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Décès du dernier officier de la LVF et de la Division SS Charlemagne

Pétain, Laval, le régime de Vichy et tous ceux qui furent acteurs de cette période sombre de notre histoire. La collaboration, les collaborateurs, la vie quotidienne sous la botte de l'occupant, les privations, le marché noir...
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Décès du dernier officier de la LVF et de la Division SS Charlemagne

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Laurent W  Nouveau message 28 Juin 2022, 15:21

Bonjour à tous !

Sauf erreur de ma part, une nouvelle semble être totalement passée sous les radars : le dernier officier survivant de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) et de la 33e Division de Waffen SS Charlemagne, est mort le 10 janvier 2022, dans sa 101e année !

Son faire-part de décès a été publié dans Ouest-France et dans le Figaro mais personne semble-t-il n'y a fait attention.

Voyez-vous de qui je veux parler ?

8)
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Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de frontovik 14  Nouveau message 28 Juin 2022, 15:30

Non. Qui était ce???
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Re: Décès du dernier officier de la LVF et de la Division SS Charlemagne

Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Laurent W  Nouveau message 28 Juin 2022, 15:47

Je possède une liste complète de tous les officiers ayant servi dans la LVF, la Sturmbrigade et la Division Charlemagne. Et sauf erreur de ma part, le sous-lieutenant Michel du Verdier de Genouillac était le dernier encore en vie. Il est également connu sous le pseudonyme de "Gensérac".

Son faire-part de décès : https://avis-de-deces.ouest-france.fr/2 ... ac-1161836
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Re: Décès du dernier officier de la LVF et de la Division SS Charlemagne

Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de frontovik 14  Nouveau message 28 Juin 2022, 19:45

OK. Merci.
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Re: Décès du dernier officier de la LVF et de la Division SS Charlemagne

Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de Loïc Charpentier  Nouveau message 28 Juin 2022, 22:32

Depuis janvier 1982, il s'était consacré à la production de vaches laitières., Meuh... ouis!

Au sein du 58. Waffengrenadierregiment, le second régiment d'infanterie durant la brève existence de la 33. (Freiwillige) Waffen Grenadier-Division der SS "Charlemagne" , il était adjoint (Adjudant) du commandant du 2. Bataillon

La "division" s'était littéralement faite exploser la tronche dès son premier engagement face à l'Armée Rouge, début 1945 et, si on retrouve encore sa trace sur certaines Schematische Kriegsgliederungen, établies durant deux ou trois décades suivantes par l'OKH, c'était uniquement avec la mention pudique de "reconstitution en cours", qui, dans les faits, ne s'était jamais réalisée, vu que, un, la "division" - au mieux, l'effectif d'une malheureuse brigade montée de bric et de broc avec les volontaires de la Waffen-SS, quelques égarés de la LVF et les "paumés" de la Milice, qui avaient retraité dans le sillage du Maréchal! - avait, déjà, rencontré les pires problèmes pour parvenir à se constituer, faute de recrues, deux, après la sévère tôle qu'elle s'était prise face aux soviétiques, toute possibilité de regarnir ses rangs et pour cause avaient été inenvisageable!

Je ne connais pas particulièrement son parcours militaire avant mai 1945, ni après, mais il avait du "en chier" comme ses "copains". Né en 1921, il avait au mieux 24 balais en 1945. C'est relativement jeune et çà donne à réfléchir sur les circonstances de son "engagement"... qui vont, dès lors, le poursuivre plus de quatre-vingt ans plus tard, jusqu'à l'heure de son décès!

Il y a trente ans, il aurait été mis en terre anonymement ou presque, si ce n'est que pour de très rares historiens spécialistes, qui seraient, eux-mêmes, restés discrets. Désormais, médiatiquement, par le biais des moteurs de recherche, il a droit au funeste qualificatif de "dernier officier (encore en vie) de la LVF et de la Division SS Charlemagne". Les ressources de recherches oubiennes sont impitoyables et, hélas, ne tiennent compte d'aucune prescription juridique. Vu son âge très avancé, sa progéniture directe doit être, au mieux, constituée d'une ou deux vieilleries de 77 ans d'âge ( plus surement moins, vu la durée probable de son séjour en tôle!), de petits-enfants de moins de 50 ans et d'arrières-petits-enfants, eux, âgés de 20 balais pour les plus vieux, le tout totalement ignorant, à très peu de choses près et généralement confus , du passé militaire du Pépé! Les anciens combattants de l'époque, quelque soit leur camp, n'avaient pas coutume de se répandre sur leurs supposés faits d'armes et encore moins, quand il s'agissait de leur temps de service dans l'armée allemande défaite.

