Post Numéro: 38 de Invité 18 Mar 2005, 01:54
L'Etat français et les Juifs
Quelques jours après l'invasion de la France, dès le 20 mai 1940, les Allemands placent les entreprises abandonnées par leurs responsables, sous la direction d'aministrateurs provisoires désignés par eux. Cette mesure touche en priorité les biens juifs dont les propriétaires ont fui. Les Allemands récidivent avec l'ordonnance du 27 septembre 1940 en imposant aux autorités administratives françaises de ficher les personnes qui appartiennent à la religion juive. Ne voulant pas laisser le Reich s'ingérer dans le domaine législatif dont il est seul responsable, le Gouvernement français réagit en créant par la loi du 16 août 1940 les comités d'organisation pour l'industrie et le commerce qui interposent l'Etat entre l'occupant et les entreprises. Le 10 septembre 1940, l'Etat français affermit son droit de désigner lui-même les administrateurs provisoires. Après avoir protesté à maintes reprises contre cette ingérence allemande sur la question juive et les mesures raciales prises par l'occupant, le maréchal Pétain signera le premier acte portant sur le statut des juifs (loi du 3 octobre 1940) qui suit de quelques jours l'ordonnance allemande du 27 septembre. Ce statut dont les mesures administratives sont discriminatoires "ne visait aucunement à la disparition des Juifs", écrit René Rémond dans sa préface à l'ouvrage d'Asher Cohen : Persécutions et Sauvetages. Il instaure un "numerus clausus" interdisant ou restreignant l'accès des Juifs à certains professions, mesure accueillie avec indifférence par l'opinion française qui manifeste quelques réserves envers l'influence de la communauté juive. Au début de l'été 1942, les Allemands informent le Gouvernement français qu'ils ont décidé de déporter tous les Juifs résidant en France, sans distinction entre Juifs de nationalité française et Juifs étrangers ou apatrides. Devant les protestations du Gouvernement français les Allemands proposent un compromis, indiquant que les Juifs français seraient épargnés, si la police française participait à l'opération. Le maréchal Pétain et le Gouvernement doivent s'incliner devant ce chantage pour tenter de protéger en priorité les Juifs de nationalité française.
Les chiffres suivants sont parlants : En 1940, 730 000 Juifs vivaient dans la mouvance française (400 000 en Afrique du Nord et 330 000 en Métropole). 76000 furent déportés dont 3% survécurent. C'est donc 90% des juifs résidant en France et en Afrique du Nord qui échappèrent à la solution finale et 10% qui en furent victimes. Ce taux de 90% est à comparer avec celui de 6% qui, selon Raul Hilberg, s'applique aux survivants de l'ensemble des collectivités juives d'Allemagne, d'Autriche, de Belgique, de Grèce, du Luxembourg, des Pays-Bas, de Pologne et de Yougoslavie.
Il est à noter que le maréchal Pétain s'est toujours opposé, avec succès, au port de l'étoile jaune en zone non occupée et en Afrique du Nord.