Début aout 1944 un militaire en uniforme allemand entre dans le café d'un village situé entre Brest et Landerneau. Il s'adresse en breton au patron du café et lui révèle son identité: Un ancien camarade, le soldat Lannuzel, déclaré mort en 14-18. Après avoir pris des nouvelles de sa famille, il le prévient d'aller se cacher car les Allemands le recherche. (Il a en effet saboté des lignes téléphoniques). Cette histoire s'est racontée à mots couverts, confirmé par le patron du café et plusieurs personnes de sa famille qui disent également qu'il était déjà venu discrètement avant la guerre. Prisonnier ou déserteur, il serait resté en Allemagne et aurait été mobilisé dans la Wehrmacht. D'autres démentent catégoriquement, ce serait une invention.
Il existe un certain nombre d'hisToires où des personnes disent avoir rencontré des bretons dans l'armée allemande. Dans le cas présent est il possible qu'un soldat ait été déclaré mort par
erreur. Même s'il y a des contradictions (donné mort en 1914 sur le monument aux morts, en 1916, lieu de sépulture inconnu selon son dossier militaire. Un certificat de 1922 de rapatriement de son corps dans sa commune a également été trouvé à Quimper. Selon les spécialistes il est bien mort en 1916 et bien que les archives allemandes manquent, son nom serait apparu sur les listes de la Croix-rouge s'il yvait été prisonnier.
Alors, imagination fertile des uns, refus des autres de voir un ancêtre assimilé à un déserteur et à un traître? Des témoignages sans preuves et contradictoires d'un côté, de l'autre, des documents administratifs le déclarant mort indiscutablement en 1916.
Pourtant j'ai lu le cas de François Girard, originaire des Landes, laissé pour mort sur le champs de bataille, il a été déclaré mort au combat, les autorités militaires ont informé officiellement sa commune de naissance et sa famille de son décès. Quelques temps plus tard l'administration militaire informait la famille que François Girard était en fait prisonnier. Gravement blessé
par un éclat d'obus au visage, il avait repris connaissance. Fait prisonnier, soigné, il retrouva sa famille à la fin de la guerre, se maria et eu (beaucoup) d'enfants. Dans ce cas, l'administration
de la Croix-Rouge s'était effectivement montré efficace.
Alors aucune erreur possible?
C'est ce qui est arrivé à Louis Bernard, le sabotier de lanvenegen. Déclaré mort au combat en 1914, son corps repose officiellement dans la nécropole de Rancourt. Son nom a été inscrit en 1920 sur le monument aux morts. Pourtant quelques années plus tard il est rentré dans son village. La mémoire locale et sa famille n'a pas retenu son parcours. Extrêmement pauvre, les sabotiers habitaient des huttes dans les bois, se déplaçant en fonction des coupes de bois. Louis Bernard était totalement illettré et ne parlait que le breton. On peut imaginer qu'il ait été séparé des autres soldats Français et que cela ait compliqué son retour. Encore très récemment des nièces se souvenait de lui et l'on même identifié sur une photo de groupe à l'occasion d'un mariage en 1936.
Pourtant son nom continue de figurer sur le monument aux morts. Et si un historien se penchait sur son histoire, il conclurait que Louis Bernard n'est jamais rentré: On ne sait rien de son sort: Il a été retrouvé assassiné dans sa hutte, on ne sait pas quand précisément. Pas de sépulture, son décès n'a été enregistré nul part.
Je ne serais pas étonné d'apprendre qu'il ait pu être assassiné en 1944 au moment de la Libération. Il était sabotier à Lanvenegen et j'avais déjà raconté qu'un certain nombre d'exactions
y avaient été commises.