Il y a 40 ans de çà, le "Malgré-nous" alsacien-lorrain était d'une "discrétion de pucelle", quant à son passé militaire; en gros, il fallait réussir à l'amener dans des circonstances bien particulières, pour qu'il finisse par "cracher" quelques rares informations sérieuses mais néanmoins parcellaires. J'ai connu une attitude similaire chez d'Anciens Résistants et même, au moins, chez un Chef de Maquis réputé. Dès lors, côté ancien volontaire français de la Waffen-SS, les confidences familiales à propos du cursus militaire, généralement conclu, au mieux, par quelques années de gniouf, devaient être encore plus discrètes.

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Re: Décès du dernier officier de la LVF et de la Division SS Charlemagne

Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de Laurent W  Nouveau message 01 Juil 2022, 02:38

Loïc Charpentier a écrit:Je ne connais pas particulièrement son parcours militaire avant mai 1945, ni après, mais il avait du "en chier" comme ses "copains". Né en 1921, il avait au mieux 24 balais en 1945. C'est relativement jeune et çà donne à réfléchir sur les circonstances de son "engagement"... qui vont, dès lors, le poursuivre plus de quatre-vingt ans plus tard, jusqu'à l'heure de son décès!


Si cela vous intéresse, je peux vous donner sa biographie. ;)
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Re: Décès du dernier officier de la LVF et de la Division SS Charlemagne

Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de frontovik 14  Nouveau message 01 Juil 2022, 06:47

Oui!!! Quelques éléments biographiques nous intéresseraient beaucoup, histoire de mieux comprendre le bonhomme et son engagement. L'après guerre aussi.
"Je ne vous apporte pas la liberté, je l'ai trouvée ici, parmi vous". Skënderbeg.

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Re: Décès du dernier officier de la LVF et de la Division SS Charlemagne

Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de Laurent W  Nouveau message 01 Juil 2022, 18:22

Image
Sous-lieutenant Michel de Genouillac.

Michel du Verdier de Genouillac est né le 13 juillet 1921 à Concoret (Morbihan), descendant d’une ancienne famille originaire du Limousin où elle fut anoblie à la fin du XVIe siècle. Il est le fils du comte Paul du Verdier de Genouillac (1878-1958), officier sorti de Saint-Cyr, chef de bataillon d’infanterie, officier de la Légion d’honneur, Croix de guerre 14-18 (2 citations).

Michel de Genouillac intègre lui-même l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en octobre 1941, admis 84e sur 300 (promotion « Charles de Foucauld »). L’ESM est, à l’époque, repliée à Aix-en-Provence depuis 1940 mais elle doit finalement fermer ses portes après l’invasion de la zone libre par les Allemands en novembre 1942. Ayant reçu le grade de sous-lieutenant de cavalerie le 25 novembre 1942, Michel de Genouillac est rendu à la vie civile dès le 29 novembre, l’armée d’armistice ayant été dissoute.

Photo de la promotion de Saint-Cyr "Charles de Foucauld" (1941-42) : https://imagesdefense.gouv.fr/fr/la-pro ... vence.html

De Genouillac rentre alors chez lui, à Concoret, attendant des instructions qui ne viennent pas. Lassé d’attendre, de Genouillac s’engage finalement dans les Chantiers de Jeunesse, en Haute-Savoie. Affecté au groupement n°7 « Le Fier » dont la devise est « Il faut que France continue », il y occupe les fonctions de chef du camp n°3, établi dans les montagnes de Clergeon au-dessus de Rumilly.

Image
Ci-dessus : photos du groupement n°7 des Chantiers de Jeunesse où de Genouillac
a servi (source : https://prisonniers-de-guerre.fr/les-ch ... 479101143/).

Le 9 août 1943, le groupement n°7 est dissous. Ne supportant plus l’inaction, de Genouillac décide de se porter volontaire pour intégrer la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF). Il signe son acte d’engagement le 27 septembre 1943. Cet engagement est motivé par son anticommunisme et par le serment de fidélité qu’il avait prêté au maréchal Pétain lors de son entrée à Saint-Cyr.

Le 1er octobre 1943, le sous-lieutenant de Genouillac est d’abord envoyé au camp d’entraînement de Kruszyna en Pologne. Après 6 mois d’instruction, il rejoint la Biélorussie où les trois bataillons du 638e régiment d’infanterie de la LVF sont en opération contre les partisans soviétiques, à 150 km à l’est de Minsk, dans le secteur de Borissov-Orcha-Moghilev-Bobruisk. Le 1er avril 1944, le sous-lieutenant de Genouillac est ainsi affecté comme chef de section à la 2e compagnie du Ier bataillon de la LVF. Depuis novembre 1943, ce bataillon est sous les ordres du capitaine Jean Bridoux (Saint-Cyr, promo 1931-33), très bon officier qui vient d’être décoré de la Croix de Fer de 2e classe le 17 mars 1944 suite aux bons résultats obtenus par le Ier bataillon lors de « l’opération Maroc » contre les partisans.

