils hors programme savent combien la tâche est rude. Alors Colette demande à Charles de faire quelque chose, et Charles se creuse la tête pour trouver des tâches viriles à proposer à son fils; mais il n'y a pas grand-chose à faire, à part le bois à scier "Et il fallait me le demander deux fois!" reconnaît-il en remuant les souvenirs de sa difficile jeunesse. On ne lui interdit pas formellement de sortir mais il exclu qu'il se fasse des copains de son âge. Seul agrément de Limours, se souvient Claude, le cinéma, charme d'un passé révolu.
Raph, la sécurité et les macaronis
A partir de mars 42, jusqu'à la libération, Raph assura la permanence des contacts entre le chef des FTP et ses camarades du secrétariat. Le premier contact fut loin d'être excellent. Raph et Charles se connaissaient de vue, mais n'avaient jamais travaillé ensemble. Quand Raph se présenta pour la première fois au portail du 7, avenue du Valménil, il y eut ces quelques secondes, chargées du même sentiment de soupçon qu'il avait perçu quelques jours plus tôt chez son amie Flora et Henri Raynaud lorsqu'il était venu leur demander l'hébergement après son évasion miraculeuse des locaux de la P.J. Raph savait qu'il devrait convaincre ses camarades de l'authenticité de son évasion, car en bonne logique sécuritaire, tout évadé était d'abord un suspect, mais ces quelques secondes jetèrent un froid que n'apaisèrent pas, une fois la confiance retrouvée, les remarques que firent Charles sur les circonstances de l'arrestation d'Arthur . "C'est impensable qu'un homme comme lui ait été soumis à l'arrestation... je ne critique personne... Je sais bien que je ne suis que la cinquième roue du carrosse... " Ces propos qui mettaient en cause le système de sécurité qui prévalait aux plus hauts échelons de la direction du Parti pouvaient tout aussi bien être entendus comme une mise en cause de la pratique d'Arthur. Raph vécut également très mal de se voir pris à témoin dans un débat qui aurait dû se dérouler au sein du secrétariat. Troublé, il s'en ouvrit à Jacques Duclos qui ferma aussitôt le débat: "Charles Tillon est un bon camarade."
Par la suite, les rapports entre Charles et Raph restèrent corrects, comme ils le furent, pendant cette période, parmi l'ensemble des communistes. Face aux terribles menaces qui pesaient sur tous les combattants, l'heure n'était pas aux mesquines disputes, et des liens fraternels se sont noués entre les camarades plus qu'à aucun autre moment. Du haut en bas de l'échelle, les mesures de sécurité sont généralement acceptées et appliquées de façon toute militaire, mais quand sonnera l'heure de la discorde, bien des questions resurgiront. Ainsi Tillon supporte mal que les réunions du secrétariat se déroulent chez lui, non seulement à Palaiseau, mais aussi, à Limours, de façon épisodique.


 

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Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de Bruno Roy-Henry  Nouveau message 22 Juil 2007, 23:06

Il semble bien que cette datation du 17 juin pour l'appel de Charles Tillon ne soit pas correcte.

A cette date, il ne pouvait pas savoir que les armées de l'Est allaient être encerclées le jour même...


 

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Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Yves  Nouveau message 23 Juil 2007, 11:40

Il ne pouvait peut être pas le savoir, mais la situation étant ce qu'elle était à ce moment, c'était largement prévisible... non ?


 

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Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de Bruno Roy-Henry  Nouveau message 23 Juil 2007, 12:00

Non. Au mieux, Charles Tillon ne pouvait bénéficier que des informations parues dans la presse dans la matinée du 17 juin 1940.

Et notamment du communiqué du GQG daté de la veille au soir, faisant état de l'avance allemande vers la Loire et Dijon, sachant que les armées de l'Est étaient en cours de repli.

Pour qu'elles aient été "vendues", cela signifierait que leurs hommes étaient prisonniers de guerre, malgré une belle résistance jusqu'à la signature de l'armistice le 22 juin 1940. Information non-disponible avant le 23 juin.

Le sort de ces armées fut effectivement scellé par la signature de l'armistice dans la clairière de Rethondes qui prévoyait que toutes les troupes françaises, encerclées à l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, devraient déposer les armes et se constituer prisonnières...


