Plus d'un an à rechercher les preuves d'une affabulation, d'un imposteur, même si cette démarche nous aura (m'aura) apporté des griefs vis à vis de la famille, de proches, voir d'élus au vu de la position honorable de cette personne dans la région. Fallait-il se taire ?
Rien ne peut arrêter, voir transformer le courant de notre histoire et surtout la mémoire qui nous a été transmise par ces nombreux résistants, torturés, déportés et fusillés.
Notre engagement sincère dans ces diverses associations, ne peut que nous encourager à dénoncer même plus de soixante ans après, toutes calomnies, toutes affabulations, toutes impostures et surtout tout révisionnisme.
Historique de nos interventions suite à l’article
de la Tribune du jeudi 07 avril 2005.
Cet article d’une page relate les faits de guerre du Docteur XY (1) avec pour titre :
Un secret bien gardé.
(1) (XY) Afin de préserver l'anonymat par respect pour la famille. XY est décédé en 2009
Dans ce journal, lu par nombreuses personnes, il est interviewé sur son passé pendant la dernière guerre. Il fait un récit détaillé de ses actions au sein de l’OCM (Organisation Civile et Militaire), de son arrestation et de sa déportation au camp du Struthof.
En juillet de la même année il relate tous ces faits dans un mémoire intitulé « Ma Guerre 1940-1944 »
Dans ses déclarations et récits, les Déportés de Vaucluse ont révélés des inexactitudes, telle que le tatouage fait au camp du Struthof , ils nous ont demandé de faire toute la lumière sur ce cas. D’autant plus que Monsieur XY, depuis ces révélations assiste aux cérémonies commémoratives aux côtés des déportés, a adhéré aux « Amis de la Résistance » ainsi que depuis le 16.01.2005 dans notre association des Familles de Fusillés, Déportés, Internés, Résistants et Patriotes en tant qu’Ami et non en tant que déporté. (en attente de nous fournir des justificatifs sur sa déportation)
Nous avons demandé à plusieurs reprises à Monsieur XY de bien vouloir justifier sa déportation par la délivrance de cartes ou justificatifs, ce dernier ripostant que ses papiers avaient été détruits lors d’une inondation dans sa maison. Malgré que nous lui avions fait part qu’il pouvait avoir un duplicata de ces pièces, il n’a daigné à ce jour en faire la demande.
Vu la demande persistante des Déportés et Internés du Vaucluse, nous avons engagé des recherches auprès des témoins des camps d’extermination et plus précisément ceux ayant été au camp du Struthof. (Jean Villeret et Roberts Steegman)
Nous avons également relu le témoignage en notre possession de Jean Gontier « J’ai pleuré trois fois », déporté au Struthof Natzviller/Bergen Belsen et Neuengamme – Demeurant dans notre commune.
Contacts avec divers déportés :
Des témoignages oraux, nous ont confortés sur les dires de nos déportés de Vaucluse, qu’il n’y avait pas de tatouage au camp du Struthof (seul les 86 juifs étaient tatoués, en provenances d’Auschwitz)
En août 1943, 86 Juifs dont les corps étaient destinés à la constitution d'une « collection » de squelettes pour le professeur August HIRT de l'université du Reich à Strasbourg, ont été transférés d'Auschwitz à Natzweiler pour y être gazés.
Lettres adressées :
1/ Une lettre en date du 10 octobre 2005 a été adressé par Le Vice Président Michel Reboul à Monsieur Max NEVERS , Président de l’association des déportés et familles du Struthof.
« N’ayant aucune réponse un mois après la transmission de cette lettre, j’ai pris la décision d’appeler cette personne par téléphone. Au vu de sa voie, j’ai bien compris que son âge avancé ne lui permettait pas de nous répondre comme nous l’entendions, mais il m’a déclaré qu’il n’y avait pas de tatouage au Struthof et que lui-même ne l’était pas. » (Pièce n°1)
2/ Suite à notre demande effectuée par André Bergeron (Résistant-Interné, grand blessé lors de la Libération de Paris), en date du 06 décembre 2005 des documents nous ont été transmis par la FNDIRP de Paris sur le Mémorial de tous les déportés recensés par la Fondation pour la Mémoire de la déportation.