Image
Capitaine Bridoux

Le 18 juin 1944, arrive un ordre du commandement allemand imposant la relève et le retour de toute la LVF en Allemagne. Mais cette relève va s’avérer plus difficile que prévue puisque l’Armée rouge lance le 22 juin sa grande offensive d’été (l’opération Bagration), perçant le front allemand, provoquant l’encerclement de plusieurs divisions allemandes et la retraite du groupe d’armées Centre.

La LVF, qui a déjà commencé son mouvement vers l’Ouest comme initialement prévu, est envoyée en urgence occuper une position sur la rive est de la rivière Bobr, à l'est de Borissov, le long de l’autostrade Minsk-Moscou, afin de freiner l’avance des troupes soviétiques. Cette mission est confiée à un Kampfgruppe d’environ 600 Français, issus principalement des Ier et IIIe bataillons de la LVF, et placés sous les ordres du capitaine Bridoux. Le sous-lieutenant de Genouillac, toujours en poste au Ier bataillon, sera lui aussi de la partie. Outre six malheureux canons antichars de 37 mm fournis par la 13e compagnie de la LVF, les Français ne sont renforcés que par une compagnie de marche allemande et quatre chars Tiger de la schwere-Panzer-Abteilung 505. Pendant les combats, ils recevront également le soutien aérien de plusieurs Stukas. Au total, le Kampfgruppe n’atteint guère plus de 800 hommes. Face aux Français, les Soviétiques alignent quatre ou cinq bataillons et des dizaines de chars, des Katiouchas, etc., provenant du 3e Corps blindé de la Garde.

Le 26 juin 1944 au matin, une première attaque soviétique est repoussée, suivie de trois autres dans l’après-midi. Une contre-attaque française est même lancée faisant plusieurs prisonniers. Malgré le pilonnage d’artillerie intensif qu’ils subissent, les Français tiennent bon. Le 27 juin, lors d’une nouvelle attaque soviétique, le commandant par intérim de la 3e compagnie du Ier bataillon, le sous-lieutenant Rigeade, est blessé et évacué. C’est au jeune sous-lieutenant de Genouillac qu’il revient d’assurer à son tour le commandement par intérim de cette compagnie.

Après 48 heures de résistance sur la rivière Bobr, le Kampfgruppe de la LVF est relevé par une unité allemande. Les Français comptent 41 morts et 24 blessés graves. Les Soviétiques ont perdu une quarantaine de blindés dont 26 détruits par les Tiger, 13 par les canons antichars de la LVF. La défense de Bobr a été tellement acharnée que le communiqué de l’Armée rouge évoquera par la suite « la résistance de deux divisions françaises » (sic). Pour cette résistance, le capitaine Bridoux recevra la Croix de Fer de 1re classe.

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Après le combat de Bobr, les Ier et IIIe bataillons de la LVF se regroupent jusqu’au 2 juillet à une quinzaine de kilomètres près de Minsk avant de reprendre la route, via Kaunas en Lituanie, vers le camp de Greifenberg en Poméranie, le dépôt de la LVF. Tout au long de ce périple de plus de 1 000 km, les Français, dispersés en petits groupes, doivent faire face à de nombreuses embuscades de partisans et aux attaques aériennes. L’ensemble de la LVF se regroupe progressivement à Greifenberg au cours de la deuxième quinzaine de juillet. Quant au sous-lieutenant de Genouillac et son groupe, ils font partie des derniers à rejoindre le dépôt de la LVF, fin juillet.

Le 1er septembre 1944, la LVF est officiellement dissoute par le commandement allemand. Ses unités sont reversées dans la Waffen-SS. Le sous-lieutenant de Genouillac accepte ce transfert bien qu’il ait eu la possibilité de le refuser.

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De Genouillac suit d’abord un stage à la SS-Unterführerschule de Lauenburg, afin d’y recevoir une formation de chef de compagnie, de la fin septembre à la mi-novembre 1944. Il est ensuite nommé commandant de la 4e compagnie (mitrailleuses et mortiers) du Ier bataillon du Waffen-Grenadier-Regiment der SS 58, l’un des deux régiments de la 33e Division SS « Charlemagne » nouvellement créée (l’autre régiment étant le Waffen-Grenadier-Regiment der SS 57).

