Post Numéro: 24 de Tom 09 Juil 2008, 08:28
Les « miliciens inaptes à la Charlemagne et à l’usine », suivant l’expression de Delperrié de Bayac (Histoire de la Milice, Fayard, p. 602), c'est-à-dire 700 à 800 hommes, ont été rassemblés sous le commandement du chef Pincemin près de Sigmaringen au camp d'Heuberg que Darnand appelle « le camp des clochards de la Milice » !
En janvier 1945, celui-ci charge Pincemin de former un bataillon, mais ce dernier « se désintéresse entièrement de la question » et c'est CARUS (jamais de prénom ! pseudonyme ?), ex-enseigne de vaisseau de la Royale, ex-adjoint de De la Noüe du Vair à la tête de l’école d’Uriage, ex-chef du service central des effectifs de la Milice, qui, ayant refusé d'entrer à la Waffen-SS, s'acquitte de la tâche.
Avec les 500 hommes les moins inaptes, dont 200 jeunes de moins de vingt ans selon Pierre Giolitto (Histoire de la Milice, Tempus, p. 493), le chef Carus constitue un petit bataillon à cinq compagnies : trois compagnies de fusiliers-voltigeurs (armés de fusils Mas 36 et de F.-M. 24/29), une compagnie lourde d’appui (mitrailleuses Saint-Etienne modèle 1907 et mortiers de 60 modèle 1935), une compagnie hors rang de commandement/services.
En mars 45, le bataillon passe en Italie, à la suite de Darnand, en vue de lutter contre les partisans italiens. Cantonné à Sesto, dans la banlieue de Milan, il reçoit la mission de « nettoyer » la vallée de la Valtellina près de la frontière suisse. Le 10 avril, on lui ordonne de dégager deux villages encerclés par les partisans : Grossetto et Grosio. Parvenus sans problème à Grossetto, Carus et Darnand, avec deux compagnies de fusiliers-voltigeurs, tombent dans une embuscade en arrivant à Grosio. Faisant preuve d’un sang-froid et d’un courage remarquables sous le feu, Carus réussit une sortie, revient avec un groupe de mortiers, mais tombe dans une nouvelle embuscade. Cependant, il regroupe ses hommes et, malgré de lourdes pertes, les miliciens restent finalement maîtres du terrain.
Fin avril 45, Carus décide de traverser la Suisse afin, d’après Delperrié, de remettre son unité au nouveau gouvernement français ou, à défaut, d’être interné en territoire helvétique, mais il est éconduit par un conseiller fédéral et refoulé. Rassemblant ses hommes à Tirano, Carus garde l’espoir de se rendre aux Alliés. Toutefois, le 28 avril, les miliciens sont attaqués par les partisans italiens. Darnand et Carus organisent la défense. Finalement, après un violent combat très meurtrier, les miliciens se rendent contre la promesse de la vie sauve. Prisonniers de guerre au camp de Coltano près de Pise, ils sont remis ensuite par les Alliés aux autorités françaises. Carus est jugé et, lors de son procès, des partisans italiens viennent témoigner en sa faveur.
Pour l'instant, je n'ai pas trouvé quel avait été le jugement rendu et ce que Carus était devenu, mais il semble avoir été un bon soldat et, si l'on peut dire, un milicien modéré…
En tout cas, pour revenir à la case départ, début juillet 1940, l’enseigne de vaisseau Carus se trouve à Plymouth à bord du torpilleur Mistral dont les Anglais s’emparent de force. Selon Delperrié de Bayac, le jeune officier, contrairement à la plupart des marins, « incline à se rallier à de Gaulle »... Il a ensuite suivi « un tout autre chemin » !