JARDIN DAVID a écrit:Dommage que nos contributeurs régionaux ne se manifestent pas : Françoise Morvan, Yves Mervin, Kristian Hamon... Il y a matière à un débat objectif.
JD
La Basse-Bretagne et son bas-clergé avaient été les cibles prioritaires de la Révolution Française naissante - et, même, déjà, à certaines occasions, sous la royauté qui avait précédé, si on regarde bien! - . La Troisième République, à dater de 1870-1871, en avait, elle-même, rajouté une sérieuse couche dans sa volonté ou ses intentions - même, respectables! - "jacobines" de régler la marche de la Nation selon ses décisions "parisiennes" & urbaines.
Il convient de ne pas rêver, la Basse-Bretagne, au XIX
ème siècle, avait, elle-aussi, été le foyer d'une très importante "migration" interne des populations paysannes ou maritimes, à la vie locale très dure, cherchant à migrer vers des pôles urbains plus "rémunérateurs". L'exemple de la BD "
Bécassine", publiée à partir de 1905, en est un exemple "concret", car c'était la gentille bonne bretonne, au service de la bourgeoisie, sans que, pour autant, la scénariste et le dessinateur n'y voient, eux-mêmes, le moindre mal, car il s'agissait, alors, d'une situation existante "normale". Après-guerre (la seconde!), la bonne bretonne avait été remplacée par son pendant hispaniques, espagnol, puis portugais.
Il n'est pas question, ici, sans parler de la "Chouaennerie" bretonne, de remettre en cause les bonnes intentions de la République, mais de prendre en compte l'absence totale de psychologie de ses représentants locaux, qui, bien souvent, avaient raisonné (et exécutés) selon des décisions parisiennes, qui, le plus souvent, se référaient à des régions largement plus favorisées. On retrouve une situation un peu similaire avec les bougnats et marchands de charbon du Massif Central.
Dans cette ou ces histoires régionales françaises, le clergé local avait, toujours, eu un rôle essentiel, car il avait été, pendant très longtemps, le seul communicant "reconnu", par ses paroissiens, de la "Bonne Parole", or, depuis 1792, le clergé séculier était dans le viseur de la République. Si Bonaparte n'était pas passé par là, pour calmer le jeu, le bas-clergé breton serait passé "à la moulinette".
Oui, certes, d'une certaine manière, la Basse-Bretagne, notamment, était "arriérée", par rapport aux idées modernes, mais il y a de nombreuses raisons qui peuvent l'expliquer, y compris jusqu'à la fin (et même au-delà!) de la Seconde Guerre Mondiale!
Je vais vous donner un exemple tout bête, ma mère lorientaise et mon père groisillon (Ile de Groix) avaient souhaité me prénommer "Loïc", en 1946... sauf que c'était interdit par la loi, car considéré comme un prénom "étranger" (sauf pour les natifs alsaciens-lorrains durant l'Occupation! Du coup, je suis, très officiellement, "Jean-Loïc", pour l'Etat Civil et "Loïc Jean", pour l'Eglise! Il avait fallu attendre 1974, sous le "règne" de Giscard d'Estaing, pour que le Conseil d'Etat légifère, après plusieurs années de recours judiciaires, à propos d'une famille, paumée dans les Monts d'Armor (mais, plutôt bien assistée !
), dont tous les lardons avaient, systématiquement, reçu un prénom breton "pur & dur", ce qui avait entrainé la Sécurité Sociale, respectueuse des lois, à ne pas les reconnaitre officiellement, ni à verser la moindre allocation familiale à la famille! Depuis lors, j'ai le droit de faire souligner "
Loïc", comme prénom usuel, sur ma carte d'identité nationale! ... Je ne parle même pas des "Kevin" et "Jennifer", qui, eux, à l'époque, n'avaient pas, non plus, le droit d'être proposés aux services communaux d'enregistrement de l'Etat-Civil!