 

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Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 23 Juil 2007, 12:40

Bonjour,
Doublon total, messieurs...
Qu'un moderateur transfere, merci d'avance.
http://www.debarquement-normandie.com/p ... c&start=60

Tietie, fait un peu de recherche avant de creer un fil. Tu viens de publier ici un document qui est deja au moins 3 fois sur le forum...
;)


 

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Le 17 mai 1940

Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de LENEVETTE Roger  Nouveau message 23 Juil 2007, 18:31

Pour répondre à ceux qui s'interrogent, je reprends ci dessous les écrits de Charles Tillon lui-même qu'on peut retrouver dans son livre "FTP Soldats sans uniforme". Qui pouvait mieux que lui répondre à ces questions. Je lui passe donc la parole.
Amitié à tous
Roger

" Déconsidéré par le pacte germano-soviétique, le parti communiste s'est décomposé. Dés octobre 1939, Frachon* ,demeuré seul à Paris, dispose d'un secrétariat sans moyen. Les planques font défaut. Il me demande de partir à Bordeaux pour essayer de conserver des liaisons dans la région du Sud-Ouest, des Pyrénées à la Rochelle. Il attend des informations de Duclos. L'essentiel est de sauver des cadres restés fidèles à leur passé, mais politiquement déboussolés. Je lui dis que pour ma part, je n'agirais que selon mon jugement. Avant toute chose conserver des liens avec la classe ouvrière.
• Benoît Frachon, un des secrétaires de la C.G.T. dite apolitique, était aussi membre non proclamé du bureau politique du P.C.F.

A Bordeaux, j'étais connu de vieux amis du mouvement syndical. Comme moi, ils rejetaient le pacte germano-soviétique et estimaient que la guerre devait commencer vraiment si nous voulions vivre.
Ainsi des centaines de camarades ne démissionnent pas dans les dix départemennts dont j'ai pris la charge en octobre 1939. Ils attendent un signe, une explication, un mot d'ordre, une raison d'agir. Cette solidarité nous permet de faire face au fascisme hitlérien.
Bordeaux surpeuplé de diz aines de milliers de fuyards n'est plus qu'un monstrueux capharnaüm.
Le 15 juin Paul Reynaud vient de s'en remettre à Petain en jetant son phantôme de ministère et les élus des Chambres en chienlit sur les routes. La radio donne à croire que le Président Herriot, suprême espoir, peut éviter que Pétain et Laval ne proclament dans Bordeaux leur allégeance aux vainqueurs. Notre petit secrétariat clandestin de trois communistes décide que j'écrirais en tant que député, une lettre au Président de la Chambre, demandant qu'il s'opposeà la capitulation, qu'il lance un appel à la Nation. La déléguation auprès de la présidence comprend : Covelet, le cheminot Sabail, le Parisien Sautel et sa femme **. Aussitôt menacée d'être arrêtée, la délégation réussit à échapper à la police.
** En 1941; Dautel sera fusillé ainsi que Sabail, dont la femme mourra en déportation (voir "On chantait rouge, Laffont)
Un geste sans relief assurément, mais qui nous engage à réagir plus avant pour entraîner les camarades fidèles au devoir de ramer à contre-courant dans cette défaîte dont tout Bordeaux s'englue. Le 16 juin, on dit que Pierre Laval et le maire Marquet travaillent au corps les députés et sénateurs, entassés dans les hôtels de la ville.
Le 17 juin, à midi-trente, Pétain annonce à la radio : " Français, Françaises, il faut cesser le combat entre soldats et dans l'honneur Je fais don de ma personne à la France! ".
Soudain, dans le vieux moulin de Gradignan, je me retrouvais dans ma peau de révolté de 1919 à bord du Guichen, mais cette fois, en charge de me sentir encore le Député d'Aubervilliers. J'imaginais la horde à croix gammée s'avançant vers Bordeaux, où je savais que Laval s'apprêtait à recevoir les vainqueurs afin de leur offrir un pouvoir autour d'un maréchal toujours fier de ses morts de Verdun..
Je ,n'imaginais que j'étais en même temps, ren train de me détacher de la direction de ceux qui comme Duclos et son appareil de Belgique, attendaient les consignes de Moscou. Je me mis à écrire, sur un bout de table, que je n'acceptais pas la trhison de Pétain et des siens. Je fis porter ma déclaration par Henri Souques, mon logeur, à Paulette Lacabe, qui tapait nos tracts dans Bordeaux. Elle en témoigne toujours. Celle là allait être reproduite, sans attendre, en tract avec pour titre mon seul recours : APPEL AUX TRAVAILLEURS. Ce tract rédigé le 17 juin 1940, après la déclaration de Pétain à l'envahisseur, ne traduit que le sursaut d'un esprit de classe qui ne capitulera jamais. Et l'espérance que des élus de la Nation refusent aussi d'abandonner leur dignité. Ce dont je me sentais sûr en écrivant ces lignes, c'était que pour moi, elles avaient valeur de serment.

