Et le plus dingue, c'est que certains négationnistes croient
vraiment aux soucoupes volantes de l'Antartique - voir le cas du néo-nazi germano-canadien
Ernst Zündel...
Pour revenir aux relations germano-indiennes, voici un extrait du procès-verbal de la conférence militaire tenue au G.Q.G. de Hitler le 23 mars 1945 (cité dans
Hitler parle à ses généraux. Comptes-rendus sténographiques des rapports journaliers du Q.G. du Führer 1942-1945, Albin Michel, 1964, p. 341) :
Hitler. - Il faut maintenant voir ce que nous avons encore comme formations étrangères. [...]
Borgmann. - La légion hindoue !
Hitler. - La légion hindoue est une fumisterie. Il y a des Hindous qui ne tueraient pas un pou, ils se laisseraient plutôt dévorer. Ceux là n'iront pas non plus à plus forte raison tuer des Anglais. Aller les mettre justement face à des Anglais, je tiens ça pour une mauvaise plaisanterie. Pourquoi les Hindous se battraient-ils chez nous plus courageusement que les Hindous se sont battus en Inde même sous le commandement de Chandra Bose ? Ils ont engagé des unités en Birmanie, sous le commandement de Chandra Bose, en vue de libérer l'Inde des Anglais. Elles se sont volatilisées. Pourquoi seraient-ils plus courageux chez nous ? Je crois que si l'on employait des Hindous pour tourner des moulins à prière ou quelque autre besogne de ce genre, ce seraient les soldats les plus infatigables du monde. Mais les engager dans une véritable et sanglante bataille, c'est ridicule. Quel est l'effectif de ces Hindous ? Et puis, d'ailleurs, ça ne rime à rien. Quand on a une surabondance d'armes, on peut se permettre ces plaisanteries pour raisons de propagande. Mais quand on n'a pas une surabondance d'armes, ces plaisanteries de propagande ne sont pas admissibles.
Il est vrai que la Légion indienne ne combattit pratiquement jamais. Comprenant 2.000 hommes recrutés dans les camps de prisonniers, elle stationnait dans le secteur de Lacanau au moment du Débarquement. Elle s'intégra à la retraite allemande, fut entièrement réorganisée et rééquipée. Une de ses compagnies fut envoyée combattre les partisans en Italie. L'essentiel demeura au repos en Allemagne lors de l'invasion soviétique, et s'efforça de passer en Suisse à l'issue de la capitulation allemande, sans succès.
La collaboration germano-indienne, dans l'ensemble, ne fut que pure fiction. L'extrémiste indépendantiste Chandra Bose, qui fuit l'Inde pour se rendre en Allemagne en 1941, voulait obtenir l'appui des Allemands pour constituer un gouvernement de l'Inde libre et organiser une insurrection populaire. Mais Hitler refusa d'en entendre parler. Il admirait l'Empire britannique, et notamment ses réalisations aux Indes qu'il voulait transposer aux territoires soviétiques occupés. Gardant le souci de négocier avec Londres, avec ou sans Churchill, il ne pouvait se permettre d'aller trop loin dans la déstabilisation de la Grande-Bretagne. Bose dut quitter l'Allemagne en 1943.
Le Japon, en revanche, n'hésitait pas à vouloir affaiblir l'Empire britannique. Au grand dam de Bose - et des Allemands - il mit sur pied sa propre Ligue de l'indépendance indienne, en vue de troubler la quiétude indienne, déjà tourmentée par les indépendantistes de Gandhi et Nehru.
Bref, parce que les puissances de l'Axe nourrissaient des ambitions différentes à l'égard de l'Angleterre, elles ne purent élaborer une politique ni même une stratégie commune dans l'Océan indien (malgré les efforts du
GrossAdmiral Raeder d'un côté, et du stratège de la Marine impériale nippone Kameto Kuroshima de l'autre).
Voir à ce propos Charles Bloch,
Le IIIe Reich et le monde, Imprimerie nationale, 1986, p. 452-455.