Nicolas Bernard a écrit:En admettant l'espace d'un instant que l'affaire se résume à des faux glissés dans les archives,
Mais c'est pourtant le cas. Car quel autre élément est de nature à établir qu'il y aurait eu, en l'espèce, assassinat du
Reichsführer ?
Aucun.
il faudrait en déduire que Blair est soit très bête, soit crypto-négationniste. Une telle occasion d 'accabler la mouvance Irving paraît en effet difficile à rater.
Mais c'est déjà le cas. Irving est en taule pour négationnisme en Autriche, et les documents himmlériens ont été déclarés faux après expertise. Que demander de plus ?
Nom d'un chien, si la version de la mort de Himmler qu'on a communiquée dès le lendemain à la presse était recoupée par les rapports envoyés en même temps par l'armée anglaise d'occupation à son gouvernement, que n'a-t- on prestement publié ces rapports ?
Il serait peut-être temps que vous admettiez enfin l'idée suivante : ce n'est pas parce qu'un document n'est pas déclassé qu'il est explosif. J'ai déjà cité des exemples par le passé et dans ce fil.
Eh bien il y a peut-être là une généralisation propre à nous faire avancer, car pour une fois elle ne vise pas ma personne, n'argumente pas sur mon travail récent à partir de ce que je faisais il y a 15 ans etc.
Il s'agit d'un tic, hautement revendiqué : au lieu de fouiller une question, on se barre dans une autre et on raisonne par analogie. Ca se fait dans l'univers judiciaire et c'est de bonne guerre. Cependant si des maillons de la chaîne sont moins performants que d'autres dans le maniement de cette dialectique convenue, ça donne des Outreau.
En histoire, désolé, c'est un dossier après l'autre, et on prend son temps. Il y a sur d'autres sujets des documents non déclassifiés qui, que, quoi..., on s'en moque. On reste dans celui-là.
Et qu'y voit-on ? Qu'une version officielle est contestée. Or, à la bien examiner elle a été un peu facilement avalée au départ : thèse de vainqueur, vaincus les plus antipathiques de l'histoire, leurs plus graves turpitudes en plein dévoilement... On exhibe un cadavre, on convoque les Alliés et sur leurs talons la presse, on enterre vite fait dans un lieu inconnu... Il y avait de quoi se méfier, l'époque ne s'y prêtait pas.
60 ans plus tard, enfin, le dossier s'ouvre. Soulagement général des historiens, surenchère de finesse dans l'analyse des causes et des effets, exigence d'une déclassification globale des documents pour qu'enfin on puisse travailler ? Que non pas. Une expertise unique et incontrôlable déclare deux documents grossièrement faux et suppose qu'un troisième l'est aussi, sous le seul chef d'accusation qu'il va dans le même sens, celui de la thèse contestataire... et la communauté historienne, un instant troublée dans sa digestion, retombe dans son sommeil dogmatique.
Du moins en apparence. Car il est aussi imprudent en l'occurrence de la faire voter par procuration que d'estimer que, dans un débat de forum Internet, "tout le monde" vous a donné raison sauf un.
Je ne peux parler que pour moi. Je ne sais pas, moi, ce qu'il y a derrière tout ça, et il est commde mais inexact de me prêter une thèse de "meurtre" que je serais le seul à défendre.
Je constate un fait : si quelqu'un a fait son boulot, c'est bien Selvester (avant de râler, svp, bien lire le dossier, dont je rappelle la cote :
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=203). Donc, très forte probabilté d'une absence de poison dans la bouche, observée minutieusement pendant 8h à l'occcasion de conversations et de repas (pourquoi, Nicolas, ne JAMAIS rappeler ce fait ? de même que la réduction des horaires et la négation des repas par les tenants de la thèse officielle ? ).
A partir de là, un scénario POSSIBLE : une équipe spéciale dépêchée pour zigouiller les nazis de haut rang dans le cadre de la politique churchillienne à cet égard (à peine affectée par sa reculade du 3 mai, accordant aux Alliés l'organisation d'un procès), rencontre Himmler dès qu'il a été retiré du camp de Selvester, lui fait comprendre qu'il est, comme Hess, aux mains de churchilliens purs et durs et qu'on ne le laissera plus communiquer avec personne, avant son procès suivi d'une rapide et inexorable exécution... et lui offre les moyens d'une sortie à la romaine, par exemple tout simplement en lui rendant l'ampoule de cyanure saisie l'après-midi. Dès lors il n'y a plus qu'à laisser les événements suivre leur cours, à l'occasion d'une nouvelle fouille à corps.
C'est bien un suicide, pas un meurtre. On a parfois de bonnes intuitions. Toi, en soupçonnant du faux dans les docs utilisés par Allen (sous réserve de contre-expertise et de vérification qu'il a bien vu ces docs-là). Moi, en intitulant la sauvegarde du débat sur mon site, dès le début : "Himmler : un suicide assisté ?". A nous deux on aurait le bac, comme disait mon prof de maths !
J'ai déjà été bien long mais je redirai quand même ceci, qui ne semble pas avoir été lu : dans cette affaire, je prends date. La seule attitude correcte, pour les historiens, n'est certainement pas de dire "ouf, il y a des faux, donc tout est faux et la version officielle est vraie" mais "qu'est-ce que c'est que cette arnaque tous azimuts ? Déclassifiez, et plus vite que ça !"
Et quand certains regarderont le bout de leurs chaussures, je sourirai. Discrètement, c'est promis !