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Nouveau messagePosté: 22 Oct 2007, 14:36
de Daniel Laurent
Bruno Roy-Henry a écrit:Oui, cela m'intéresse. Mais je suis a priori dubitatif... A partir de quels chiffres peut-on adopter ces conclusions ?

Pas de chiffres, cher Bruno, mais des faits :
1 - Le PCF etait le Parti politique le mieux organise, le plus discipline, le plus actif et le plus fourni en membres parmis les "anti-fascistes" d'avant 1939.
2 - Le PCF, "grace" a son interdiction par Daladier suite au Pacte de non agression Germano-sovietique, etait le seul qui avait avant l'occupation l'experience de la clandestinite.

Voila, 1 +2 = Plus d'efficacite immediate que les autres, du moins pour ce qui concerne ses membres les plus honnetes (Lire : "les moins staliniens", si, si , il y en avait plein).

Je sens, avec mon gros nez Republicain, vos hesitations Royalistes (Imperialistes ? ;) )

Mais c'est un fait, mon cher Bruno.
De nombreux franchouillards bolchos rouges, courageux militants "anti-fascistes" comme on disait a l'epoque, sont tombes pour la France. Ils n'auraient point depareilles dans la Grande Armee qui a repandu les ideaux de la Revolution Francaise de l'Atlantique a l'Oural derriere l'Empereur.

Pas sur la tete, merci d'avance
:mrgreen:

Nouveau messagePosté: 22 Oct 2007, 14:39
de MENATOR
aujourd'hui à l'émission 2000ans d'histoire sur france inter :
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/2000ansdhistoire/index.php?id=60467
Après une étude approfondie sur ce fameux sujet des "75000 fusillés", Jean pierre Bes avance le chiffre de 3100 fusillés plus 814 otages.

Nouveau messagePosté: 22 Oct 2007, 18:07
de Nicolas Bernard
Gaël Eismann évalue à environ 3.100 le nombre de condamnés à mort et fusillés après jugement des tribunaux militaires allemands - voir Gaël Eismann, "L'escalade d'une répression à visage légal. Les pratiques judiciaires des tribunaux deu Militärbefehlshaber in Frankreich 1940-1944", in Gaël Eismann & Stefan Martens, Occupation et répression militaire allemandes 1939-1945. La politique de "maintien de l'ordre" en Europe occupée, Autrement, 2007, p. 129. Jean-Pierre Besse et Thomas Pouty, dans Les fusillés. Répression et exécutions pendant l’Occupation (1940-1944), Ed. de l'Atelier, 2006, déterminent un total de 4.540 fusillés, dont près de 500 "exécutions sauvages" en 1944.

La grande majorité des 814 otages fusillés sur ordre des autorités allemandes est issue des milieux communistes - mais non nécessairement résistants, car des communistes faisaient l'objet de mesures de détention préventive - voir François Marcot, "Bilan de la répression", in François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, coll. "Bouquins", 2006, p. 774.

Il faut également tenir compte des exécutions massives. La guerre contre-insurrectionnelle menée par les Allemands a tué 12.000 Résistants environ, au combat ou après capture (assassinat, torture), ainsi que 3.000 civils (ibid.). Le bilan mortuaire de la Milice et des organes répressifs de l'Etat français reste inconnu : au moins 12 fusillés après condamnation à mort par les Sections spéciales, 200 fusillés après condamnation à mort par les cours martiales instaurées par la loi du 20 janvier 1944...

Que le P.C.F. ait repris à son compte la légende des "75.000 fusillés" mériterait une petite recherche sur les origines de ce choix médiatique. De toute évidence, en dépit de l'indéniable exagération planquinquennalesque du bilan mortuaire de la répression (inconnu en 1944-1945), les communistes ont effectivement fourni le gros du contingent des condamnés à mort, près de 70 % d'entre eux.

C'est en février 1944 que le P.C.F. s'autoproclame le "Parti des fusillés", et c'est en octobre de la même année que Maurice Thorez lance pour la première fois, à Moscou, le fameux chiffre des 75.000. Un an auparavant, De Gaulle avait évoqué ces "55.000 tués aux pelotons d’exécution et les 100.000 morts dans les camps et les prisons de l’ennemi ". Le mythe a prospéré sur ces approximations.

Il est d'ailleurs intéressant de noter que le P.C.F. s'est intronisé "Parti des fusillés", et non "Parti des déportés", alors que c'est la déportation qui au final caractérisera encore le mieux la répression nazie, et la politique génocidaire du III. Reich. Comme le note pertinemment Jean-Paul Scot dans L'Humanité (12 décembre 2006), "le « fusillé » est vite devenu la figure syncrétique de toutes les victimes".

Nouveau messagePosté: 22 Oct 2007, 18:42
de Bruno Roy-Henry
Merci pour ces précisions qui m'étaient inconnues... :oops:

Je retiens le chiffre de 4 540 fusillés. Mais comment peut-on affirmer que près de 70% d'entre-eux étaient communistes ?

Ceci étant, je ne distingue pas entre les fusillés, communistes ou non. Pour moi, ils sont tous "Mort pour la France".

En ce qui concerne les 12 000 morts de la Résistance, morts au combat (auxquels on peut ajouter les 3 000 civils), comment serait-on en mesure de déterminer les communistes des autres ?

Je remercie particulièrement Nicolas Bernard pour ses précisions chiffrées...

