Je ne suis pas certain que les professions de santé puissent être considérées comme des activités "commerciales".
La pratique de la médecine et de la pharmacie étaient, depuis le 1
er Empire, régies , en France, par des lois. En 1941, Vichy y avait rajouté une couche, en créant , notamment l'Ordre des Médecins; les dispositions prises par l'Etat Français, durant l'Occupation, avaient été abrogées en 1945... pour être très largement "reprises", peu de temps après, dans une nouvelle mouture, concoctée, cette fois, par la IV
ème République.
La profession de médecin était, alors, très majoritairement exercée parce ceux qu'on a longtemps appelé les "
médecins de famille", qui consultaient dans leurs cabinets et visitaient les patients à leurs domiciles. En parallèle, il existait les établissements de "Santé Publique" (hôpitaux, asiles, etc.), où les praticiens exerçaient leurs métiers, soit à temps complet, soit en partageant leur activité entre le "service publique" et leurs cabinets - c'est, toujours, le cas, de nos jours! -.
Depuis octobre 1945, date de sa création, la Sécurité Sociale a, également, très largement influé sur la tarification des honoraires, avec, depuis les vingt dernières années - et je suis gentil! - un conflit permanent avec les praticiens "généralistes", qui, au Tarif Conventionnel, dit "Secteur I", facturent leurs prestations à 23 €! Hormis les "spécialistes", qui peuvent tarifer leurs prestations entre 70 et 90 roros - tout en se rattrapant avec des suppléments tarifés, à l'occasion d'interventions chirurgicales lourdes, uniquement pris en charge partiellement ou en totalité par les caisses privées d'assurance maladie - , il existe, également, un "Secteur II", où la consultation est tarifée à 50€, laissant 27 € à la charge du "patient", plus ou moins bien remboursés, selon le bon vouloir de sa caisse complémentaire... quand il en dispose, ce qui est loin d'être toujours le cas chez les retraités! Le "Secteur II" ne représente, de fait, que 1% des médecins généralistes en activité, une population qui se résume à des praticiens âgés de 50 ans et plus, installés depuis nombreuses années, généralement débarrassés des nécessaires et lourds investissements financiers qu'avaient exigés leur installation et se consacrent désormais, en zone rurale et semi-rurale, au suivi approfondi d'une patientèle "fidèle", souvent âgée et limitée, en refusant "l'abattage" qu'implique les tarifs fixés par la Sec Soc.
Entre temps, la disparition des médecins généralistes, en zones urbaines et semi-urbaines, a, aussi, accéléré la fréquence des admissions et consultations dans les services hospitaliers d'urgence, où la tarification est plafonnée aux montants du Secteur I (Ben, tiens!). Pour éviter de devoir se cogner les heures d'attente de services d'urgence hospitaliers débordés, certains "'patients" n'hésitent pas, désormais, pour le moindre bobo ou symptôme, à recourir aux pompiers et SAMU, afin d'être accepté "en priorité"!
Dans un passé relativement récent, les médecins généralistes gagnaient plus que correctement leur vie, sachant qu'il s'agit d'une profession qui exige, dans le meilleur des cas, 7 à 8 ans de formation, plusieurs années d'Internat, payées, elles, au "lance-pierre", puis une activité continue sept jours sur sept, sans compter ses heures. Le "
Numerus Closus", réclamé par la profession avait eu pour conséquence directe de favoriser le développement d'une population de "spécialistes", qui s'était, dès lors, installée dans les zones les plus fructueuses "économiquement", telles que la région parisienne, les grandes agglomérations urbaines et la Provence-Côte d'Azur, secteur privilégié des "retraités" aisés.
Pour en revenir à la seule période de l'Occupation, les professions libérales médicales (généralistes, spécialistes) et pharmaciennes étaient, déjà, toutes, contingentées. En parallèle, même si, en dépit du contexte, l'industrie pharmaceutique française avait, plus ou moins, bien continué à alimenter les rayons des pharmaciens et les armoires des praticiens, le gros de sa production était détourné par l'Occupant, pour son emploi militaire.
On a, certes, eu bien "gagné sa vie", en tant que médecin libéral, avant, pendant et après la Seconde Guerre Mondiale, ce qui était, au demeurant, parfaitement légitime, mais çà n'a rien à voir,
stricto sensu, avec une supposée activité commerciale. A la "libération", bon nombre de commerçants, avaient, eux, de leurs côtés fait fortune, par le biais du "Marché Noir" et ses fournitures à l'Occupant, sans pour autant être identifiés, mais çà concernait, essentiellement, les denrées "rares" issues, le plus souvent, de l'agriculture et l'élevage français, les plus importants qui existaient, à l'époque, en Europe occidentale, la paysannerie française constituant, alors, à elle seule, près de 45% de la population française.
En conclusion, entre 1940 et 1944, il n'y avait, sérieusement, pas eu d'occasion de faire fortune en tant que médecin ou pharmacien. D'autant que, un, bon nombre d'entre eux, incorporés en 1939-1940, avait passé quatre, voire cinq ans, en tant que prisonniers de guerre, dans les Stalag allemands (!), alors que, deux, la facturation des actes était, alors, souvent, établie un fois l'an, afin de permettre au "patient" de se constituer, si nécessaire et au préalable, les réserves financières nécessaires pour parvenir à honorer le montant éventuel de ses frais médicaux! On était, alors, très loin du système de remboursement actuel, issu, lui-même, de la mise en place du régime générale de la Sec Soc!