Loïc Charpentier a écrit:Bonjour,
Si je plussoie au rappel historique formulé par Morel, hier, au post N°997, il y a, néanmoins, un point qui est sujet à caution...Le Kaiser Guillaume II ne fut jamais condamné pour les crimes de guerre de WW1 car jamais extradé par le royaume des Pays Bas et les responsables de nombreux crimes commis par les allemands ou par les turcs ne furent jamais jugés non plus.
Déja, parce que tenter de définir avec précision, qu'elles avaient été les nations, à l'été 1914, initiatrices du 1er conflit mondial, tient de l'exploit!
En fait, çà avait été une suite de "ralliements" complexes engendrées par les nombreux accords réciproques de défense ratifiés au cours des décennies précédentes. Si on tente de simplifier, au départ, on a la déclaration de guerre de l'Empire austro-hongrois à la Serbie, après l'Attentat de Sarajevo et le refus serbe de son ultimatum du 23 juillet - sachant que, derrière tout çà, il y avait, en arrière-plan, les deux guerres balkaniques de 1912 et 1913 -. Dans la foulée, la Russie, qui avait une alliance militaire avec la Serbie, avait déclaré la guerre à "l'Autrichon Gris", ce qui avait amené l'Empire d'Allemagne, dans le cadre de la Triplice, à s'aligner aux côtés de l'Autriche, puis çà avait fait boule de neige, via l'Entente Cordiale et autres traités, en France et en Grande-Bretagne, pour les mêmes raisons. Je rappelle juste que l'Italie faisait, alors, partie de la Triplice, mais comme il existait un vieux passif territorial avec l'Autriche, elle avait fini par retourner sa veste et se rallier au camp russo-franco-britannique.
En gros, une chatte n'y retrouverait pas ses petits et, de toute manière, l'Europe était devenue une vraie poudrière, depuis le début du siècle et même un peu avant, avec, par exemple, les prises de positions allemandes, lors de la Guerre des Boers et l'Affaire du Maroc, des mêmes allemands avec la France. Il y avait juste eu l'intermède de la Révolte des Boxers, en 1900-1901, où tous les européens s'étaient mis d'accord pour taper sur les Chinois!
Il n'était pas dans les mentalités de l'époque de traduire des dirigeants politiques vaincus devant un quelconque tribunal. Charles 1er avait abdiqué le 11 novembre 1918, quelques jours plus tard que Guillaume II (9 novembre 1918), tandis que les bolcheviques avaient exécuté le Tsar Nicolas II et sa famille, en juillet 1918.
Dans le Traité de Versailles, en partie VII "Sanctions", l'article 227 prévoyait, effectivement, la mise en accusation publique de "Guillaume II de Hohenzollern", avec une requête adressée au Gouvernement des Pays-Bas pour le "livrer", mais, dans les faits, c'était juste une déclaration de principe pour satisfaire aux exigences de certains revanchards, car tous savaient très bien que les Pays-Bas n'y donneraient jamais suite et, l'air de rien, s'il y avait eu réellement procès, çà n'aurait pas été simple .
Permettez moi d'être en désaccord avec votre méthode.
D'une part fonder une analyse sur des états d'esprits, des croyances, des opinions n'est pas, à mon avis, une approche historique scientifique mais relève d'un débat politique et d'autre part je pense que vous traitez de sujets différents :
- 1 : Les "nations" en conflit (j'aurais préféré les "Etats" car le sentiment national n'existe pas partout) ;
- 2: La responsabilité juridique de Guillaume II.
Pour ma part c'est le point n°2 que j'évoque quand je veux rappeler que les responsables de crimes de guerre de la WW1 n'ont jamais été traduits en justice et que cela constitue un précédent montrant clairement que l'impunité est de mise car comme vous le dites, il est clairement énoncé dans le Traité de Versailles que "les responsables de crimes de guerre devront être jugés", Guillaume II y est nommément désigné comme devant l'être mais il est factuel et indiscutable que cela n'a pas été le cas.
Je ne vois pas là "un point qui [soit] sujet à caution".
Je considère donc que mon argument n'est pas remis en question et que les responsables de crimes de guerre de la WW2 se considéraient comme "intouchables".