Une liste nominative des déportés (NN) (1), arrivés à Natzweiller Struthof courant janvier, nous est communiquée :
Trois convois sont concernés : celui du 06/01/1944 , 59 hommes immatriculés 6818 à 6876 : celui du 13/01/1944, 66 hommes 6947 à 7012 et celui du 27/01/1944, 30 hommes immatriculés 7150 à 7119.
(Pièce n°2)
(1) NN : Nuit et brouillard (en allemand Nacht und Nebel, NN) est le nom donné au décret du 7 décembre 1941 signé par le maréchal Wilhelm Keitel et qui ordonne la déportation pour tous les ennemis ou opposants du Reich. Par conséquent, toutes les personnes représentant un danger pour la sécurité de l'armée allemande (saboteurs, résistants) seront transférées en Allemagne et disparaîtront dans le secret absolu.
NOTE : Dans l’article, XY déclare qu’il a été déporté en janvier 1944 sous le n° 43360 : cette date et ce numéro, ne correspondent pas avec les numéros d’immatriculation initiaux pour le mois de janvier 1944 : 6818 à 7119
Une lettre en date du 30 décembre 2005 est adressée par Mme Raymonde d’Isernia, Présidente de l’ADIRP de Vaucluse, à la Direction de la Mémoire du patrimoine et des Archives à CAEN (14), pour une demande de vérification sur les renseignements fournis par Monsieur XY, au vu de l’article de La Tribune. (Pièce n°3)
Réponse du service cité ci-dessus : Monsieur XY est inconnu de ce service (pas de trace dans les archives). (Pièce n°4)
Le 28 mars 2006, un courrier avec pièces jointes des différents renseignements recueillis sur cette situation est transmise à Monsieur Robert CREANCE , secrétaire général de la FNDIRP de PARIS , par l’intermédiaire de la Présidente de l’ADIRP de Vaucluse.(Pièce n°5)
Un contact téléphonique a eu lieu peu de temps après avec une secrétaire de la FNDIRP et avec Mme Raymonde d’Isernia, qu’il devait y avoir une réunion sur ce sujet au mois d’Avril, vu que Monsieur Max Nevers, Président des déportés du Struthof, mais également membre exécutif de la FNDIRP de Paris, ne pouvait se rendre, pour motif de santé, de ce fait cette réunion a été repoussée au mois de Mai.
Entre temps, le 10 avril 2006, nous contactons par courrier Monsieur Jean Marie LAPOUGE, Président de l’OCM de Montdidier (80), avec toutes les pièces en notre possession sur cette organisation. (Pièce n°6)
Des contacts téléphoniques sont également effectués avec cette personne et Michel Reboul.
Il nous fait parvenir un dossier complet sur l’OCM à Mondidier, mais ne peut s’avancer sur l’OCM à Paris, comme l’indique Monsieur XY. Toutefois il nous précise que pour enlever toutes interrogations sur son appartenance à cette organisation, Monsieur XY peut en justifier en apportant la preuve par des pièces ou duplicata.
Le 11 avril 2006, Michel Reboul de l’ADIRP de Valréas, adresse un courrier électronique (Internet) à la FNDIRP de Paris à l’attention de Robert CREANGE, afin que cette affaire qui apporte une situation difficile pour nos déportés, ne soit pas oubliée et qu’il prenne position au plus vite. (Pièce n°7)
Le 04 mai 2006, Michel Reboul, fait à nouveau parvenir un courrier électronique à la FNDIRP de Paris, suite à la cérémonie de la Journée du souvenir de la Déportation à Valréas le 30 avril 2006, qui s’est déroulée dans un contexte tendu, vis-à-vis des déportés présents ainsi que de Monsieur XY . Des propos retenus ont été lancés par Mme le Maire « qu’elle n’est pas contente de cette situation » vu que Monsieur XY n’a pas été admis à rejoindre les déportés, lors de la cérémonie, ainsi que de Monsieur Pierre WIEDER, Adjoint au maire et Président du RACE (Rassemblement des Associations Civiques de l’Enclave) « il faudra régler vos problèmes » s’adressant aux familles de Fusillés.(Pièce n°8)
Evasion au Struthof :
Un déporté alsacien a pourtant réussi à s'évader le 4 août 1942, et à rejoindre les Forces française libres en Afrique du Nord.
