A l'ordonnance du 15 septembre 1944, il convient, aussi, d'associer la loi d’amnistie (des Alsaciens-Mosellans) votée en urgence par les députés français, le 21 février 1953, suite au verdict du Procès de Bordeaux, prononcé le 12 février et au tollé général qu'il avait provoqué en Alsace - tous les maires ayant, en signe de protestation, expédié leur écharpe d'édile à la Présidence de la République! -. En fait, sur le banc des accusés, à l'ouverture du Procès, le 12 janvier précédent, il n'y avait que des "lampistes", sept soldats allemands- dont le Feldwebel Karl Lenz, "le plus haut gradé"- et quatorze Alsaciens "Malgré-Nous", dont la plupart avait, alors, au moment des faits, en juin 1944, souvent moins de 18 balais !
Il s'agissait, incontestablement, d'un "crime de guerre" perpétré sur des civils non armés, de même que les Pendaisons de Tulle, quelques jours plus tôt, qui était en totale contradiction avec les Conventions de Genève, mais çà s'arrête-là. Militairement parlant, la DR avait des priorités à respecter pour rejoindre le plus vite possible le Front de Normandie, or les maquis français avaient été rameutés pour, justement, retarder sa progression.
Le problème est que les partisans et franc-tireurs, une fois l'embuscade menée, s'égayant vite fait dans une campagne qu'ils connaissaient du bout des doigts, on leur mettait difficilement la main dessus, d'où le recours, en temps de guerre, à la méthode vieille comme le monde des exécutions pour l'exemple de civils!
Du temps de la Guerre de Cent ans, l'histoire des six bourgeois de Calais, en 1347, est un exemple parfait de la nécessité de trouver ou fournir des victimes expiatoires, sauf que, eux, avaient eu la chance d'être épargnés! Car çà "fonctionnait", aussi bien pour une place qui refusait de se rendre qu'à l'occasion d'embuscade locale. Pire, les troupes en retraite faisaient bien souvent subir plus d'exactions à la population locale, que leurs vainqueurs!
En 1870-1871, l'armée "prussienne" s'était, ainsi, retrouvée, en pénétrant sur le territoire français, notamment après la déroute de l'Armée française à Sedan, fin août 1870, à devoir régler brutalement les actions isolées des franc-tireurs, très largement encouragées par la toute nouvelle IIIème République, dont les dirigeants, eux, s'étaient prudemment empressés de se réfugier à Tours, puis à Bordeaux! La résistance française à tout occupant est une longue et vieille tradition, mais, bien souvent, elle a été instiguée à l'initiative du pouvoir en place ou provisoirement replié ou réfugié.
On en parle peu, mais en 14-18, l'armée impériale avait été confrontée aux mêmes problèmes, sur ses lignes arrières, notamment dans le Nord de la France, avec, à la clé, des répliques toutes aussi brutales et définitives.
Militairement parlant, ce sont des situations très compliquées, surtout quand on ne parvient pas à mettre la main sur les intervenants directs. Les Conventions de Genève, alors en vigueur, étaient, déjà, bourrées de "arcanes juridiques" complexes pour tenter faire la distinction entre une bande de "terroristes" et une formation "légale" de franc-tireurs, sensés, une fois capturés, être reconnus comme prisonniers de guerre et traités comme tels.
Pour faire bref - voui, je sais, venant de moi, çà fait doucement marrer! - le "Crime contre l'Humanité", lui, implique une intention avérée d'éradication systématique de la population. Ce qui n'avait été en aucun cas, celui de la DR, qui, après les terribles exemples de Tulle, puis d'Oradour-sur-Glane, avait pu rejoindre le front de Normandie, sans plus rencontrer d'opposition locale, l'ordre ayant été passé, après Oradour, aux maquis FFI & FTP de ne plus chercher à retarder sa progression! Arrivée en Normandie, ses pertes au combat avaient, d'ailleurs, été très vite monumentales. La compagnie, à laquelle appartenait un vieil ami "Malgré-Nous", désormais décédé, avait, ainsi, fondu, en 72 heures, de 75% de son effectif et, lui-même, allant soulager sa vessie, avec d'autres camarades, entre deux salves d'artillerie, en sortant de la cave d'une ferme où ils se planquaient, sera fait prisonnier, puis expédié aux States, où il jouera, après le passage par le camp de prisonniers, le cowboy, au Texas, en y prenant 20 kilos - c'était un beau "bébé"! -. Il était bien parti pour, à la fin de son statut de PoW, en 1946, espérer décrocher une "Green Card", sauf qu'il fallait, désormais, faire de la place aux démobilisés et qu'il avait réexpédié, manu-militari, vers la France! A l'époque, la gendarmerie française, depuis le port du Havre, avait des consignes pour distiller très discrètement, dans les trains de nuit, les anciens "Malgré-Nous" alsaciens-mosellans, afin de les acheminer vers leur région natale.
il convient de ne jamais oublier que 131 000 alsaciens-mosellans avaient du servir dans la Wehrmacht- sans compter les jeunes femmes! -, soit, au minimum, 10% de la population, alors, existante! Qu'ils n'y pouvaient mais et que leur premier souci étaient de s'en sortir, le plus possible, indemnes. Amen!