Les expulsions de lorrains de la Moselle nazifiée 1940 – 1941
De décembre 1918 à octobre 1920 les autorités françaises ont expulsé 30 000 habitants de Moselle se composant d’allemands d’origine ou nés en Moselle et pour le reste des mosellans pro allemands. Ils avaient le droit d’emporter 2000 marks par personne et 30 kg de bagages.
En 1940-1941, les nazis ont procédé aux mêmes opérations de nettoyage (Saüberungsaktion) vers la France en plusieurs vagues.
1ère vague Juillet 1940
En juillet 1940, un mois après le retour des allemands en Moselle, 1131 mosellans sont chassés essentiellement de l’arrondissement de Thionville. Ordonnée par les autorités civiles allemandes, elle est menée par des membres du Polizeibataillon 63 de l’Ordnungspolizei. Cette expulsion vise en premier lieu les symboles de la résistance française lors de la 1ère annexion comme la Famille de Wendel maitres de forges qui sont purement et simplement expulsé avec prises de possession des usines sidérurgiques. Un avis est placardé le 17 juin 1940 demandant aux juifs de quitter la Moselle dans les 3 jours avec bagages à main et 400 francs . Au-delà du 20 juillet 1940, ce sera 10 kg de bagages. Sont également visés les « français de l’intérieur » c'est-à-dire ceux nés hors Moselle ou en Moselle de parents non mosellans.
2ème vague aout – septembre 1940 les indésirables
Le 15 aout 1940, la fête de l’Assomption est célébré place Saint Jacques à Metz autour de la statue de la Vierge Marie en présence de l’évêque de Metz Mgr Heintz. Cette manifestation considérée comme « anti-germanique » a servi de prétexte à une seconde vague d’expulsions d’ « indésirables ». L’évêque est expulsé le lendemain (expulsion programmé pour répondre au départ contraint de Mgr Benzler évêque allemande de Metz en 1919).
Qui sont les indésirables ? -les juifs - les français de l’intérieur - les mosellans francophiles (membres des associations patriotiques, déserteurs de l’armée allemande en 1914 – 1918, les naturalisés français, fonctionnaires francophiles, situation dans la presse et média francophile…)
La Gestapo notifie l’expulsion et l’Ordnungspolizei les exécute. Regroupées, transportés jusqu’à la gare avec 50 kg de bagages et 2 000 francs par personne, les familles expulsés sont convoyés hors de Moselle vers Lyon. Un rapport du Befehlshaber der SIPO SD Metz Dunckern du 2 avril 1943 indique :
- 4 307 mosellans les 16 et 17 août 1940
- 11 230 du 28 au 31 août 1940 – 7 542 du 16 au 18 septembre 1940 soit 23 079 personnes.
3ème vague : expulsions massives en novembre 1940
Le 21 septembre 19401, le Gauleiter Bürckel annonce qu’il a l’intention de procéder à un échange de population avec la France afin que la Lothringen soit entièrement germanisée. L’ambassadeur Abetz est informé le 31 octobre de cette action. Il n’y est pas favorable car il a peur que cela compromette la politique de « Kollaboration » franco-allemand amorcée à Montoire le 24 octobre 1940. Hitler a approuvé l’opération. Laval et le gouvernement de Vichy en ont été avisé le 2 novembre. L’opération est déclenchée le 11 novembre 1940. La date anniversaire de l’armistice de 1918. Un air de revanche.
Pendant ce temps là en Lothringen, les chefs locaux politique de la Deutsche Volksgemeinschaft (DVG) la branche lorraine du parti nazi sont chargés de dresser des listes d’expulsions. Elles vont servir à établir les avis d’expulsions qui seront notifiés par la Gestapo.
L’action vise ceux qui parlent uniquement le français, qui sont francophile ou qui refusent d’entrer dans la D.V.G. Les expulsions touchent l’ensemble du département, elles vont toucher en priorité les cantons de la Meurthe qui ont été rattachés à la Moselle allemande en 1871.
Baptisée «Aktion D » est menée par des Einsatzkommandos de la SIPO SD épaulés par les bataillons de l’Ordnungspolizei : 58 711 expulsés mosellans embarqués à bord de 66 trains vont converger sur Lyon.
Cela marque la fin des expulsions massives.
1941 Actions ciblées
En mars/mai 1941 a lieu le départ des « optants ». Bürckel autorise les mosellans « de souche » qui sont opposés aux nazis à quitter la Lothringen. 7 818 mosellans vont partir en 10 trains vers la France.
Quelques mois plus tard, 99 prêtres catholiques sont expulsés « manu militari » par la gestapo en raison de leurs sentiments francophiles ou de leur résistance au national-socialisme.
Après la phase de germanisation, Bürckel peut mettre en œuvre une politique de nazification de la population.
(à suivre).