L'APPEL DU 17 JUIN 1940

Les gouvernants bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini l'Espagne, l'Autriche, l'Albanie et la Tchécoslovaquie … Et maintenant, ils livrent le France. Ils ont tout trahi.
Après avoir livré les armées du Nord et de l'Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours de Hitler, livrer le pays tout entier au fascisme. Mais le peuple Français ne veut pas de l'esclavage, de la misère, du fascisme. Pas plus qu'il n'a voulu de la guerre des capitalistes. Il est le nombre : Uni il sera la Force.
Pour l'arrestation immédiates des traîtres ; pour un gouvernement populaire s'appuyant sur les masses, libérant les travailleurs, établissant la légalité du parti communiste, LUTTANT CONTRE LE FASCISME HITLERIEN et les 200 familles, s'entendant avec l'U.R.S.S. pour une paux équitable, luttant pour l'indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes.
Peuple des usines, des champs, des magasins et des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, UNISSEZ VOUS DANS L'ACTION !

Cet appel, d'abord diffusé dans Bordeaux et sa région, est tiré à répétition par milliers d'exemplaires et envoyé dans les départements du Sud-Est, où je suis en relation avec des camarades partageant mes sentiments. Le 18 juin, il est répandu clandestinement dans les hôtels où résident des parlementaires. Et le jour où les Allemands entrent dans Bordeaux, les tenanciers des kiosques en glissent dans les journaux. Un exemplaire original existe eu Centre Jean-Moulin de Bordeaux.
Pour ne pas douter du lendemain, il faut faire avant tout confiance à ceux qui nous feront confiance.
Nous ne sommes sûrs dans le Bordelais que de quelques dizaines de communistes qui militent encore. Pourtant la trahison proclamée et la lecture des tracts redonnent vigueur à d'anciens activistes. Il en est qui s'en souviennent encore. Ainsi, d'anciens guérilleros espagnols vivant en France, avec les dockers du port diffusent notre tract.
L'Appel aux travailleurs, improvisé et diffusé sous le coup de la trahison ouverte de Pétain, le 17 juin 1940, nous laisse dans Bordeaux, capitale de la déroute, avec la responsabilité de ne pas l'oublier..

Le 21 juin, une déléguation de trois femmes qui fuient Paris, arrive par les chemins de l'exode et dremande à me rencontrer. Danièle Casanova, que je connaissais, vient me dire de la part de FRACHON, qu'il a pris la route de Toulouse, en un mot que de ce qui subsiste du secrétariat du parti se replie.. Je dois me tenir en condition de le remplacer s'il lui arrive de ne pouvoir assurer ses fonctions.
Je remets à la déléguation, l'Appel qui circule toujours. Elle l'approuve et quitte Bordeaux par le dernier car à destination de Toulouse. La coupure de la France en deux zônes va devenir effective. Paris se voit consacré capitale de l'armée d'occupation.

Nous ne savons rien, naturellement, de ce qui se passe hors de Bordeaux.
Nous ne savons qu'une chose : Des Français nous livrent aux mains de Hitler et la police de Bordeaux continue la chasse aux anciens du parti communistes dans tous les quartiers. Seuls, ceux qui possèdent un solide poste de radio sont en mesure d'écouter Londres, et bien peu de Français ont entendu, le 18 juin, le premier appel à ne pas désespèrer du Général De Gaulle, le jour du sombre anniversaire de la bataille de Waterloo : " La France a perdu la guerre… La guerre sera gagnée, avec des Alliés capables de dominer les puissances de l'Axe*** ". La Résistance parle de Londres d'abord. Mais la question est posée aux Français d'espèrer qu'ils resteront Français. C'est la question que me posent aussi mes plus proches amis.
*** J'ai dit dans "On Chantait rouge", en 1977, comment et pourquoi je n'entendis que plus tard l'appel du Général qui, je l'ignorais aussi, avait quitté Bordeaux pour Londres le 17 juin.


 

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