Tom a écrit:D'après F.-G. Dreyfus (Histoire de la Résistance en France, Ed. de Fallois, 1996), il y aurait eu, au total (c'est-à-dire en comptant non seulement les fusillés par les Allemands après jugement, mais aussi les fusillés par les Français de Vichy, y compris les exécutions sommaires des uns et des autres), environ 27000 fusillés dont environ 10000 communistes.
F.-G. Dreyfus mentionne ces chiffres p. 592. Sans mention de source. Et sans même réfléchir plus avant à l'idée que le tiers de son propre bilan est composé de communistes, puisqu'il cherche surtout à accabler la légende des
"75.000 fusillés" de Thorez. Bonjour la rigueur scientifique !
Sur ces points - comme sur d'autres - l'ouvrage politiquement orienté de M. Dreyfus (lui-même historien très marqué à droite, ancien du Club de l'Horloge, et militant monarchiste, ce qui se voit et se lit) est daté. Ainsi que l'indique le
Dictionnaire historique de la Résistance (Robert Laffont, 2006, p. 774), que tu possèdes et que j'ai déjà cité à ce sujet il n'y a pas si longtemps, le nombre de personnes tuées pour faits de résistance se monte à 35.000, dont 18.000 à 20.000 déportés, et 15.000 exécutés (dont 3.000 non-Résistants).
D'après les indications les plus vraisemblables (quoique certainement quelque peu gonflées) données par le responsable national "maquis" au COMIDAC, Michel Brault, dit "Jérôme", fin 1943, dans les deux zones, il y avait entre 7000 et 12000 F.T.P. au grand maximum pour 40 à 45000 maquisards des mouvements non communistes qui avaient aussi adopté la stratégie de l'"action immédiate"...
Faux. C'est près de 30.000 maquisards au total, moitié en zone Nord, moitié en zone Sud - voir F.-G. Dreyfus,
op. cit. p. 433. A quoi s'ajoutent entre 7.000 et 12.000 F.T.P., ainsi que 65.000
"résistants actifs disponibles "sédentaires"".
Soit dit en passant, F.G. Dreyfus ne mentionne à aucun moment une telle "certitude" quant au gonflement des chiffres. Sans doute pourrais-tu nous indiquer tes motifs de suspicion ?
Par ailleurs, fin 1943, le choix de "l'action immédiate" signifiait surtout l'action maquis-sabotage dans le cadre de du Débarquement, attendu puis survenu. Un choix qui avait été avalisé par tous, et à l'origine de colossales erreurs d'appréciation, notamment au Vercors.
Certes, les F.T.P. se montraient souvent plus actifs, en tout cas depuis 1942,
Vu que les F.T.P. ont été créés cette année là, ils pouvaient difficilement être moins actifs qu'en 1941...
Blague à part, les premiers mouvements de Résistance à avoir débuté l'action violente, en termes d'attentats au moins, restent les communistes.
mais la grande différence sur le terrain avec les organisations non communistes résidait surtout dans la pratique, par les premiers, des attentats individuels sur les occupants allemands et les collabos français (ou présumés tels). Or, si ces actions entraînaient souvent de graves représailles pour la population (et donc pour les otages qui étaient communistes, d'accord sur ce point), elles ne causaient pas beaucoup de pertes à leurs auteurs qui, en général, disparaissaient après avoir tiré ou jeté leur grenade...
C'est vrai, de telles actions ne présentaient aucun danger pour leurs auteurs. A se demander pourquoi ils n'étaient pas plus nombreux...
Non mais (mauvaise) blague à part, qu'est-ce qui te pousse à écrire une chose pareille ? Oublierais-tu l'action policière menée par le
S.D., l'
Abwehr, les R.G. ? Pour citer un exemple, le détachement communiste "Valmy", qui a opéré de très nombreux attentats (contre des collaborateurs
"renégats" et des Allemands, sans oublier les bavures) a été entièrement décimé en 1943, ses membres déportés.
C'est archifaux et tu le sais très bien. Ce n'est pas à un pro-communiste que je vais apprendre ce qu'est un mouvement dit "de masse" tels que l'étaient le F.N. et les F.T.P....
Je ne vois pas ce qui, dans mon attitude ou mes écrits, ferait de moi un pro-communiste. L'accusation risque d'ailleurs d'en faire marrer plus d'un, dans mon entourage... En particulier quand on sait que je milite pour faire virer de la Fac une militante stalinienne du nom d'Annie Lacroix-Riz.
Cela dit, l'accusation me rassure. Quand on se fait simultanément traiter de droitiste (ou facho) sur sa gauche, et de socialiste (ou coco) sur sa droite, c'est bien qu'on est finalement objectif dans la manière d'aborder l'Histoire.
N'empêche qu'en 1944, c'est bien le F.N. et les F.T.P. que les non-communistes redoutaient. Et ils ne perdaient pas leur temps à sombrer dans le pinaillage sociologique. En quoi ils avaient bien raison. Quand on rallie les F.T.P. et que l'on y reste, on sert la Résistance et on sert le communisme, du moins une certaine idée de celui-ci, et selon des degrés qui vont du militantisme le plus dévoué à l'adhésion limitée et conjoncturelle.
Ou alors on peut tout aussi bien voir si les mouvements non-communistes ne comprenaient pas, également, des communistes égarés, que l'on pourrait insérer au bilan final après moult additions et retranchements ?
Bref, soyons sérieux deux minutes.
Cela dit, si j'affirmais que le P.C.F. était bien le "Parti des 75000 fusillés",
Plus personne ne prétend une chose pareille. Pas même cette pauvre
Humanité...
Cela dit, l'origine de la formule, que j'ai pu retracer, est intéressante. Elle témoigne d'une méconnaissance générale, à l'époque, du bilan exact de la répression, et d'une volonté du P.C.F. de ramener la couverture à lui-même. Faudrait qu'on en recause, d'ailleurs.
que ce sont "les mouvements communistes qui ont payé le plus lourd tribut à la lutte armée",
Les chiffres que tu produisais (27.000 fusillés dont 10.000 communistes) le prouvaient, non ?
Blague à part, et en partant des vrais chiffres, la proportion des communistes tués reste,
dixunt les historiens, la plus élevée. Et ce n'est même pas une question de courage physique. Simplement, de très nombreux otages communistes ont été fusillés, de même que le choix immédiat (enfin, au 22 juin 1941), pour diverses raisons qui tiennent à la fois de la pure politique et de la stratégie militaire, de la lutte armée immédiate a causé de nombreuses pertes au forces du P.C.F. 1941 et 1942 témoignent d'une véritable saignée des cadres et des militants, ce qui sera à l'origine (entre autres considérations, j'insiste lourdement là-dessus) de l'élargissement du recrutement.
bref que l'âme de la Résistance française était communiste (sans mentionner la période 1939-1941),
Jamais écrit une chose pareille.
je ferais oeuvre d'historien sérieux, puisque je confirmerais ainsi la seule gloire qui reste à un parti moribond...
Eh bien nous y voilà. Il s'agit encore de cogner sur un cadavre.
Tu aurais pu l'admettre bien plus tôt. N'empêche que quitte à me répéter, c'est bien le P.C.F. qui a payé le plus lourd tribut à la lutte armée en 1941-1944.
Et je me tape de savoir si la chose réjouira ou non les communistes ou leurs thuriféraires, à partir du moment où la chose est vraie. Je fais de l'Histoire, du moins je m'y efforce, sans aucune concession à une quelconque idéologie. De droite comme de gauche.