Bonsoir à tous
@ dynamo
Merci Patrick pour ce lien qui me permet le constat qu'il arrive parfois à l'Education Nationale de faire une entorse à la précision sur la date des faits... Les lecteurs rectifieront-ils d'eux-mêmes ?
@ dominord
C'est mon "Cela a son importance" qui a attiré votre attention ?... vous avez raison...
L'attentat de Nantes a eu lieu le 20 octobre à 7 H 30...
Le général Sülpnagel, commandant allemand du district de Châteaubriant a sans nul doute pris immédiatement contact avec sa hiérarchie.
En un premier temps, les Allemands ont présenté une liste de cent otages, menaçant d'en réclamer cinquante supplémentaires si les coupables de l'attentat n'étaient pas arrêtés.
S'ensuivit toute une série d'échanges entre les Allemands, le sous-préfet de Châteaubriant et le ministère de l'Intérieur à Paris.... échanges à partir de la prise en compte de critères de choix des otages, pour en un premier temps en venir à l'établissement d'une liste de soixante.
Quand on a pris connaissance des critères qui ont guidé les choix des uns et des autres, on comprend bien que tout cela ne s'est pas fait en vingt-quatre heures.
@ lebel
Non !... mais le plus important dans l'anomalie, c'est que la lettre du CRR à de Menthon est que le 20 octobre est désigné comme le jour de l'exécution des otages (relisez le contenu dans la parenthèse)
Autre point à corriger qui n'aurait pas dû vous échapper si vous avez lu le livre de M. Cointet...
Il n'est pas écrit ".....que la lettre qui prouvait que Pucheu a donné aux Allemands des renseignements sur les communistes dangereux...." il est écrit "qui prouverait", ce qui est différent !
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Les "chasseurs de textes" auront constaté que ce sujet est à l'origine d'une polémique qui me met sur la sellette ("certains" étant moi-même). Ailleurs, l'auteur de ce fil m'a désigné, sans me nommer, comme étant " l'interlocuteur ............au demeurant , un monsieur agé de 88 ans , qui a connu la Resistance et a eu un parcours bien rempli , il participe ,de manière pertinente et documentée , à de nombreux forums ............mais il malmène la verité "
J'atteindrai 86 ans dans un peu plus de trois mois.... c'est mieux de me vieillir de deux ans, afin de mieux faire admettre les dégâts causés en moi par l'érosion de l'âge !
Dans le cas présent les termes employés sont plus modérés et c'est mieux ainsi.
Les faits :
Dans son livre "Nouvelle histoire de Vichy", Michèle Cointet consacre une douzaine de pages à "La désignation des otages fusillés à Châteaubriant". Affaire dans laquelle était impliqué Pierre Pucheu ministre de l'intérieur.
A la page 478 de son livre, Michèle Cointet écrit ceci :
"Il n'est pas que les communistes pour accuser Pierre Pucheu. Le sous-préfet de Châteaubriant, Bernard Lecornu, le met aussi en cause. Il fournit à l'instruction sa propre lettre du 21 octobre 1941 au commandant allemand du district de Châteaubriant qui prouverait que Pucheu a donné aux Allemands des renseignements sur les communistes dangereux et il affirme que la démarche les désignait pour le poteau d'exécution."
A cette lecture, il apparaît que Lecornu aurait, par la communication de cette lettre, voulu convaincre le général Tubert chargé de l'instruction du procès Pucheu, de la culpabilité de l'accusé.*
Or cette lettre comportait un Post-Scriptum auquel était jointe la liste de soixante communistes les plus dangereux. Liste qui selon les termes employés par Lecornu dans ce P.S. devait faire l'objet d'une révision avant l'adressage d'une nouvelle liste définitive.
Cette liste des "soixante" aurait été établie par un chargé de mission du ministère de l'Intérieur à Paris et non de la main de Pucheu
( Explications par Henri Amouroux "La grande histoire des Français sous l'occupation" - Tome 4 "Le peuple réveillé" - page 371 )
Il faut lire les longues explications de Henri Amouroux et de Michèle Cointet, que je ne peux pas éditer en totalité ici, pour comprendre les échanges qui eurent lieu entre les autorités allemandes et le ministère de l'Intérieur sur les critères pris en compte par l'un et l'autre partie, sur le choix des otages à fusiller. * Pour comprendre aussi comment Lecornu a suggéré subtilement la responsabilité de Pucheu afin d'écarter toute responsabilité personnelle.
Au bout du compte il est apparu que la liste définitive ne correspondait pas à celle qui fut proposée initialement.
Autre facteur troublant pour l'instruction :
"Le défenseur de Pucheu M" Buttin remet au commissaire à la justice du CFLN une note où son client affirme que les Allemands ont fusillé trente cinq communistes qu'il souhaitait libérer et dont le dossier était en cours d'instance auprès des services allemands, ce qui revient à rejeter toute la responsabilité sur les occupants. La responsabilité du choix des otages incombe-t-elle aux allemands ou au ministre de l'Intérieur Pierre Pucheu ? " ( page 477 du livre de Michèle Cointet )
C'est donc à partir de ces explications que j'ai émis mon avis sur la non prise en compte par le magistrat instructeur, de cette lettre, en tant que preuve formelle de la culpabilité de Pucheu, à transmettre à l'accusation.
Ce qui n'a pas empêché qu'au cours de la deuxième audience du procès, la question de la désignation des otages fusillés à Châteaubriant, a été évoquée.
Cordialement,
Roger