Mais début février 1945 et contre toute attente, de Genouillac est nommé adjoint du capitaine Maurice Berret (Saint-Cyr, promo 1936-38) qui commande le IIe bataillon du Waffen-Grenadier-Regiment der SS 58. C’est une mutation qu’il n’apprécie pas du tout car elle le sépare des hommes qu’il a formés des semaines durant. Cette nouvelle affectation s’expliquerait par le fait que de Genouillac est l’un des rares officiers de la Division à parler couramment allemand.

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Capitaine Berret

C’est donc au sein du II/58 que le sous-lieutenant de Genouillac va participer aux combats de la Division Charlemagne, en Poméranie orientale, à partir du 17 février 1945.
Nous ne raconterons pas ici dans le détail l’odyssée désespérée de la Division Charlemagne à travers la Poméranie. Pour plus de détails, nous renvoyons nos lecteurs au remarquable ouvrage de Robert Forbes, For Europe. The French volunteers of the Waffen-SS (édition révisée de 2006), ouvrage dans lequel le nom de Genouillac est cité à de nombreuses reprises.

Nous rappellerons simplement que fin février 1945, le II/58 du capitaine Berret et de son adjoint le sous-lieutenant de Genouillac se retrouve encerclé à Bärenhütte, avec l’état-major du régiment 58 commandé par le commandant Emile Raybaud (Saint-Cyr, promo 1930-32). Les Soviétiques préférant continuer leur progression plutôt que de perdre du temps à faire le siège du village, les SS français ne subissent pas d’attaques directes. Finalement, Raybaud décide d’organiser une percée et quitte le village à minuit. L’opération réussit et le II/58, ayant brisé l’encerclement, arrive à Hammerstein à l’aube du 26 février.

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Commandant Raybaud

C’est à Hammerstein que l’essentiel des autres unités de la Division Charlemagne, déjà très éprouvées par les combats, se retrouvent également le 26 février. Le bilan de ces premiers jours de combat est très lourd pour les SS français. Plusieurs centaines d’entre eux ont été tués ou blessés. Plusieurs centaines d’autres sont portés disparus ou éparpillés dans la nature. La Division, faiblement équipée, mal armée, privée de positions défensives solides, manquant de moyens de transmissions et de moyens antichars, a lutté comme elle a pu face à un ennemi possédant une supériorité numérique et matérielle écrasante.

Ce même 26 février 1945, le commandement allemand ordonne le repli de la Division Charlemagne, repli qui va durer plusieurs jours et qui doit l’emmener (pour une partie d’entre elle du moins) jusqu’à Kolberg au bord de la mer Baltique, c’est-à-dire à près de 140 km au nord-ouest d’Hammerstein. Cette retraite va se faire à pied, sous les attaques incessantes des Soviétiques, notamment aériennes. Plusieurs combats de retardement, très durs, vont devoir être engagés par la Division Charlemagne, combats qui vont mener à sa dislocation progressive.

Par ailleurs, au cours de cette retraite, le 1er mars, la Division Charlemagne est réorganisée en deux nouveaux régiments : un régiment de marche (RM) à deux bataillons, commandé par le commandant Raybaud, et un régiment de réserve (RR) à deux bataillons, commandé par le capitaine de Bourmont (Saint-Cyr, promo 1927-29). Le sous-lieutenant de Genouillac est quant à lui officier adjoint du IIe bataillon du régiment de réserve (II/RR), bataillon placé sous le commandement du capitaine Berret.

Dans la nuit du 3 au 4 mars, le capitaine Berret est blessé à la tête. C’est le sous-lieutenant de Genouillac qui doit désormais assurer l’intérim à la tête du IIe bataillon du régiment de réserve. Le II/RR est alors positionné près d’un pont sur la rivière Persante, à l’ouest de Körlin.

Au soir du 4 mars toujours, la Division Charlemagne décide de poursuivre sa retraite dans l’ordre suivant : en avant-garde, le Ier bataillon (lieutenant Fenet) du régiment de marche (commandant Raybaud), suivi du régiment de réserve (capitaine de Bourmont) avec ses Ier bataillon (capitaine Moneuse) et IIe bataillon (sous-lieutenant de Genouillac), enfin le IIe bataillon (capitaine Bassompierre) du régiment de marche en arrière-garde.

Au petit matin du 5 mars 1945, va se dérouler la catastrophe de la plaine de Belgard : le régiment de réserve et ses deux bataillons sont surpris totalement à découvert, au lever du brouillard, par les Soviétiques qui vont les pilonner impitoyablement. En moins de deux heures, le régiment de réserve est entièrement anéanti. C’est un véritable massacre. Le général Puaud, commandant français de la Division Charlemagne, tout comme le capitaine de Bourmont qui commande le régiment de réserve, sont tués.

