Post Numéro: 1 de landevenneg 19 Mar 2022, 14:08
La mort de l'abbé Sallaz, curé de Chilly en Haute Savoie, le premier des quatres prêtres de Haute Savoie tués à la Libération est emblématique de l'hostilité du milieu enseignant et universitaire à l'égard de l'Eglise. Si les faits sont généralement correctement rapportés leur interprétation, y compris dans les thèses universitaires, visent à dédouaner les mouvements de Résistance de leurs actes. Pour les faits tels que rapportés dans différentes thèses, il est enlevé dans son presbytère le le 23 juin 1944, sa cure mise à sac et pillée. Le lendemain il sera
forcé de creuser sa propre tombe dans les bois environnants. Ce n'est qu'en 1954 que sa dépouille sera transférée au cimetière de Chilly.
Si les thésards reconnaissent la responsabilité de membres de la Résistance dans sa mort que disent ils de leurs motivations?
"Les mobiles de cet assassinat peuvent être, soit la jalousie ou la vengeance, soit un règlement de compte qui aurait mal tourné."
"Certaines personnes auraient elles trouvé un motif de collaboration du prêtre pour régler un compte personnel ? Cela est possible, néanmoins ses assassins meurent tous tragiquement peu de temps après la guerre Il est également possible de penser à une explication qui aurait tourné au drame. Les ravisseurs auraient pu souhaiter intimider le prêtre, cependant l’un d’eux aurait été dévisagé ou ils auraient été trop loin et devant la peur d’une confrontation, ils auraient préféré l’abattre.""Quoiqu’il en soit, nous ne connaissons pas les raisons qui ont poussé des individus à assassiner ces prêtres. Pas plus eux d’ailleurs que les trois autres "Derrière ce discours lénifiant visant à amoindrir les responsabilités et les motivations de ses assassins se trouve une vérité plus sordide. L'action sociale de l'abbé Sallaz dérangeait. Il travaillait à créer une école ménagère. Il a été plusieurs fois menacés, il avait plainte sachant qui le menaçait, avant d'accepter de retirer sa plainte. Il fut averti la veille de son assassinat par le Maire. Quant aux accusations qui ont été ensuite relevées par les RG concernant des faits de marché noir, il s'est avéré que les sommes d'argent, le matériel et la nourriture volés dans sa cure provenaient de sommes payées pour des messes à venir, et de son projet d'école ménagère. On peut s'interroger si une partie des rumeurs concernant l'abbé n'ont pas été forgées après l'assassinat pour le justifier. Enfin peut on croire à la dispute qui a mal tourné?
L'abbé Sallaz a été enlevé mais pas immédiatement assassiné. Avant de mourir ses assassins lui ont permis de rédiger deux mots, l'un à sa famille, l'autre à ses paroissiens. Dans cette derniere il écrit qu'il meurt "innocent, après avoir été jugé sans brutalité" (cette dernière partie est un rajout que ses assassins lui ont forcé à écrire)
En novembre 1945 son successeur et son frère sont informés du lieu approximatif de la tombe. Il la découvre, signalée par une Croix de Lorraine. Son corps est placé dans un cercueil est
ré-inhumé sur place. C'est seulement en 1954 que le transfert du corps au cimetierre sera réalisé.
On est bien loin d'un meurtre, quasi accidentel, non voulu, ni prémédité. Encore une fois, le leitmotiv avancé après-guerre comme justification par les assassins "ce n'est pas le prêtre qui était visé mais l'homme" est battu en brèche.