Post Numéro: 10 de LENEVETTE Roger 11 Juil 2006, 17:10
Bonjour à tous
Pour ce qui est du Nationalisme breton pendant la Seconde Guerre, je conseille de lire le dernier livre de Kristian Hamon "Le Bezen Perrot"
Ci dessous un ou deux passage dont le dernier concerne un secteur que je connais bien et des événements que j'ai vécu.
Contrairement à ce qui peut être dit sur ce livre, il retrace bien cette l'histoire de cette époque et de cette bande en Bretagne.
Amicalement
Roger
1941 : L'Euphorie Nationaliste :
Un an après l'éviction d'Olier Mordrel et sa reprise en main par Raymond Delaporte, le PNB peut afficher une certaine satisfaction dans les colonnes de son journal "L'Heure Bretonne". Son congrès annuel tenu à Rennes le 7 septembre 1941 a été un succès, même si les cadres du parti sont bien moins nombreux que ne l'annonce son journal. Les Nationalistes Bretons continuent de bénéficier du soutien financier et de la bienveillance des autorités d'occupation et ses activités, qui ont parfois bien des soucis avec la police de Vichy, développent leur propagande en toute impunité.
Avec ses 1 500 adhérents, assez souvent recrutés dans des conditions douteuses et pour des motifs qui n'ont pas grand chose à voir avec ses objectifs politiques, le PNB, comme tous les autres mouvements collaborationnistes, se donne l'illusion d'un parti de masse et marque la faiblesse de ses effectifs en occupant beaucoup de place. Pas une ville de Bretagne, même moyenne, qui ne dispose d'une permanence avec pignon sur rue, ses chefs de section, secrétaires et autres délégués à la propagande rétribués par le parti. Cet enthousiasme des responsables du PNB, qui a des allures de revanche sur les années de vache maigre d'avant guerre, n'est pas loin d'être partagé par les intellectuels et artistes du mouvement breton.
En effet le "Aman Roazon Breiz" lancé par Fanch Eliès, le 1er novembre 1940, sur les ondes du poste Radio Rennes-Bretagne, est une divine surprise pour les Nationalistes Bretons. Pour la première fois, une émission en langue bretonne est diffusée sur une radio française … totalement contrôlée et financée par les Allemands.
A l'hebdomadaire "L'Heure Bretonne", s'ajoute le quotidien régionaliste "La Bretagne de Yann Fouéré" qui prendra ensuite le contrôle de "La Dépêche de Brest" avec l'aide des Allemands. Le 5 janvier 1941, sous la direction de Roparz Hemon, paraît le premier numéro de l'hebdomadaire bilingue "Arvor". D'autres revues voient également le jour : "Galv" . "An Eost" et "Ololé", le magasine pour la jeunesse des frères Caouissin, tiré à 20 000 exemplaires. Roparz Hemon, qui assure désormais la direction des émissions en langue bretonne de Radio Rennes-Bretagne, se décide enfin à rallier le projet annoncé par Arvor, le 13 juillet 1941. Une grande victoire, les bretonnants s'entendent pour adopter une orthographe commune. Au mois d'août 1941, Youenn Drezen sort son roman "Itron Varia Garmez", dont la version française sera éditée en 1943 chez Denoël, passé depuis sous contrôle allemand.
L'impossible neutralité du PNB :
Raymond Delaporte navigue à vue entre l'hypothétique espoir d'une "Europe nouvelle" hitlérienne, dans laquelle la Bretagne trouverait sa place, et une politique conciliante à l'égard de Vichy qui passe par le rejet du séparatisme. C'est seulement à partir de novembre 1942, après le débarquement américain en Afrique du Nord, et surtout la défaite de Stalingrad, que les nationalistes commencent à infléchir leur position. Certes, L'Heure Bretonne continue d'affirmer que la défaite du Reich et de ses Alliés serait celle de l'Europe toute entière, mais le cœur n'y est plus. Au début de 1943, les dirigeants du PNB prennent conscience qu'ils ne doivent plus se compromettre davantage avec l'occupant et adoptent une attitude un peu plus neutre dans ce conflit.
Le Bezen contre les maquis en Ille et Vilaine :
Le Nord de ce département voit passer de nombreuses troupes allemandes, rendues nerveuses à l'annonce du débarquement.
C'est ainsi que le 7 juin 1944, une petite formation traverse Cuguen, commune située entre Combourg et Dol de Bretagne. Un des soldats, isolé à l'arrière de la colonne est abattu en plein jour par deux individus qui prennent la fuite. Des renforts commandés par le lieutenant Poppner, dit "Bébé rose" arrivent aussitôt de Combourg. "Bébé rose" rassemble les habitants du village, les enferme dans l'église, puis place une mitrailleuse face au porche. Pendant ce temps les allemands procèdent à des perquisitions dans le bourg et réquisitionnent toutes les bicyclettes. Il faudra l'intervention de personnalités locales pour empêcher qu'ils ne mettent le feu à l'église et au village. Trois jours avant le drame d'Oradour, le pire est évité. La troupe ne traîne pas et prend la direction du front de Normandie. Non sans avoir incendié la mairie, l'école et la maison du secrétaire de mairie.
A Quelques kilomètres de Cuguen se trouve le maquis du Bois de Buzot en Broualan. C'est un des rares que compte l'Ille et Vilaine. Il ne s'agit pas d'un maquis à proprement parler mais plutôt d'un camp de transit utilisé par une centaine de FTP et de réfractaires au STO de la région malouine. Un parachutage devait être fait, mais rien n'a eu lieu.. Le 6 juillet 1944, venant de Cuguen où ils avaient été repérés trois hommes armés de mitraillettes descendent d'une traction Citroën et pénètrent dans un café du bourg de Broualan. Se disant membres d'un maquis de Haute Savoie, ils veulent entrer en contact avec un "Adjudant Lambert". Trouvant ces individus louches, le patron du café se rend au village de La Lopinière, un hameau situé à quelques centaines de mètres de Broualan, pour prévenir Raoul Bourdet, un Résistant de 38 ans originaire de Paramé. Celui ci se rend alors sur les lieux pour voir de quoi il retourne, mais à son arrivée les trois individus avaient déjà quitté le bourg. Cette étrange visite ne manquant d'éveiller les soupçons des Résistants, le camp est mis en état d'alerte et les sentinelles renforcées. Bien leur en a pris car le lendemain 7 juillet, vers 4 H du matin, une centaine de miliciens de la Franc-Garde, le groupe d'action du PPF et trois groupes du Bezen, dirigés par le SD investissent Broualan.