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Général Puaud

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Capitaine de Bourmont

Quelques petits groupes de soldats parviennent malgré tout à s’échapper miraculeusement de la nasse. Parmi eux, le commandant du II/RR c’est-à-dire le sous-lieutenant de Genouillac. Commence alors pour lui une retraite désespérée vers l’ouest avec quelques SS français et des soldats allemands sur les routes encombrées de civils. Le 13 mars 1945, arrivé sur les rives de l’Oder, à plus de 150 km à l’ouest de Belgard, de Genouillac est capturé par des troupes de la 1ère Armée polonaise qui le livrent ensuite au Soviétiques. La guerre est finie pour lui.

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Waffen SS français de la Charlemagne capturés par la 1ère Armée polonaise

Commence alors un autre et long périple, cette fois de camp en camp. Envoyé au camp de prisonniers de guerre d’Arnswalde où il retrouve plusieurs autres officiers SS français, de Genouillac est dénoncé aux Soviétiques par un SS français, ancien milicien, comme ayant participé à un massacre de prisonniers russes à Hammerstein. Lors de son interrogatoire, de Genouillac parvient à convaincre les Soviétiques qu’il n’a strictement rien à voir avec ce crime de guerre, ce qui est exact. Avec les autres officiers SS français, il est ensuite transféré successivement à Landsberg le 14 avril 1945, au camp de Posen le 24 avril, à Walka (Lituanie) le 12 août, à Tapa (Lettonie) le 23 décembre. Le 27 janvier 1946, lui et les autres officiers SS français sont embarqués dans un wagon à marchandises pour être renvoyés en France. Après 22 jours de transport, ils arrivent… à Sighet en Transylvanie le 17 février 1946. Leurs uniformes en lambeaux sont remplacés par des tenues civiles et le groupe reprend son trajet le 27 mars 1946 en direction de Budapest (Hongrie) puis de Vienne (Autriche), avant de débarquer au camp de prisonniers de guerre de Saint-Valentin en Autriche le 2 avril, où se trouvent déjà environ 1 000 prisonniers alsaciens-lorrains et une centaine des SS français. Le 2 mai 1946, un détachement militaire français arrive au camp pour prendre en charge ce millier de Français qui embarque de nouveau dans un train et qui arrive à Strasbourg le 5 mai 1946. De Genouillac, qui totalise donc déjà plus d’un an d’internement dans les camps soviétiques, est enfin transféré à Paris et emprisonné.

Le 3 août 1946, la Cour de justice d’Orléans condamne Michel de Genouillac à deux ans de prison ferme et à 50 000 francs d’amende pour « atteinte à la Défense nationale ». Il purgera toute sa peine. Une peine relativement légère, sachant que les condamnations pour les officiers de la Charlemagne ou de la LVF étaient généralement plutôt de 5 ans ou plus. Il est vrai également que de Genouillac n'est pas passé par la Milice, contrairement à d'autres, et n'a donc pas de sang français sur les mains. Entre temps, il a été radié des cadres d'active de l'armée.

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Journal officiel du 8 septembre 1945

Libéré fin avril 1948, de Genouillac trouve ensuite un emploi de cadre dans la métallurgie en région parisienne, puis plus tard dans la banque, avant de terminer sa vie active comme exploitant agricole. Entre temps, il se marie le 20 octobre 1949 à Marie-Antoinette (1927-2016), union qui donnera trois filles et deux garçons. A noter que l’une des sœurs de Michel de Genouillac épousera de son côté Jean Chatrousse (1921-2010), ancien camarade de Genouillac à Saint-Cyr, et lui aussi ancien officier SS de la Division Charlemagne.

Michel de Genouillac décède finalement le 10 janvier 2022 dans sa 101e année, au château familial du Rox, commune de Concoret (Morbihan). Il était le dernier officier encore vivant de la LVF et de la Division Charlemagne.

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Château du Rox à Concoret où est décédé Michel de Genouillac
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Re: Décès du dernier officier de la LVF et de la Division SS Charlemagne

Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de fanacyr  Nouveau message 01 Juil 2022, 19:58

Merci
J'avais oublié qu'il y avait autant de Cyrards à la SS...
j'avais discuté de çà ici
viewtopic.php?f=24&t=16163&p=166642&hilit=collabos#p166642

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Re: Décès du dernier officier de la LVF et de la Division SS Charlemagne

Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de Loïc Charpentier  Nouveau message 01 Juil 2022, 19:59

::Merci::

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