Il est parvenu à se procurer un uniforme du commandant du camp, l'a revêtu, est monté dans la voiture du commandant avec quatre autres camarades.
À la tombée de la nuit, ils sont sortis du camp au nez des sentinelles qui leur ont présenté les armes.
Cette évasion est la seule qui ait effectivement abouti.
Le déporté alsacien qui est parvenu à s'évader a rejoint ensuite les Forces françaises libres en Afrique du Nord et s'y est engagé.
Une autre tentative fut faite par un Français qui avait creusé un trou et s'était recouvert de branches et de gazon en attendant la nuit pour s'évader.
Mais il fut découvert le soir même de sa tentative par les chiens.
Mordu, roué de coups et mis en cellule pendant trois semaines, il ne fut cependant pas pendu.
Quelques temps plus tard, il réussit à s'évader du camp d'Erzingen dans lequel il avait été transféré.
En ce qui concerne les « Kommandos » extérieurs, celui de Kochem est l’un des plus terribles. Il s’agissait de creuser un canal au centre du tunnel et de décharger et transporter des matériaux à la gare. Il y eu peu de survivants.
Par l’intermédiaire d’une autre association de déporté du Vaucluse(UNADIF), nous apprenons que le n° 43360 appartiendrait à Monsieur CORNU Paul né le 12.12.1923 à Dijon, déporté au camp de Buchenvald.
Le 15 mai 2006, Mme Raymonde d’Isernia, Présidente de l’ADIRP de Valréas, suite à sa demande rencontre Mme le Maire de Valréas, afin de lui exposer les faits concernant notre refus sur la dénomination de déporté de Mr XY. Malgré les révélations apportés par notre présidente à Mme le Maire, qu’il n’y avait pas de tatouage au Struthof, ainsi que la réponse de la DMPA à CAEN, madame le Maire reste septique et se chargera de faire demander des justificatifs de Mr XY ( ?)
Le 17 mai 2006, Monsieur Robert CREANCE, suite à nos divers courriers, téléphone à Monsieur Michel REBOUL, (Mme D’Isernia étant absente). Lui fait part de la connaissance de ce dossier, qu’il a pris contact téléphoniquement avec Mr Max Nevers, qui lui a confirmé qu’il n’y avait pas de tatouage au Struthof. Nous dit vouloir transmettre un courrier à l’ONAC de Vaucluse ainsi qu’à Mme le Maire de Valréas, une copie de ces deux courriers, nous sera transmise.
Le 17 mai 2006, Michel Reboul, transmets un courrier électronique à la Fondation pour la Mémoire de la Déportation à Paris, concernant ce dossier et si elle en a eu connaissance.
(Pièce n°9)
Le 17 mai Mme la Présidente de l’ADIRP de Vaucluse prend contact téléphoniquement avec Robert CREANCE, secrétaire général de la FNDIRP de Paris, qui lui réitère les propos tenus avec Monsieur Michel Reboul, le même jour. Lui rends compte du contenu de la lettre adressé à Mme le Maire de Valréas et mentionne également qu’il se réserve le droit d’attenter une procédure judiciaire à l’encontre de la dite personne.
Le 17 mai, Michel Reboul, prends contact téléphoniquement avec Monsieur Paul CORNU, qui s’avère être le déporté sous le matricule 43360. (1 chance sur mille) d’avoir pu retrouver avec les renseignements connus cette personne, qui nous accueille avec sympathie par téléphone et nous relate succinctement sa déportation et son évasion. Un courrier lui est transmis le 18 mai, pour que Monsieur Cornu Paul, prenne connaissance de ce dossier et nous communique ses renseignements en sa possession. (Pièce n°10)
Le 19 mai, Mme Raymonde d’Isernia, reçoit la copie de la lettre de la FNDIRP, adressée à Mme le Maire de Valréas et au directeur de l’ONAC du Vaucluse. (Pièce n°11)
Le 22 mai, nous recevons la réponse à notre courrier adressé à Monsieur CORNU Paul.
