Daniel Laurent a écrit:De tels jugements de valeurs generalistes apparemment valables pour tous flinguent le reste et otent a cette intervention toute valeur historique.
Point barre...
Bon on parle d'histoire ou on se fait procureurs ?
A toutes fins utiles, je précise que mon expression ne valait pas pour
tous les engagés de la L.V.F., mais désignait une partie - non négligeable - de ceux qui avaient revêtu l'uniforme allemand pour des considérations ne mettant pas la priorité sur une idéologie d'extrême-droite.
Je m'inspirais en cela des propos de l'historien français Jean-Paul Brunet (
Jacques Doriot, Balland, 1986, p. 365) :
La plupart, en cette période de chômage et de difficultés économiques, étaient attirés par les soldes : leur moyenne s'établissait mensuellement à 2.300 francs pour un soldat (3.000 francs avec la prime familiale s'il était marié), 5.000 francs pour un sous-officier, 10.000 pour un officier (un lieutenant touchait 7.000 francs, "le" colonel 19.000.
Jean-Paul Brunet ajoutait (
op. cit., p. 366) :
Aventuriers, marginaux étaient nombreux dans les rangs de la L.V.F., mais aussi les repris de justice dont Fernand de Brinon lui-même signale l'importance dans ses Mémoires et dont un rapport de police d'octobre 1944, avec une certaine dose d'exagération, évalue la proportion à 70 % de légionnaires.
L'historien français relatait également que
"l'appât de l'argent suscita d'ailleurs des escroqueries caractérisées : des "volontaires" venaient signer un engagement sous un faux nom, empochaient la prime d'engagement, puis disparaissaient avant de reparaître parfois un peu plus tard sous un autre nom" (
ibid.).
D'où l'emploi, chez moi, des expressions
"aventuriers" et
"escrocs". Ce qui, avec les égarés et les "purs" (en l'occurrence, des extrémistes de droite) aboutit à une belle brochette de pauvres types.
Pour ce qui est de la place occupée par l'antisémitisme dans l'opinion publique française en 1940, toute conclusion reste difficile à formuler, faute de bases d'analyse clairement identifiables. Il n'en demeure pas moins que l'antisémitisme a, de tous temps, varié selon les personnalités, et qu'il me paraît tout à fait hasardeux de mettre sur le même plan, et s'agissant de cette haine, le Français moyen et les légionnaires "anti-bolchévik".
Autrement dit, ces derniers, extrémistes ou mercenaires, aventuriers ou jeunes paumés, n'en étaient pas moins devenus les instruments d'un système et les symboles d'une rhétorique. Si tous n'étaient pas antisémites, ou antisémites forcenés au cours de leur recrutement, tous n'en seraient pas moins soumis à une propagande antisémite sous les drapeaux. Leur guerre n'était pas uniquement militaire.