Post Numéro: 10 de Jawa 08 Jan 2004, 19:20
Bonsoir,
Frappant, ton exemple au sujet des archives militaires, Lille...
J'ai trouvé ceci sur l'épuration dans le livre
Le syndrome de Vichy de 1944 à nos jours de Henry Rousso :
"En majorité, et sauf les condamnations pour crimes, tortures ou dénonciations, relevant du Code Pénal traditionnel, les collaborateurs ont été poursuivis en vertu de l'article 75 du Code Pénal, rédigé en 1939, et qui réprime "l'intelligence avec l'ennemi". Mais cette définition, si elle est relativement solide au plan du droit, ne l'est pas politiquement. Elle ne prend pas en compte l'engagement idéologique qui ne s'est pas déterminé uniquement en fonction du patriotisme. [...] D'où l'inégalité des condamnations, très diverses suivant les instances (les tribunaux militaires ont été, en général, plus cléments que les cours de justice, prenant souvent en compte la sincérité d'un milicien ou d'un légionnaire de la LVF) suivant le statut social (les chefs et les cadres d'entreprise ont été plus épargnés que les journalistes, car moins exposés, et surtout plus indispensables à la remise en route de l'économie), suivant les dates (il valait mieux passer en jugement après 1945 qu'avant). [...]L'épuration a donc mécontenté tout le monde, car elle n'a pu trouver un compromis satisfaisant entre la justice traditionnelle, réclamée par les plus modérés(mais aussi par les plus menacés politiquement) et la nécessité d'en finir avec le fascisme et ses hérauts. Le dilemme n'était pas seulement moral, le droit contre la revanche légitime, la mémoire courte contre la rancune tenace, il était politique, les communistes étaient les plus intransigeants. Il a conditionné en grande partie le souvenir ultérieur de l'Occupation : le nouveau conflit s'est substitué au premier, presque aussi virulent car purement interne et amplifié par une presse libre et déchaînée; il a engendré à son tour des mythes négatifs, comme "les 100 000 exécutions sommaires" (en réalité dix fois moins) ou la menace de soviets rouges, notamment dans le Sud-Ouest."
Amicalement