Post Numéro: 9 de betacam 11 Juin 2010, 15:49
bonjour,
le témoignage d'un " Malgrés-Nous ", déserteur de l'armée allemande et qui a rejoint la résistance autrichienne.
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le 22 mai 1943; âgé de 23 ans, j'ai été enrôlé dans l'armée allemande, comme beaucoup d'autres et
affecté à une section d'artillerie à Ulm, pour une période de formation.
en juin, j'ai été mis dans un régiment d'infanterie et nous sommes parti pour Ostrov, en Russie, où nous sommes arrivés en août.
Accrochages répétés avec des partisans en septembre et en octobre.
Début novembre on me met dans un régiment de cavalerie- alors que je ne connais rien, aux chevaux- et
qui combattait les partisans sur le front de Novgorod.
l'hiver est à présent très rigoureux, et en janvier 44, par -45°, j'ai eu les pieds gelés. On m'a évacué alors vers un lazaret de campagne à Schimsk.
début avril, j'ai dû rejoindre mon corps de cavalerie, près de Riga en Pologne, qui entre-temps avait été complètement anéanti et recomposé.
en juin, j'ai été détaché pour suivre des cours de radiotélégraphie à Pinsk, en Pologne et j'ai été ensuite
affecté à une unité d'infanterie motorisé, qui combattait dans la région Russo-Polonaise, au nord de Pinsk.
fin août, repli général des troupes à travers la Pologne par Brest-Litovsk et entrée en prusse oriental par Lyck, puis la Silésie ( Breslau ), lea Tchécoslovaquie ( Bratislava ) pour arriver sur le front Hongrois et jusqu'au lac Balaton à Nagykanizsa en novembre.
début mars 1945 : opérations de retraites en direction de la frontière autrichienne et entrée en Autriche.
début avril, voilà que l'auto blindée sur chenilles et sur laquelle était installé le poste émetteur-récepteur radio de l'état-major, doit être dépannée et retirée vers l'arrière avec son équipage - dont moi-même - pour arrivé dans un centre de dépannage installé près de Wies, dans le sud de l'Autriche. Nous nous trouvons dans une région très montagneuse ou paraît-il , agissait souvent la résistance autrichienne.
Comme nous sommes à l'arrière en attendant de retourné au front, j'ai pris contact avec des soldats autrichiens qui travaillaient au centre et après quelques temps, je suis arrrivé à savoir qu'ils cherchaient à joindre des éléments de la résistance.
Avec deux d'entre-eux, nous avons décidé de nous évader dès que possible. Ils ont fixé, pour eux, le soir du 14 avril. S'il n'y avait pas eu d'alerte après leur départ, je devais les rejoindre le soir du 15.
le 15, rien à signaler, car les soldats du centre bougeaient beaucoup et la surveillance était relachée.
le soir du 15, donc, j'étais de garde seul dans la voiture radio, le conducteur et le sergent-radio étaient e au village. J'ai pris mon fusil, le pistolet du sergent qui était resté dans la voiture, des cartouches et des grenades à mains et me voilà parti vers la forêt en évitant la sentinelle postée sur un pont.
rapidement je m'enfonçais très dense pour atteindre l'envoi convenu avec les autrichiens. Ils étaient là, embusqués avec 4 hommes, en possession d'armes automatiques. Sans un mot nous sommes partis et avons marché toute la nuit, grimpant au plus haut de la montagne.
A l'aube nous avons atteint une ferme isolée servant de relais et nous n'avons plus bougé.
le 18 au matin, nous arrivons au campement principal du mouvement de résistance österreichische Freiheisfront - Kampfgruppe Steiemark ( front autrichien de libération-groupe de combat Styrie ), dirigé par un médecin autrichien et placé sous le haut commandement du Général Tito, opérant en yougoslavie.
le 20 avril, je fus affecté à une section de combat, qui agissait dans la région en faisant sauter des ponts et voies férrées utilisés par l'armée allemande.
le 8 mai, nous avons pris d'assaut la petite ville de Landsberg, au sud de Graz où des SS refusaient de déposer les armes.
le 14 mai notre groupement a été pris en charge par l'armée russe d'occupation et le 25 mai j'ai été démobilisé par les russes à Graz.
j'ai eu la chance de pouvoir me joindre à un convoi de jeunes français déportés du travail qui rentraient en france par Linz, Passau, Ratisbonne, Würzburg, Nuremberg, Francfort, Mayence, Sarrebourg pour arriver sur le centre de rapatriement de St-Avold, près de Metz, le 5 juin.
Après les formalités d'usage, je suis parti le 9 juin vers Colmar où vivait ma famille.
Emile Frantz
La charte mars-avril 2010