Ps: Pour Daniel: ni royaliste, ni impérialiste ! Bonapartiste... :cheers:

Nouveau messagePosté: 22 Oct 2007, 18:59
de Nicolas Bernard
Bruno Roy-Henry a écrit:[...] Je retiens le chiffre de 4 540 fusillés. Mais comment peut-on affirmer que près de 70% d'entre-eux étaient communistes ?


A partir des archives allemandes, déclassées récemment. Les otages fusillés avaient d'ailleurs souvent été choisis parce que juifs ou communistes...



Ceci étant, je ne distingue pas entre les fusillés, communistes ou non. Pour moi, ils sont tous "Mort pour la France".


En effet.


En ce qui concerne les 12 000 morts de la Résistance, morts au combat (auxquels on peut ajouter les 3 000 civils), comment serait-on en mesure de déterminer les communistes des autres ?


Les archives allemandes, là encore. Les unités maquisardes étaient identifiées.



[...] Ps: Pour Daniel: ni royaliste, ni impérialiste ! Bonapartiste... :cheers:


Pas napoléonien ? ;) Vous avez d'ailleurs lu le dernier livre de Dominique de Villepin sur Napoléon, Le soleil noir de la puissance (Perrin, 2007) ?

Nouveau messagePosté: 22 Oct 2007, 20:07
de Tom
Bruno Roy-Henri écrit :

Je retiens le chiffre de 4 540 fusillés. Mais comment peut-on affirmer que près de 70% d'entre-eux étaient communistes ?


Nicolas répond :

A partir des archives allemandes, déclassées récemment. Les otages fusillés avaient d'ailleurs souvent été choisis parce que juifs ou communistes...


Certes, c'est ce que les Allemands pensaient, mais tous ces otages dits "communistes" l'étaient-ils vraiment ? Il me semble que le P.C.F. ne comptait qu’environ 4000 militants en janvier 1941…

Nouveau messagePosté: 22 Oct 2007, 20:26
de Bruno Roy-Henry
Tom a écrit:
Nicolas

A partir des archives allemandes, déclassées récemment. Les otages fusillés avaient d'ailleurs souvent été choisis parce que juifs ou communistes...


Certes, c'est ce que les Allemands pensaient, mais tous ces otages dits "communistes" l'étaient-ils vraiment ? Il me semble que le P.C.F. ne comptait qu’environ 4000 militants en janvier 1941…


Oui; mais une petite précision: on a évoqué 840 otages fusillés. Là, je veux bien croire que 70% au moins étaient communistes.

Mais les autres ? Sur les 4 540 ? Les Allemands notaient "communistes" ? Et que notaient-ils pour les gaullistes ? Il me semble que pour la Gestapo et les SS, tous les résistants étaient des terroristes, donc des communistes... Donc, je suis par principe méfiant à l'égard des archives allemandes, nazies en l'occurence.

Nota: pour Napoléon, non; je n'ai pas lu le livre en question et je ne l'achèterai pas ! question de principe... Il y a un anniversaire qui me reste en travers de la gorge ! Mais si on me l'offre, je le lirais... :twisted:

Nouveau messagePosté: 23 Oct 2007, 13:16
de Nicolas Bernard
Tom a écrit:Certes, c'est ce que les Allemands pensaient, mais tous ces otages dits "communistes" l'étaient-ils vraiment ? Il me semble que le P.C.F. ne comptait qu’environ 4000 militants en janvier 1941…


Le chiffre des exécutions par balles couvre la période 1940-1944. Entre-temps, les effectifs du P.C.F. avaient explosé. Il n'en est pas moins vrai qu'une partie non négligeable des militants de l'effectif 1940-1941 a été fusillée.

Les otages fusillés avaient été sélectionnés à partir de leur passé politique.

Nouveau messagePosté: 23 Oct 2007, 13:21
de Nicolas Bernard
Bruno Roy-Henry a écrit:Oui; mais une petite précision: on a évoqué 840 otages fusillés. Là, je veux bien croire que 70% au moins étaient communistes.

Mais les autres ? Sur les 4 540 ? Les Allemands notaient "communistes" ? Et que notaient-ils pour les gaullistes ? Il me semble que pour la Gestapo et les SS, tous les résistants étaient des terroristes, donc des communistes... Donc, je suis par principe méfiant à l'égard des archives allemandes, nazies en l'occurence.


Non, les Allemands savaient généralement opérer la distinction entre communistes et non-communistes, ne serait-ce que pour exploiter leurs dissensions internes - voir Friedrich Dohse à Bordeaux face à l'O.C.M., notamment.



Nota: pour Napoléon, non; je n'ai pas lu le livre en question et je ne l'achèterai pas ! question de principe... Il y a un anniversaire qui me reste en travers de la gorge ! Mais si on me l'offre, je le lirais... :twisted:


Achetez le jeu Europa Universalis II et, comme moi, explosez la face de ce sale Horatio pour mieux liquider l'Angleterre... :mrgreen:

Sinon, essayez de vous procurer Histoire de la Monarchie Universelle. Napoléon apocryphe, de Louis Geoffroy, réédité par Tallandier en 1983. Napoléon vainc les Russes, puis l'Angleterre, puis le reste du monde, et fait même sauter Sainte-Hélène.

Nouveau messagePosté: 23 Oct 2007, 14:11
de Bruno Roy-Henry
D'accord. Mais alors, comment étaient notés les non-communistes ?

Ps: pour Napoléon apocryphe, vous pensez bien que je l'ai depuis sa sortie... :mrgreen:

Le jeu est sur ordinateur ?