Le village de Haute Savoie, Cercier, qui comptait environ 300 habitants n'a pas connu de présence allemande pendant la guerre. Pourtant plusieurs évènements dramatiques s'y sont déroulés. Michel Germain, dans son livre "Le sang de la barbarie, chronique de la Haute-Savoie au temps de l'occupation allemande" rappelle qu'en novembre 43 un groupe de Résistants extérieur au village y débarqua un soir, tuèrent les deux frères Lacôte. Le cafetier et un dentiste échappèrent à la mort. Selon la Resistance une douzaine d'habitants sous la conduite du dentiste étaient affiliés à la Milice, chargés de surveiller les habitants du village. A la Libération en Aout 1944 quatre jeunes du Pays, André Sage (21 ans), Marius Sallansonnet (24 ans), Joseph Humbert (23 ans), Francis Berthoud (35 ans) passèrent devant un tribunal d'exception à Anemasse et furent exécutés avec 14 autres. Jean Soudan échappa à la mort car ils manquaient de cercueils. Quelques mois plus tard, en décembre 1944, et en lien avec cette dernière affaire, le curé de Cercier, Jean Dermineur, 67 ans, était enlevé par un groupe d'hommes en uniformes. On le retrouva dans une rivière, exécuté d'une balle dans la tête.
Si l'on s'en tient aux rumeurs rapportées par les RG, et toujours selon le schéma que l'on retrouve dans ce genre d'affaires, Jean Dermineur était affilié à la Milice, aurait été liés avant-guerre aux Cagoulards, aurait même fait du trafic d'armes (Pour le front de libération savoisien????). Aimé Bocquet, originaire de Cercier, et dont je vous avais présenté le témoignage "Cercier un petit village de Haute Savoie en mai-juin 1940" (pour vous montrer qu'il est loin d'être un sombre catholique intégriste ou un triste révisionniste) a évoqué à 86 ans cette affaire. Attaché à son village et à son curé, il a fait sa 1ere communion avec l'abbé Derminier, il a voulu témoigner pour lui et les jeunes de son village.