Post Numéro: 40 de François Delpla 30 Juin 2015, 08:07
Pour lever toute ambiguïté, je précise les entorses à la vérité faites par de Gaulle dans ses mémoires, sur le sujet considéré :
-il aurait vu Churchill le 17 en début d'après-midi et ils auraient tous deux ignoré, aux antipodes des grandes oreilles d'Obama, le discours de 12h 30 de Pétain annonçant la demande d'armistice et ordonnant la cessation du combat;
-c'est pourquoi il n'aurait parlé que le 18, à 18h; sans doute, pour se rattraper de son manque de modernité de la veille, aurait-il anticipé les effets du "prime time" !?
-il ne précise pas qu'il a soumis son discours aux Anglais et plus tard niera carrément l'avoir fait, ce qui aurait été contraire aux usages diplomatiques les plus élémentaires.
En réalité : le 17 après-midi, toute la direction britannique flotte en se demandant comment la France, et Hitler, vont réagir au discours de Pétain. Halifax, complètement paniqué, envoie d'urgence un message à l'Allemagne via la Suède
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=102 . Churchill ne se sent pas encore en mesure de jouer la carte de Gaulle. Le 18, vers 12h 30, Duff Cooper, ministre de l'Information et seul ministre gaulliste ce jour-là, présente un brouillon d'appel au cabinet que Churchill, pour une fois, ne préside pas (officiellement il est trop occupé par la préparation de son discours "de la plus belle heure"... ce qui serait aussi une première, aucune autre préparation de discours ne l'ayant, de toute la guerre, amené à sécher une réunion du cabinet ; je suggère l'hypothèse qu'il s'absente précisément pour ne pas avoir à prendre position sur de Gaulle). Quand le chat n'est pas là les souris dansent, et Halifax n'a aucune peine à envoyer dans les cordes l'arrière-grand-oncle de David Cameron. Dans l'après-midi, Cooper et Spears reviennet à la charge auprès de Churchill, qui les autorise à sonder individuellement les membres du cabinet, lui-même étant d'accord pour que de Gaulle parle. Ce qui se produit finalement vers 22h 30, avec un texte plusieurs fois passé à la moulinette halifaxienne et disant par exemple que Pétain recherche "un armistice dans l'honneur" !