Francis Gourvil, spécialiste de littérature celtique a été incontestablement un Résistant, membre du réseau Johnny (évasion de pilotes alliés), arrêté à Quimper en 1942 par la Gestapo, interné à Angers il est finalement libéré au bout de 6 mois.
(interné résistant Cote(s)Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 265851
Service historique de la Défense, Caen SHD/ AC 21 P 618122)
A la Libération il devient membre du CDL à Morlaix dans le Finistère.
Sa biographie dans le Maitron,
https://maitron.fr/spip.php?article87210le présente comme issu du peuple et appartenant à la Gauche sociale et catholique. Le Maitron signale son parcours dans le mouvement breton même si quelques coups de gomme opportuns sont passés par là.
"Animateur de la Fédération des étudiants bretons, c'est lui qui organise, le 23 février 1913 à Rennes, la première manifestation des étudiants contre l'inauguration du groupe statuaire évoquant l'union de la Bretagne à la France, qu'ils appellent le monument de la honte."
https://dictionnaire.sensagent.leparisi ... rvil/fr-frLe même monument que Celestin Lainé et le groupe Gwenn-ha-du feront exploser 10 ans plus tard.
"Très jeune, séduit par le thème du fédéralisme, il était devenu militant de l’Union régionaliste bretonne, puis du Parti nationaliste breton, fondé en 1911, transformé en Parti autonomiste breton (1927) et enfin en Parti national breton (PNB). Il se sépara de cette formation en 1938, en raison de son évolution vers le fascisme." Il est écrit qu'il quitte le PNB en 1938, pour ne pas dire 1939 au moment de l'interdiction du PNB. Gourvil aura vraiment trouvé le PNB d'Olier Mordrel acceptable jusqu'au dernier moment.
Sa bio oublie aussi de mentionner qu'il a publié dans la très élitiste revue Stur du très "extrêmiste" Olier Mordrel.
Gourvil a publié uniquement des livres sur la littérature et d'onomastique (Etudes des noms propres, noms de famille, noms de lieu) pourtant ses écrits laissent entrevoir un homme au caractère difficile. Les articles qu'il donne à Stur en 1934, 1935 et 1936 sont consacrés à l'onomastique. Rien de polémique à priori. Sauf qu'il ne peut pas écrire 10 lignes sans s'en prendre violement à François Jaffrennou, le barde Taldir chef du Gorsedd (l'assemblée druidique), qui a aussi publié un livre d'onomastique, "La clé des noms".
Querelle scientifique? Peut-être pas.
Taldir est un de ceux qui ont lui mis le pied à l'étrier, en préfaçant un des premiers livres de Gourvil. Mais surtout la frange ultra nationaliste (Breizh Atao) attaque violemment Taldir pour son positionnement politique. Régionaliste, Taldir veut une reconnaissance de la Bretagne sans exiger ni indépendance , ni autonomie. Il rêve d'une Bretagne limitée à la zone britophone (La Basse Bretagne). Positionnement qui a de quoi énerver plus d'un Nationaliste.
A la déclaration de guerre, Taldir suspend la publication de sa revue en écrivant:
"La guerre a éclaté. La plupart de nos lecteurs sont sous les armes. Nous avons donc décidé de ne pas paraître pendant les hostilités.
Nous ne dirons qu'une chose: Forts de leurs droits, Français, Anglais et Polonais appuyés par l'opinion de tous les peuples libres, feront en sorte cette fois que la Germanie soit mise définitivement hors d'état de nuire.
Chans vat d'an holl chans vad ha distro yac'h. (bonne chance à tous et revenez en bonne santé)"
Très ironiquement, ce sera François Jaffrennou qui sera condamné à la Libération pour Collaboration.
Après guerre persuadé d'avoir été dénoncé aux Allemands par les Nationalistes, Gourvil qualifiera de suspecte la Libération de René Yves Creston, membre du réseau des Droits de l'Homme, après le raid anglais sur Saint Nazaire en 1941. (Creston n'a trahi personne, c'est Olier Mordrel qui est intervenu). Jusqu'à sa mort il soulèvera dans le milieu breton des polémiques littéraires qui feront oublier certains de ses engagements passés. Ss polémiques ont été récemment relancées.