Lusi a écrit:
Alors qu'il parlait allemand couramment, il refusait de le parler (sauf pour remettre en place un commerçant d'Alsace qui ne se souvenait plus du français dans les années 70 ou le curée qui faisait son prêche en allemand, ...).
Ce genre d'attitude pouvait, à l'extrême rigueur, se comprendre, en Alsace, au centre d'une grande agglomération comme Strasbourg, Colmar, Mulhouse, en Moselle, à Metz ou Thionville, mais en campagne profonde, particulièrement en Alsace, dans les années 70, c'était un coup à devoir se cogner dix bornes pour pouvoir acheter son pain! C'est encore, le cas, dans mon village de 1500 âmes, où la langue vernaculaire reste l'alsacien. Après dix ans de résidence locale, on continue à me demander "poliment" pourquoi je suis venu m'y installer, ne parlant pas l'alsacien, en dépit de près de cinquante ans de vie en Alsace, alors même qu'un natif d'une bourgade à moins de cinq kilomètres de là, parlant l'alsacien, est classé "étranger" (Véridique!).
L'alsacien et le mosellan "sarrois" sont des dialectes refuges, seuls repères de populations ballottées, au fil de l'Histoire. Je serai curieux de connaitre en quelle langue pouvaient bien converser nos pioupious de 1870 et la population, quand les premiers s'étaient retrouvés "parachutés" en Alsace ou Lorraine "orientale", fin juillet-début août 1870, sachant qu'en gros, un, pour la plupart, eux-mêmes parlaient le français comme des cochons, deux, localement, hormis les "élites", la langue en usage était le dialecte - c'est la guerre de 14-18 qui généralisera, en France, l'usage de la langue française, sauf dans les régions annexées en 1870, évidemment -. La population du "Nord-Est", née entre 1870 et 1914, à la louche, avait été instruite selon la la langue allemande ; à partir de 1918 jusqu'en 1939, les jeunes générations, le seront en langue française, à l'école (!), puis, à dater de juin 1940, en langue allemande, etc. Dans ces conditions, il serait malvenu de vouloir donner des leçons de "civisme" à ses coreligionnaires.
Le meilleur ami de mon beau-père - tous deux nés en 1920 dans la même bourgade rurale -, ce dernier parlant difficilement en français et ayant servi dans la Heer de 1942 à 1945, était un camarade de classe (primaire, collège) que le hasard de la guerre expédiera combattre à Bir-Hakeim, débarquer en Provence, se cogner les batailles de la poche de Colmar, mais çà ne l’empêchait pas, pour autant, de s'exprimer, quotidiennement, en alsacien.