Bonjour,
J'ai craqué :
Jean Mayol de Lupè
Ne le 21 janvier 1873 à Paris, issu d'une famille aristocratique de Touraine, il est le fils du vicomte Henri de Lupé et de Madame de Caracciolo-Girifalco. Jean Mayol de Lupè est ordonné prêtre le 10 juin 1900 et devient chevalier ecclésiastique d'un ordre autant militaire que religieux : l'Ordre de Saint Georges Constantinien.
Pendant la première guerre, il devient aumônier militaire. Il sera fait prisonnier en septembre 1914 et libéré en 1916. De retour en France, il reprend son service et sert en Champagne, à Verdun et dans la Somme où il est gravement blessé en 1918. Au total il est cité à trois reprises à l'Ordre de l'armée et se voit remettre seize décorations aussi bien françaises qu'étrangères. Aux yeux de tous, c'est un véritable héros.
Toujours aumônier militaire, il servira à l’Armée d’Orient (1921-1924) puis au Maroc (1924-1926). Il est démobilisé en 1927, pour raisons médicales, avec le grade de capitaine et de nombreuses décorations dont la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur obtenue en Syrie.
Rendu donc au civil, il devient chapelain prive d’une famille princière italienne, ce qui lui faut le titre de «Monsignore» de la Curie Romaine.
C’est à cette époque que, au cours d’un voyage en Allemagne, il fait la connaissance d’Otto Abetz (Futur Ambassadeur du Reich en France occupée) et de Westrick (Futur conseiller a l’Ambassade en question).
En 1938, Mayol de Lupé, considéré comme étant un "élément sur" est contacté par le service de renseignement militaire français afin de mener une mission en Italie : Monseigneur de Lupé doit évaluer l'attitude de Mussolini en cas de guerre franco-allemande. Le rapport détaillé fourni par l'ecclésiastique au 2ème Bureau est formel ! En cas de conflit, le Duce rejoindra son allié allemand et se retournera contre la France.
Lorsqu'en septembre 1939, la seconde guerre mondiale éclate, de Lupé alors âgé de 66 ans se porte volontaire pour partir au feu. Au vu de son dossier médical, la commission d'inspection rejette sa demande. Mayol de Lupé reste à Paris où il se met à la disposition de la défense passive en tant que brancardier. De Lupé quitte Paris lorsque la capitale est déclarée ville ouverte.
De retour à Paris en septembre 1940, il tente d’intervenir auprès de Westrick, maintenant en place à Paris, en faveur de Français arrêtés par les Allemands. La, il se laisse convaincre de rejoindre la LVF dont il devient aumônier général et un ardent propagandiste.
En avril 1942, il écrit une longue lettre au Führer, insistant sur le fait que de nombreuses promesses allemandes ne sont pas tenues ; par exemple, chaque engagé volontaire de la L.V.F devait automatiquement déclencher la libération d'un prisonnier de guerre retenu sur le territoire du Grand Reich... il n'en est rien.
Sur le front de l’Est, à près de 70 ans, il maniera le sabre avec la même ardeur que le goupillon, sera blessé deux fois et reçoit en janvier 1943la EK II (Croix de fer de deuxième classe) et fait pour l'occasion la couverture du magazine de propagande "Signal".
Le 22 juin 1944, le front allemand est terriblement affaibli par l'assaut de 196 divisions soviétiques. Tandis que la Wehrmacht retraite partout, un bataillon de LVF, formé en Kampfgruppe, est envoyé pour couper la route Moscou-Minsk devant Borrisov, près de la Beresina. Commande par le commandant Bridoux, fils du ministre de la guerre de Vichy, le Kampfgruppe se compose de 400 hommes, tous les vétérans. Mgr Mayol de Lupè, a 71 ans, est avec eux ! Ils tiendront 36 heures avant de retraiter.
Durant l’été 1944, lorsque la LVF est intégrée dans la brigade et future division Waffen-SS Charlemagne en constitution, il participe à dissiper les doutes de ceux des anciens LVF et Miliciens qui rechignaient à porter les runes SS.
Lors de la cérémonie de prestation de serment à Wildflecken en octobre 44, il célèbre la messe et dédie son homélie à «Notre très saint père le Pape et notre Führer Adolf Hitler»…
En mai 1945, il trouve refuge dans un monastère bavarois. Mais, dénoncé, il est arrêté, emprisonné à Fresnes, où il côtoie quelques-uns uns de ses anciens camarades de la L.V.F ou de la Charlemagne. C'est un homme brisé et malade qui se présente devant le tribunal. Il est accusé entre autres de collaboration notoire et de port de décorations ennemies. Le verdict tombe en 1947 : 15 années de réclusion, confiscation de tous ses biens et dégradation nationale. En mai 1951, Jean Mayol de Lupé bénéficie d'une mesure de grâce et est remis en liberté conditionnelle.
Il décède en juin 1956 dans un couvent a Versailles. Sa dépouille fut inhumée au village de Lupé.
Karl Epting, qui était avec lui à la prison du Cherche-Midi, écrira à son sujet «Un des derniers chevaliers de notre vieille famille européenne ».
De mon coté, il me fait penser à ces prêtres espagnols qui accompagnaient les conquistadores en Amérique du Sud et convertissaient tous les Indiens qui se laissaient faire, envoyant, pour leur bien, les récalcitrants au Paradis…
Sources :
Dominique Venner, histoire de la collaboration, Pygmalion, 2000
Yannis Kadari,
http://www.1939-45.org/bios/mayol.htm
Des photos assez rares :
http://www.ina.fr/voir_revoir/guerre/in ... /M.fr.html (Chercher «Mayol»)
Une occasion a saisir :
http://www.histoire-memoires.com/mayol- ... er-lvf.htm