« Sa lettre manuscrite que je lis avec attention, me donne froid dans le dos quand je tourne la page et j’aperçois que Monsieur CORNU Paul a volontairement photocopié l’avant bras gauche où est tatoué le n° 43360. Je me sens affligé d’avoir plus ou moins imposé sans en demander la preuve, je ne me le serais pas permis, que cette personne atteste par cette photocopie que ce numéro est inscrit à jamais sur sa peau, mais aussi dans son âme. Comment pouvons nous prétendre avoir un tel numéro, une telle « identité » qui ne nous appartient pas, telle est le sens de nos recherches aujourd’hui. C’est immonde. »
Il nous joint nombreux documents attestant son appartenance à la résistance, à sa déportation dont il a côtoyé à la libération de Buchenvald, Marcel Paul co-fondateur de la FNDIRP .
(Piècen°12)
NOTE : Toutes les pièces énumérées sont disponibles auprès de notre association.
En accord avec Mme Raymonde d’Isernia, présidente de l’ADIRP de Vaucluse et Michel Reboul, une réunion est envisagée début juin, avec toutes les associations d’anciens combattants , résistants et déportés et amis, pour mettre à jour ce dossier au vu des pièces en notre possession.
Le 22 mai, réunion confirmé pour le jeudi 01 juin 2006 à 15h00, salle de réunions de la Mairie de Valréas.
Invités : Pierre WIEDER, Président du RACE, Max Lallau , Président du CURD et secrétaire de l’UNADIF de Vaucluse ; Gaston ANDRE, Albert CORDOLA, Jean CANALE, Gilbert LEVIEUX, Jean HAARO, déportés ; Raymonde d’ISERNIA, présidente de l’ADIRP de Vaucluse ;
Jean ROUSSON, président de l’ANACR et Claudius VARD, secrétaire. Colette GARRET , présidente de l’ARAC, Béatrice JOUVE, présidente des Amis de la résistance ANACR, George CHABERT ? Vice président des Amis de la Résistance ANACR, Marie et Gérard PERRIN, membres du bureau de l’ADIRP, Jean Louis CLOP, président de l’AFMD de Vaucluse
Notre association sera représentée par : Raymonde d’ISERNIA , présidente, Michel REBOUL, vice président, André BERGERON, secrétaire adjoint ainsi que des membres pouvant se déplacer.
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A ce jour, après plus d’un an de recherches, de contacts divers, d’insistances, nous allons pouvoir apporter la preuve légitime que Monsieur XY, même honorablement connu dans notre ville, ne peut être qu’un affabulateur, voir un imposteur.
Respect profond pour tous ces hommes, femmes et enfants qui dans la folie meurtrière et dévastatrice d’autres personnes soit disant « humaines », se sont retrouvées dans l’enfer des camps de concentration et d’extermination.
De leur nom et prénom jusqu’à leur date de naissance, tout devait disparaître, tout devait être effacé à jamais. Seul un numéro leur avait été attribué dans une catégorie de classement représentée par un triangle de différente couleur. Comme une vulgaire marchandise plus ou moins périssable. Ce numéro était leur nouvelle identité à tout jamais gravé dans leur mémoire, comment ne pas s’en rappeler même plus de 60 ans après ?
Ceux et celles qui sont revenus, ne peuvent Oublier.
Rien ne peut arrêter, voir transformer le courant de notre histoire et surtout la mémoire qui nous a été transmise par ces nombreux résistants, torturés, déportés et fusillés.
Notre engagement sincère dans ces diverses associations, ne peut que nous encourager à dénoncer même plus de soixante ans après, toutes calomnies, toutes affabulations, toutes impostures et surtout tout révisionnisme.
Valréas le 22 mai 2006
Michel Reboul